Quleques penseurs allemands
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant (Immanuel en allemand) est un philosophe allemand. Il est né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse orientale (aujourd'hui Kaliningrad, enclave russe), et y est mort le 12 février 1804.
Idées remarquables: Criticisme, Limite/Borne, Impératif catégorique, Chose en soi
Influencé par: Descartes, Spinoza, Locke, Leibniz, Hume, Rousseau
A influencé: Fichte, Hegel, Schopenhauer, Husserl, Heidegger, Habermas
Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse orientale (actuellement Kaliningrad, en Russie) dans un milieu modeste et particulièrement pieux. Il fréquente tout d’abord un collège dirigé par un pasteur piétiste puis entame des études universitaires. Il étudie la physique, les sciences naturelles, les mathématiques et la philosophie. En 1747, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour s’engager comme précepteur. Dès 1755, il commence à enseigner à l’université de Königsberg, tout d’abord en tant que « Privatdozent » (enseignant payé par ses élèves), puis, à partir de 1770, en tant que professeur titulaire. Kant fut le premier grand philosophe à donner un enseignement universitaire régulier. Ses cours, tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques, logique, géographie, théologie, pédagogie, droit, anthropologie, métaphysique... Kant consacra sa vie entière à l’étude et à l’enseignement : « Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser (...).
En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition verra le jour en 1787. En 1788, est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres oeuvres majeures (Fondation de la métaphysique des moeurs, Vers la paix perpétuelle entre autres) sont écrites à cette période.
Professeur devenu célèbre, même s’il ne fut pas toujours compris, il meurt en 1804 à Königsberg.
Sa légendaire sédentarité (il ne quitta presque jamais Königsberg) ne l’empêcha toutefois pas d’être attentif aux mouvements du monde, comme en témoignent ses nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il recevait également chaque jour de nombreux amis à dîner.
On raconte que sa promenade quotidienne ne fut durant toute sa vie troublée que deux fois : la première lorsqu’il découvrit Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau ; la seconde, lorsqu’il alla au-devant du courrier portant des nouvelles de la Révolution française.
Bibliographie
Œuvres principales:
Essai sur les maladies de la tête (1764).
Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764).
De la forme et des principes du monde sensible et du monde intelligible (Dissertation de 1770) (1770).
Critique de la raison pure(1781) Trad. J. Barni - 1869
Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science (1783).
Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique (1784).
Réponse à la question : « Qu'est-ce que les Lumières ? » (1784).
Fondation de la métaphysique des mœurs (1785).
Compte rendu de l'ouvrage de Herder : Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité (1785).
Définition du concept de race humaine (1785)..
Conjecture sur les débuts de l'histoire de l'humanité (1786).
Sur le : « Principe du droit naturel » de Hufeland (1786).
Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? (1786).
Seconde édition de la Critique de la raison pure (1787).
Critique de la raison pratique "Trad. J.Barni - 1848"(1788).
Sur l'usage des principes théologiques en philosophie (1788).
Première introduction à la Critique de la faculté de juger (1789).
Critique de la faculté de juger (1790)
Sur le mal radical (1792).
La religion dans les limites de la simple raison (1793) Trad. Tremesaygues A. - 1913.).
Vers la paix perpétuelle (1795).
traduction française[1]
traduction anglaise[2]
La Doctrine du droit, première partie de la Métaphysique des mœurs (1796).
Doctrine de la vertu, seconde partie de la Métaphysique des mœurs (1797).
Sur un prétendu droit de mentir par humanité (1797), dans Le droit de mentir, Kant/Constant, commentaires de Cyril Morana, Mille et une nuits, 2003
Conflit des facultés (1798).
Anthropologie d'un point de vue pragmatique (1798).
Logique (publiée en 1800).
Géographie physique (publiée par Rink en 1802).
Pédagogie (publiée par Rink en 1803) Trad. J.Barni 1886 - Préface Thamin R..
Etudes sur Kant
Eric Weil, Problèmes kantiens, Paris, J. Vrin, 1990(2eme éd.).
Alexis Philonenko, L'œuvre de Kant, Tome 1, La philosophie pