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Qu’est-ce que l’art ?

La question est classique, semble attendre une réponse claire et précise facile a élaboré.

L’introduction "qu’est ce que" est la tournure utilisée dans l’interrogative directe, elle introduit une question posée directement, la phrase se termine alors par un point d’interrogation.

Qu’attendons-nous lorsque nous posons cette question, une définition, un sens, un objet, une fonction, un usage. Question simple, pourtant parce que mous la posons, nous savons déjà que les réponses que nous avons ne sont pas satisfaisantes, ou incomplètes.

Est-ce que donner une définition de l’art, un sens, une fonction peut satisfaire notre curiosité ?

Quel chemin prendre pour répondre, quelle voie choisir que faire après, que faire après le moyen choisi ? Cette suite d’interrogation a un nom ; μέθοδος. Mot grec formé de μετά, μέt « après, qui suit » et de οδός « chemin, voie, moyenne ».

Quelle méthode utiliser pour essayer de répondre à cette question, qu’est-ce que l’art ? 

 

Nous pouvons nous demander où, quand et comment, le mot art apparaît. Il apparaît dans des locutions telles que beaux arts, septième art, arts et lettres, art décoratif, art moderne, art contemporain, homme de l’art, arts et métier, journal des arts, art et culture, la suite des locutions dans lesquels se trouvent le vocable art et presque infini ; art est souvent accompagner d’un qualificatif. Ce qui peut nous permettre d’accéder ç une première compréhension de ce qu’est l’art.

Les dictionnaires peuvent nous donner une définition du mot. Ainsi dans la dernière édition du dictionnaire de l’Académie française nous pouvons lire ; 

 

ART n. m. XIe siècle, arz. Emprunté du latin ars, artis ( féminin ), « habileté, activité ».

1. Technique, méthode, ensemble de procédés ou de règles propres à chaque genre de l’activité humaine et qui vient s’ajouter aux dons naturels. L’art de guérir. L’art de la navigation. L’art d’écrire. Un discours selon les règles de l’art. Exceller dans un art, dans son art. L’art militaire. L’art vétérinaire. L’art divinatoire. L’art oratoire. L’art culinaire. Les arts martiaux. Un homme de l’art, un spécialiste qualifié dans sa profession. Bien qu’il se sentît malade, il se refusait à consulter un homme de l’art, un médecin. Pour restaurer cette bastide, vous devrez recourir à un homme de l’art, à un architecte. Un ouvrage d’art, pont, tunnel, viaduc, etc., construit pour le passage d’une route, d’une voie ferrée. Par anal. En parlant des animaux. L’art avec lequel les castors élèvent des digues. Spécialt. Le grand art ou art sacré, doctrine des philosophes hermétiques ou des alchimistes qui cherchaient la pierre philosophale. En parlant d’activités industrielles. Les arts mécaniques, industriels. Le Conservatoire national des arts et métiers. Les arts ménagers, industries créant des appareils destinés à faciliter les tâches domestiques.

Par Expr. C’est l’enfance de l’art, c’est très facile.

Par ext. L’art de se faire aimer, de persuader. L’art de séduire, de tromper. Pron. Il a l’art de se faire détester. Anciennt. Par opposition aux activités manuelles ou mécaniques. Les sept arts libéraux, matières étudiées par les hommes de condition libres. Les arts libéraux étaient constitués par le trivium : grammaire, dialectique, rhétorique, suivi du quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie et musique. Faculté des arts, établissement où les humanités et la philosophie étaient enseignées par des maîtres ès arts.

2. Ouvrage renfermant les préceptes d’un art. « L’Art poétique » d’Horace, de Boileau. « L’Art de la fugue » de Bach. Par anal. Recueil de préceptes moraux ou de conseils pratiques. « L’Art d’aimer » d’Ovide. « L’Art de se faire des amis ».

3. ( Parfois avec une majuscule. ) Activité désintéressée qui a son but et sa fin en elle-même, selon un idéal esthétique. Vivre pour l’art. Consacrer sa vie à l’art. L’Art pour l’Art, attitude de créateurs œuvrant sans préoccupation morale ou utilitaire, et n’assignant à l’art d’autre fin que lui-même. Œuvre d’art, création régie par l’idéal esthétique que s’est proposé l’auteur. Spécialt. Les beaux-arts ou les arts majeurs ou, simplement, les arts, l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, appelées aussi arts plastiques, auxquelles on ajoute parfois la musique et la danse ( voir Beaux-arts ). Les arts d’agrément, ces mêmes arts pratiqués pour le plaisir. Le septième art, le cinéma. Les arts mineurs, tels que la poterie, la reliure, la vannerie, etc. Les arts du feu, la céramique, la verrerie, etc. Les arts appliqués ou arts décoratifs, l’ensemble des arts associés à l’architecture dans certaines constructions. Les arts graphiques, le dessin, la gravure, l’imprimerie, la photographie. Les métiers d’art, les métiers appliqués à la création d’objets d’art. Protéger, encourager les arts. Un institut d’art et d’archéologie. Un historien de l’art. Un critique d’art. Une galerie d’art. Une ville d’art, une ville remarquable par ses monuments et ses musées.

4. Ensemble des œuvres d’une même époque, d’un même pays, possédant des caractéristiques communes ou répondant à des tendances déterminées souvent appelées style. L’art rupestre. L’art égyptien, grec, chinois, précolombien. L’art roman, gothique. L’art de la Renaissance. L’art classique, baroque. Étudier l’art du XVIIIe siècle. Un art à son apogée, en plein épanouissement. L’art naïf, figuratif, abstrait. L’art impressionniste, symboliste, cubiste, surréaliste, expressionniste ( on dit aussi l’impressionnisme, le symbolisme, le cubisme, le surréalisme, l’expressionnisme ). L’art sacré, l’art profane. L’art populaire. Un art académique, archaïsant, décadent.

Dès la troisième ligne, nous constatons que les académiciens nous offrent une nouvelle liste de vocables ou le mot art apparaît. Nous apprenons aussi que l’art est une activité humaine.

 

Le wiktionnaire nous propose ; 

 

art/aʁ/masculin, Nom commun

1. Méthode pour faire un ouvrage, pour exécuter ou opérer quelque chose selon certaines règles.
    On attribue aux Arabes la découverte de l’art d’extraire l’alcool du vin et des autres boissons fermentées. — ( Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, Charleville : E. Jolly, 1869, p.141 )

▪    Les ressources, les secours de l’art.
▪    Une belle œuvre d’art.
▪    C’est un chef-d’œuvre de l’art.

▪    Cela est fait sans art.
▪    Un discours où l’on a employé tout l’art de l’éloquence.
▪    Un poème fait avec art.
▪    L’art de la poésie, de l’histoire, de la peinture, du peintre.
▪    L’art de parler, d’écrire, des vers.
▪    Inventer un art.
▪    L’art de la politique, de la navigation.
▪    L’art militaire, de la guerre, de la médecine, de guérir, du serrurier, du potier, du tourneur, etc.
▪    Il est habile, il est expert en son art, dans son art.
▪    Consulter un homme de l’art, les gens de l’art.
▪    Exceller dans son art, dans un art.
▪    Les maîtres de l’art : ceux qui sont regardés comme les plus habiles, les mieux instruits dans la matière dont il s’agit.

2. ( Au pluriel ) Sans épithète, arts tant libéraux que mécaniques.

▪    Les six arts classiques, selon Hegel, sont l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la danse, et la poésie.
▪    L’invention des arts.
▪    Le septième art : Le cinéma.
▪    Le huitième art : La radio, puis la télévision, mais aussi l’art dramatique ou la photographie, selon les auteurs.
▪    Le neuvième art : La bande dessinée.
▪    Les arts étaient encore grossiers, étaient encore dans l’enfance.

▪    Le perfectionnement des ‘arts.
▪    Un peuple qui cultive les arts.
▪    Les arts utiles à l’homme.
▪    Cette matière s’emploie souvent dans les arts.
▪    L’école centrale des Arts et manufactures.
▪    Dictionnaire des arts et métiers.
▪    Les lettres, les sciences et les arts. On y joint quelquefois l’éloquence et la poésie ; et c’est dans cette acception plus étendue qu’on dit aimer les arts, les beaux-arts.
▪    Faire fleurir les arts.

▪    Un amateur des arts.
▪    Encourager, protéger les arts.

3. Ensemble des œuvres exécutées à une même époque et ayant entre elles des caractères communs.

▪    Une longue période d’admiration pour l’art médiéval et de mépris pour les temps voltairiens sembla menacer de ruine l’idéologie nouvelle ; […]. — (Georges Sorel, Réflexions sur la violence Chap.III, les préjugés contre la violence, 1908 )
▪    L’art ancien, moderne, grec, byzantin, gothique, de la Renaissance…
▪    Une histoire de l’art en France au XVIII
e siècle.
▪    Une exposition d’art flamand.

4. ( Par extension ) Talent, habileté.

▪    Depuis l’Argonne de 1914 […] je n’ai pas l’oreille si mal bâtie que d’avoir, en vingt et un an, oublié l’art d’apprécier au son la trajectoire d’un obus et le point de chute probable. — ( Marc Bloch, L’étrange défaite : La déposition d’un vaincu, 1940, FolioHistoire Gallimard, 1990, p.86 )
▪    L’art merveilleux avec lequel les abeilles construisent leurs cellules.
▪    Agir avec art.
▪    Je voudrais avoir l’art de vous persuader.
▪    Vous avez l’art de plaire.

5. Titre de certains ouvrages qui renferment des préceptes sur un art quelconque.
▪    " L’art poétique " d’Horace, de Boileau.
▪    " L’art d’aimer " d’Ovide.
▪    " L’art du Forgeron " par untel.

▪    Il a publié un " art du Dessin ".

6. Reproduction par la main de l’homme ou la représentation de ce qui est dans la nature ; par opposition à naturel.
▪    Les productions de la nature et les ouvrages de l’art.
▪    Cette substance n’existe point dans la nature, elle est un produit de l’art.
▪    Il n’y a point d’art dans tout ce qu’il dit, c’est la nature qui parle.

7. Artifice.

▪    L’art perce dans tout ce qu’il dit.

8. ( Au pluriel ) ( v ) Se disait dans les universités, des humanités et de la philosophie.

▪    Maître ès arts : celui qui avait pris, dans cette partie de l’instruction publique, le degré donnant le pouvoir d’enseigner.
▪    Faculté des arts : celle qui comprenait les régents de l’université chargés d’enseigner les humanités et la philosophie, et tous les maîtres ès arts immatriculés.
▪    Le recteur de l’Université était choisi dans la Faculté des arts.

Dérivés ; art-thérapie, artéfact, arts et lettres, artifice, artificiel, artisan, artisanal, artisanat, artiste, artistique, art martial, artothèque, art pariétal, art rupestre, Beaux-Arts, beaux-arts, état de l’art, œuvre d’art, règles de l’art

 

Expressions ; arts d’agrément : le dessin, la musique, la danse, etc., considérés comme de simples amusements, enseignés et appris comme moyens d’être agréable. A, grand art : noms donnés aux doctrines hermétiques ou alchimistes qui cherchaient la pierre philosophale. A : ceux qui sont appliqués à l’industrie. arts libéraux : la grammaire,Ala rhétorique, la dialectique, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique. Les trois premiers formaient le trivium et les autres, le quadrivium. arts mécaniques : ceux qui A surtout le travail de la main ou l’emploi des machines.

 

Traductions    •    

Albanais : art  

Allemand : Kunst (de)

Anglais : art (en)

Azéri : sənət (az)

Catalan : art (ca)

Chinois : 艺术 (zh)

Coréen : 예술 (ko)

Espagnol : arte (es)

Finnois : taide (fi)

Galicien : arte (gl)  (f )

Géorgien : ხელოვნება (ka)  (xelovneba)

Grec : τέχνη (el)  (téchni) féminin

Griko : tènni (*) féminin

Japonais : 芸術 (ja)

Kurde : huner (ku)

Occitan : art (oc)

Persan : هنر (fa)

Polonais : sztuka (pl)

Roumain : artă (ro)

Russe : искусство (ru)  (iskússtvo)

Same du Nord : dáidda (*)

Tadjik : санъат (tg)

Tchèque : umění (cs)

Turc : sanat (tr)

 

Anagrammes, rat

Homophones ; Aar, are, arrhe, ars, hare, hart

 

Que nous apprend le wikitionnaire ? De nouvelles définitions du mot certes, mais rien de vraiment nouveau. En revanche apparaissent de nouvelles rubriques, rubriques que l’on peut apparenter à de nouvelles catégories de réflexion. Les dérivés du mot, c’est-à dire les mots ou l’on trouve les trois lettres art inscrite dans un vocable. Les expressions autour du mot art. Les traductions du mot, ce qui permet de voir que d’autres langues peuvent traduire une idée, et dans le même temps ce que cette traduction apporte de nouveau. A l’inverse certains texte nous montre que art peut traduire une idée qui ne serait pas évidente pour notre langue.

Ainsi le wikitionnaire nous offre d’autres méthodes de réflexion pour répondre à la question qu’est ce que l’art, au delà de la simple définition.

 

Prenons pour méthode l’association d’une définition, de série d’expression, puis d’une étymologie.
Du latin ars.(habileté, métier, connaissance, technique).

Méthode pour faire un ouvrage, pour exécuter ou opérer quelque chose selon certaines règles.

(Au pluriel) Sans épithète, arts tant libéraux que mécaniques.
▪    Les six arts classiques, selon Hegel, sont l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la danse, et la poésie.
▪    Le septième art : Le cinéma.
▪    Le huitième art : La radio, puis la télévision, mais aussi l’art dramatique ou la photographie, selon les auteurs.
▪    Le neuvième art : La bande dessinée.

Ensemble des œuvres exécutées à une même époque et ayant entre elles des caractères communs.

(Par  extension) Ta lent, habileté.

Reproduction par la main de l’homme ou la représentation de ce qui est dans la nature ; par opposition à naturel.

Artifice.

(Au pluriel) (Vieilli) Se  disait dans les universités, des humanités et de la philosophie.

 

Latin : Ars signifie proprement « composition, assemblage ». C’est en ce sens qu’on a iners (« maladroit ») et  sollers (« adroit »). D e là, le sens de « habileté » puis « art ». Le mot est de la même famille que artus et remonte à un radical *ar- (« combiner »).

Voyez reor pour des explications détaillées sur cette famille de mots. Reor ;Ce verbe signifie, au départ, « nouer fixer, assembler » et il a pris le sens abstrait de « fixer dans sa pensée ». Comparez avec l’évolution sémantique du français réaliser de « rendre réel » à « penser ».

De l’indo-européen commun *re  (« nouer, fixer »). E n raison de la métathèse du radical re/ra <=> ar/er que l’on note également en grec ancien, on rattache à ce verbe, en parallèle à ratus (« fixé, ratifié, pensé ») artus (noué  d’où le sens latin de « étroit », nœud d’où le sens latin de « articulation, jointure »), s on adverbe arte (« étroitement »), l e substantif ars, artis (« art », sens étymologique : « assemblage »). Nous avons aussi armus (« épaule » → voir arm en anglais, rameno en tchèque), armentum (« rassemblement » d’où « troupeau »).

Pour le grec ancien, nous avons ἄρθρον (« articulation »), ἀ όριστος, (« aoriste », étymologiquement : « non fixé », pendant grammatical du latin imperfectum).

Grec : τέχνη féminin. De l’indo-européen commun *tek̂Þ- (« travailler le bois, le tissu ») qui donne aussi τέκτων, « charpentier »,  τέκμαρ,« borne, but »; en latin texo « tisser », tignum « poutre »,  en tchèque tesat (« tailler le bois »),  tesař (« charpentier »).

 τέχνη, tékhn /ˈtekʰ.nɛː/ féminin

 

La difficulté à définir l’art aujourd’hui tient à ce que le statut de l’art est devenu problématique.

Ainsi autre méthode, la voie négative.Qu’est-ce qui est de l’art ? je ne peux répondre, alors je pose, qu’est-ce qui n’en est pas ?

Questions qui selon certains ne seraient plus à poser : est art ce qui est désigné par le mot, peu importe de quoi il s’agit. Des excréments en boîte sont de l’art puisque des musées les achètent et que le titre même de l’« œuvre » : » Merde de l’artiste » fait référence à l’art. ( Piero Manzoni )

On peut en effet se complaire dans cette confusion, dans cet « art à l’état gazeux » ( Yves Michaud ).

Mais on peut aussi, et c’est cette voie que nous suivrons, penser que tout n’est pas de l’art et qu’il convient de faire, là encore, le tri. Comme toute forme culturelle n’est pas forcément civilisée, toute prétendue œuvre d’art n’est pas forcément de l’art.
Pour que l’art soit totalement accessible à la marchandisation et à la spéculation, il fallait que les critères permettant de distinguer s’évanouissent, deviennent « vaporeux ».
L’art est l’activité humaine visant à exprimer les préoccupations, les croyances, les questions sous une forme telle qu’elle traduise les émotions et les sentiments que les hommes éprouvent en y pensant.
L’art n’a donc pas n’importe quel contenu, il prend pour objet ce qui émeut l’homme, ce qui le concerne intimement, ce qui renvoie aussi bien à des thèmes éternels qu’à des préoccupations précises, liées à un contexte particulier.
On comprend alors pourquoi l’art est le meilleur moyen dont on puisse disposer pour pénétrer dans l’esprit d’une culture. Et qu’il soit aussi le meilleur moyen pour se comprendre soi-même.
Mais comment l’art parvient-il à nous toucher? Quelle est la forme d’expression? Que serait le propre de l’art?
Toute expression n’est pas artistique. Il peut y avoir une expression très « technique », très ordinaire, très « documentaire », ce n’est pas une expression artistique.

Prenons comme référence le langage commun. Il repose sur un principe : la relation entre le signifié et le signifiant est conventionnelle, elle n’est pas inscrite dans le signifiant lui-même. Rien ne prédisposait les phonèmes composant le mot « arbre » à désigner le concept d’arbre. La preuve en est que le même concept ( signifié ) peut être exprimé par des sons différents : Tree, Baum…

C’est ainsi que le linguiste Ferdinand de Saussure analyse le signe linguistique. « Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. »
On peut faire l’hypothèse que l’art cherche au contraire une relation qui ne soit pas purement conventionnelle entre le contenu de l’œuvre, c’est-à-dire l’intention de l’artiste, et sa forme matérielle. Une relation non arbitraire entre les deux aspects serait une relation d’adéquation. Cette adéquation fait la réussite de l’œuvre, c’est-à-dire, en un de sens du mot, sa beauté.
Prenons un exemple dans la poésie. La poésie a recours aux mots, et pourtant elle va parvenir à susciter chez celui qui la lit ou l’écoute une émotion que le langage ordinaire ne suffirait à déclencher. Ainsi si je veux dire à quelqu’un que je me sens triste parce que c’est l’automne et qu’il y a du vent, je ne parviendrai pas à susciter chez mon auditeur le sentiment que j’éprouve, pas plus d’ailleurs que je n’aurais l’impression d’y être parvenu pour moi-même. Certes, s’il me connaît bien ou s’il est particulièrement capable d’empathie, il se sentira un peu ému en comprenant que je suis triste, mais il n’éprouvera pas ce que cette tristesse a de particulier. Par contre, le poème que Verlaine consacre au même thème y parvient très bien :

Chanson d’automne

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la feuille Morte.

Paul Verlaine ( 1844-1896 )

Qu’est-ce que l’art ?
Qu’est-ce que l’art ?

Que s’est-il passé, sinon que la manière de dire parvient à ressembler à ce qui est dit ?lLes sonorités des mots, le rythme, la force des images, tout cela incite l’âme à se laisser emporter vers le même état.
Comment alors faire œuvre artistique si on refuse l’art lui-même ?

Ici la méthode consiste à partir de ce que l’on pense être une œuvre d’art puis à partir de cette construction montrer comment l’on passe de l’œuvre d’art à ce qu’est l’art.

Un artiste a associé deux méthodes, penser l’art à partir « d’un ouvrage d’art » puis donner une définition à ce qui est ou n’est pas de l’art.

Si on considère un des représentants les plus célèbres du mouvement « Dada », Marcel Duchamp, on trouvera dans son parcours ces deux aspects de la révolte dirigée contre l’art lui-même.
Ainsi le premier « ready-made » qui s’intitule « roue de bicyclette » ( 1915 ) et qui consiste en une roue de bicyclette pouvant tourner fixée sur un tabouret.

Cette œuvre révèle que la beauté est partout, y compris dans des objets qui n’ont rien de particulier et que la simple manière de les mettre en perspective suffit à susciter ce que Kant mettait au centre de l’expérience esthétique : la beauté pure. D’ailleurs, il est frappant que Duchamp, parlant de son œuvre, se réfère au « feu de cheminée » :
« La Roue d Bicyclette est mon premier ready-made, à tel point que ça ne s’appelait même pas un ready-made. Voir cette roue tourner était très apaisant, très réconfortant, c’était une ouverture sur autre chose que la vie quotidienne. J’aimais l’idée d’avoir une roue de bicyclette dans mon atelier. J’aimais la regarder comme j’aime regarder le mouvement d’un feu de cheminée. »
Un autre « ready-made » illustre bien ce mélange et cette ambiguïté entre l’appel à une beauté « dérangeante » et la dénonciation d’un conformisme vaniteux. Il s’agit de l’œuvre connue sous le nom de « Fontaine » ( 1917 ).
Il est instructif de reconstituer sa genèse. En 1916 est fondée à New York la « Society of independent Artists » dont Marcel Duchamp devient membre. Le principe en est que n’importe qui peut en faire partie, moyennant une inscription sur simple formulaire, et que des expositions seront organisées afin que tout membre puisse y exposer sans qu’un jury puisse y exercer un quelconque contrôle. La première exposition doit avoir lieu à New York à partir du 9 avril 1947. Marcel Duchamp envoie une œuvre sous le nom de Richard Mutt. Il s’agit d’un urinoir acheté dans un magasin. Le comité directeur de la « Society of independent Artists » refuse l’œuvre au motif qu’il ne s’agit pas d’une œuvre d’art. Selon certains, l’envoi aurait été accompagné du titre « Bouddha de la salle de bain » et on pourrait imaginer les formes des sculptures de Bouddha assis, mais c’est le titre « Fontaine » qui a été finalement retenu. L’intention de Duchamp semble double :
•    Poursuivre l’idée selon laquelle « la beauté est partout » et qu’on peut la trouver dans un objet apparemment quelconque, pour peu que l’on décontextualise celui-ci en lui ôtant sa valeur d’usage.
•    Ridiculiser le concept même d’œuvre d’art en prenant au mot les prétentions de ceux qui se veulent les plus ouverts en ce domaine : iront-ils jusqu’au bout ?

 

Une autre voie consiste à lire les auteurs anciens, grec, latin par exemple.

Platon dans l'Ion et l'Hippias majeur ou Aristote dans la Poétique s'interrogent sur l'art en tant que beau. Toutefois, l'esthétique antique diffère parfois notablement des esthétiques postérieures et le mot grec τέχνη (technè), qui est l'équivalent le plus proche du français art, désigne dans la Grèce antique l'ensemble des activités soumises à certaines règles. Il englobe donc à la fois des savoirs, des arts et des métiers. Les muses grecques ne sont pas toutes associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la poésie, par exemple, n'est pas une « technè ».
La civilisation romaine ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art de celui des savoirs et des métiers bien que Cicéron et Quintilien y aient contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez Galien, le terme d'« art » désigne un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat :

« Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium, consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium. »
« L'art est le système des enseignements universels, vrais, utiles, partagés par tous, tendant vers une seule et même fin. »

Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'art s'oppose à la fois à la science conçue comme pure connaissance, indépendante des applications, et à la nature qui produit sans réfléchir. À l'idée de règle de production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette activité. Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète qui le précise pour former des expressions telles que « arts libéraux », « arts mécaniques », « art militaire ». Et s'il arrive parfois que les arts libéraux soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ars », on est encore bien loin du sens contemporain ; l'astronomie était un « art libéral » tandis que le spectacle de « theatrica » restait un « art mécanique ».
Jusqu'à la Renaissance, il n'y a pas de différence précise entre l'artiste et l'artisan : on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des corporations pour faire allégeance aux académies et à la commande nobiliaire. C'est alors que le sens maintenant familier du mot « art » commence à se dégager : Non seulement de nombreuses techniques s'en séparent, mais de plus, après la découverte des règles de la perspective, l'aspect visuel y prendra une importance croissante.
C'est du siècle des Lumières que date la notion d'art aujourd'hui communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une conception basée sur l'idée de beauté finit par s'établir. Avec Emmanuel Kant, l'esthétique acquiert son sens propre d'une théorie l'art dont le mouvement romantique donnera les exemples paradigmatiques. L'importance de l'observation de règles passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste, qui vise nos sens et nos émotions, devient primordiale.
Mais le xx
e siècle, par ses pratiques et ses idéologies, remet en question tout ce qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et donc le rêve d'une définition universelle. Il souligne également le caractère parfois ambigu du rapport entre « beauté » et « art », par exemple lorsque l'œuvre d'art représente la nature de manière effrayante, voire repoussante.
C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque d'anachronisme dans la mesure où, selon ce discours, l'art impliquerait une intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux. L'Art préhistorique par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme des peintures ou des sculptures, mais aucun texte ne précise si ces éléments étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres usages. Dans certaines cultures (par exemple indienne ou chinoise), de tels textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les concepts utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou « beau », sont identifiables à ceux utilisés en Occident. L'introduction d'une hypothèse d'art inconscient ou involontaire pourrait permettre de contourner ce type de difficultés.
On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs de l'art, en notant ce qu'à la suite de Wittgenstein on appelle des « ressemblances familiales » : l'art devient alors un ensemble de pratiques et de résultats qui partagent un certain nombre de traits, bien qu'aucun d'entre eux ne soit universel.
La liste classique des arts, telle que proposée au xix
e siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art, continue pour certains de servir de référence3. Elle indique, sans se vouloir pourtant exhaustive, que les principaux arts sont au nombre de cinq : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Par combinaison ou par prolongement, on parvient à développer indéfiniment cette liste en y ajoutant, par exemple, la danse, le cinéma (souvent nommé « septième art »), la bande dessinée, l'opéra, la photographie, etc.

 

Considérant le mot art Robin G. Collingwood note que le sens esthétique du mot est d’origine très récente; are en latin  et tekné en grec des termes que nous traduisons régulièrement par art signifient un métier ou une forme spécialisée de technique comme la charpenterie, la forgeriez ou la chirurgie (les principes de l’art p 5). L’artiste et l’artisan ou plus exactement, l’homme de l’art, ne se distingue pas.
Pour les anciens et aussi longtemps que l’on pense en latin, art et technique sont une seule et même chose. Le latin are issu de la racine *er qui fourni notamment le grec arthon, l’articulation et latin arums, le haut le bas. Ritus, rite, et le grec arithmos (nombre) équivalent grec de techné sur la racine *tek construire fabriquer. Puisque l’art technique est défini par la production d’un objet, la question reste de savoir ce qui garanti la réussite du produit fini, et la réponse classique est l’habileté de l’ouvrier: « à l’œuvre on connait l’ouvrier. » Cette théorie ce retrouve dan l’éthique à Nicomaque (VI, 4 1140a 1-24)
L'art des Anciens s'intéresse au processus de fabrication de tout objet ou œuvre; l'esthétique des Modernes, aux sensations que l'objet produit sur le public. « L'art » des Anciens inclut toute espèce de fabrication, donc ce que nous appelons technique ou technologie. L'esthétique des Modernes inclut toute espèce de beauté admirable, donc celle des phénomènes naturels (le sublime des volcans). L'art n'a pas pour domaine exclusif le beau, et la technique, l' utile. L'art n'est pas le règne des choses mystérieuses, et la technique, celui des choses sérieuses, rigueur des procédures et résultats garantis.
Aussi longtemps qu'on a pensé avec le latin, art et technique sont une seule et même chose : lat. ars (sur une racine *er, qui fournit notamment gr. ἄρθρον, arthron, l'articulation et lat. armus, le haut du bras, mais qui apparaît aussi dans le latin. ritus, rite, et le grec ἀριθμός, arithmos, nombre égale le  grec τέχνη, tekhnê (sur la racine *teks-, construire, fabriquer ). Puisque l'art-technique est défini par la production d'un objet, la question est de savoir ce qui garantit la réussite du produit fini, « à l'œuvre on connaît l'ouvrier ».
Les concepts fondamentaux de cette théorie sont ceux d' Aristote, dont la présentation est synthétisée dans un court chapitre de l'Éthique à Nicomaque (VI, 4, 1140a 1-24).

Telle est donc la façon dont nous pouvons définir la science. [1140a] Les choses qui peuvent être autres qu’elles ne sont comprennent à la fois les choses qu’on fabrique et les actions qu’on accomplit. Production et action sont distinctes (sur leur nature nous pouvons faire confiance aux discours exotériques) ; il s’ensuit que la disposition à agir accompagnée de règle est différente de la disposition à produire accompagnée de règle. De là vient encore qu’elles ne sont pas une partie l’une de l’autre, car ni l’action n’est une production, ni la production une action. Et puisque l’architecture est un art, et est essentiellement une certaine disposition à produire, accompagnée de règle, et qu’il n’existe aucun art qui ne soit une disposition à produire accompagnée de règle, ni aucune disposition de ce genre qui ne soit un art, il y aura identité entre art et disposition à produire accompagnée de règle exacte°. L’art concerne toujours un devenir et s’appliquer à un art, c’est considérer la façon d’amener à l’existence une de ces choses qui sont susceptibles d’être ou de n’être pas, mais dont le principe d’existence réside dans l’artiste et non dans la chose produite l’art, en effet, ne concerne ni les choses qui existent ou deviennent nécessairement, ni non plus les êtres naturels, qui ont en eux-mêmes leur principe. Mais puisque production et action sont quelque chose de différent, il faut nécessairement que l’art relève de la production et non de l’action Et en un sens la fortune et l’art ont rapport aux mêmes objets, comme Agathon le dit :

L’art affectionne la fortune, et la fortune l’art

Ainsi donc, l’art, comme nous l’avons dit est une certaine disposition, accompagnée de règle vraie, capable de produire ; le défaut d’art, au contraire, est une disposition produire accompagnée de règle fausse ; dans un cas comme dans l’autre, on se meut dans le domaine du contingent.

L'art-technique s'occupe de la production d'objets ou « œuvres d'art », le grec ποίησις, poiêsis, le latin fabricatio ou fictio. L'artiste-artisan se nomme donc en grec « poète », en latin classique faber ou fictor, et en latin tardif factor ou operator (cf. « facteur d'orgues »). La fabrication est le seul caractère spécifique de l'art. De façon très générale, l'art est une « excellence » ou une « vertu » (ἀρητή, arêtê) : « une disposition accompagnée de règle vraie (ou droite) ». Disposition rend en grec ἕξις, hexis, en latin habitus. « Avec une règle » : Ωμετὰ λόγου, meta logou, le grec λόγος, logos, le latin. ratio. « Vrai ou droit » : le grec ἀληθής, alethês ou ὁρθος, orthos, le latin vera ou recta. Enfin, l'art/technique évolue dans le domaine du contingent, de ce qui pourrait être autrement qu'il n'est. Ce caractère ne lui est pas propre. Le contingent est aussi le domaine de la «  prudence » ϕρόνησις, phronêsis, qui est pour ainsi dire la production d'actions, le grec πράξις, praxis. L'art/technique et la prudence s'opposent ainsi aux vertus intellectuelles, telle la science ou ἐπιστήμη, epistêmê, qui cherche à connaître le nécessaire. Pour comprendre de quelle rationalité il s'agit ici, il faut expliciter ce que désigne l'idée de logos vrai ou de « raison droite », recta ratio. Le mot recta renvoie à l'idée de règle, de regula, de régulation, c'est-à-dire étymologiquement de régir, de regere. Moins corriger que diriger. La règle de l'art — comme de la prudence — est moins une norme qu'un point fixe dans un monde mouvant.
La règle permet d'échapper au contingent. La règle de l'art doit s'appliquer si l'on veut obtenir un résultat déterminé. Elle est selon sa définition par les scolastiques « via certa et determinata ». De ce point de vue, il n'y a pas d'incertitude dans les arts et techniques, ni dans la règle ni dans le produit obtenu en appliquant la règle. Dans ces domaines, l'incertitude et l'imprévisible peuvent être réduits presque à rien. L'adjectif certus signifie que la règle a été objectivée, exprimée, pour ainsi dire visualisée par l'intelligence, et qu'on n'est plus dans le tâtonnement d'une pratique instinctive. λόγος ἀληθής, logos alêthês, du technicien-artiste est une conscience de plus en plus claire et distincte de ses moyens. Plus la règle est claire, moins elle est difficile à transmettre et à faire appliquer par d'autres.
En amont, il s'agit de découvrir ces règles de l'art. Comme le dit fortement le début de la Métaphysique d' Aristote, c'est en observant les particuliers qu'on induit les règles générales, voire universelles (A, 1). L'exemple canonique de technicien est, outre le médecin, le pilote de bateau. La mer est plus puissante que lui, et elle est loin d'être parfaitement prévisible. Aristote est dans un monde pour ainsi dire marin, où la nature nous fait assez sentir combien nous ne sommes d'elle ni maîtres ni possesseurs. Ce n'est pas la mer ou le monde qui est rationnel, c'est lui. Si la règle est un point fixe dans un monde mouvant, le point fixe est du côté du sujet, de l'intelligence qui régule. C'est l'élément formel de l'opération. Le monde mouvant est du côté de l' objet, de ce à quoi on applique la règle : c'est l'élément matériel.
Les triomphes modernes de la technique ont fait considérer comme « vraies » règles, seulement celles qui sont validées par la prévisibilité des résultats. Chez Aristote absence de résultats garantis ne signifie pas absence de règles, de rationalité. Parler aujourd'hui de la médecine comme d'un art, c'est à nos yeux de modernes souligner la contingence irréductible de la médecine, qui ne parvient pas à être « vraiment » une science. Pour les Anciens, cela revenait plutôt à dégager la capacité de la médecine à trouver des règles, du stable. Nous cherchons le stable du côté du matériel, ils le cherchaient du côté de l'intelligible. 

Certes, nous n’avons pas directement répondu à la question, qu’es- ce que l’ar t? En revanche nous avons tenté d’établir une méthode conduisant à la possibilité d’une réponse, construite sur la mise à l’écart du préjugé que l’on peut avoir sur une définition ou le sens d’un mot.

 

Une autre méthode consiste à savoir comment en d’autres temps et ne d’autre lieu une idée c’est construite.

La première occurrence dans un texte. Prenons le texte de la thora. Texte ancien, sans auteur. Nous réfléchissons sur le mot art. Nous savons que nous ne trouverons pas le mot art dans le texte hébreux. En revanche prenons les traductions français du texte. Dans la traductions Louis Segond, Samuel Cahen nous avons 7 occurrence, en revanche John Darby en propose 12 et aucune chez André Chouraqui.

Dans le texte biblique: 

La version Segond

 

Exode 30 25

וְעָשִׂיתָ אֹתוֹ שֶׁמֶן מִשְׁחַת־קֹדֶשׁ רֹקַח מִרְקַחַת מַעֲשֵׂה רֹקֵחַ שֶׁמֶן מִשְׁחַת־קֹדֶשׁ יִהְיֶ

 

Tu feras avec cela une huile pour l'onction sainte, composition de parfums selon l'art du parfumeur; ce sera l'huile pour l'onction sainte.

 

מעשה a’ăśēh, Vient d  : מַעֲשֶׂה ma`aseh, Définition : action, travail (Louis Segond: ouvrage, oeuvre, tâche, travail, affaire, ce que l’on doit faire)

Équivalents grec  : ἀδικία, ἐργασία, κακός, κόσμος, ὀχύρωμα, ποίημα, ποίησις, πρᾶγμα, τέχνη

 

Septante: καὶ ποιήσεις αὐτὸ ἔλαιον χρῖσμα ἅγιον μύρον μυρεψικὸν τέχνῃ μυρεψοῦ ἔλαιον χρῖσμα ἅγιον ἔσται

Vulgate Gérome: faciesque unctionis oleum sanctum unguentum conpositum opere unguentarii

 

 

Exode 35 33 

וּבַחֲרֹשֶׁת אֶבֶן לְמַלֹּאת וּבַחֲרֹשֶׁת עֵץ לַעֲשׂוֹת בְּכָל־מְלֶאכֶת מַחֲשָׁבֶת

 

de graver les pierres à enchâsser, de travailler le bois, et d'exécuter toutes sortes d'ouvrages d'art.

 

לעשות a’ăśwōṯ, Vient d  : עָשָׂה `asah, Définition: faire, façonner, accomplir, fabriquer (Louis Segond: faire, avoir fait, être fait, donner, disposer, exécuter, agir)

Équivalents grec  : αἴνεσις, ἐργάζομαι, ἐργασία, ἔργον, λειτουργία, παρακαταθήκη

Septante: καὶ λιθουργῆσαι τὸν λίθον καὶ κατεργάζεσθαι τὰ ξύλα καὶ ποιεῖν ἐν παντὶ ἔργῳ σοφίας

Vulgate Gérome: ad excogitandum et faciendum opus in auro et argento et aere sculpendisque lapidibus et opere carpentario quicquid fabre adinveniri potest 

 

 

Exode 35 35 

מִלֵּא אֹתָם חָכְמַת־לֵב לַעֲשׂוֹת כָּל־מְלֶאכֶת חָרָשׁ וְחֹשֵׁב וְרֹקֵם בַּתְּכֵלֶת וּבָאַרְגָּמָן בְּתוֹלַעַת הַשָּׁנִי וּבַשֵּׁשׁ וְאֹרֵג עֹשֵׂי כָּל־מְלָאכָה וְחֹשְׁבֵי מַחֲשָׁבֹת

 

Il les a remplis d'intelligence, pour exécuter tous les ouvrages de sculpture et d'art, pour broder et tisser les étoffes teintes en bleu, en pourpre, en cramoisi, et le fin lin, pour faire toute espèce de travaux et d'intentions.

a’ăśwōṯ, Vient d  : עָשָׂה `asa h; Définition : faire, façonner, accomplir, fabriquer (Louis Segond: faire, avoir fait, être fait, donner, disposer, exécuter, agir) 

Équivalents grec  : ἐπικαλέομαι, νοέω, ἀγαπάω, ἁμαρτάνω, ἀναστρέφω, ἀναφέρω, ἀνήρ, ἀπόλλυμι, βοηθέω, δίδωμι, ἐλεέω, ἐπακούω, ἐπιτελέω, ἐπιτίθημι, ἐργάζομαι, ἔργον, ἑτοιμάζω, θεραπεύω, κατασκευάζω, κατεργάζομαι, κλίνω, κόπτω, κτάομαι, μεριμνάω, οἰκοδομέω, παρακούω, περιβλέπω, πλάσσω, πράσσω, προσλαμβάνω, προσφέρω, τελέω, τίθημι, φέρω, φυλάσσω, φυτεύω, χράομαι, πραγματεύομαι, γεωργέω, ἀπόλλυμι, ἀποβαίνω, στερεόω, τελειόω, ἄγω, γίνομαι, συντελέω, ποιέω, συμβαίνω, γραμματεύς

 

כל־מלאכת kāl-məle’ḵeṯ, Vient d  : מְלָאכָה me’la’kah, Définition : occupation, travail, affaires (Louis Segond: oeuvre, ouvrage, travail, le bien, objet, fonction, service)

Équivalents grec  : αἴνεσις, ἐργάζομαι, ἐργασία, ἔργον, λειτουργία, παρακαταθήκη

Septant e: ἐνέπλησεν αὐτοὺς σοφίας καὶ συνέσεως διανοίας πάντα συνιέναι ποιῆσαι τὰ ἔργα τοῦ ἁγίου καὶ τὰ ὑφαντὰ καὶ ποικιλτὰ ὑφᾶναι τῷ κοκκίνῳ καὶ τῇ βύσσῳ ποιεῖν πᾶν ἔργον ἀρχιτεκτονίας ποικιλίας

Vulgate Gérome: ambos erudivit sapientia ut faciant opera abietarii polymitarii ac plumarii de hyacintho et purpura coccoque bis tincto et bysso et texant omnia ac nova quaeque repperiant

 

Que nous permet cette voie, ce chemin de réflexion.
D’associer un mot à une idée par l’intermédiaire de la traduction. Puis par d’autre traduction voir comment cette idée se pense en grec ou en latin.

Ainsi on peut lire que l’art ou du moins sont idée est associée à d’une part la fabrication de l’huile d’onction, l’art du parfumeur, ou la fabrication du tissu, broderie ou tissage.

Ainsi de nouvelles pistes de réflexion s’ouvrent permettant de digérer l’absence de réponse à une question qui semblait simple.

Constatation intéressante, l’art dans la traduction du texte hébreux se réfère à deux activités particulières, la fabrication de fragrance et de tissu. Ce qui nous rappelle un peintre qui connaissait particulièrement bien c’est deux métiers Jean Honoré Fragonnard.

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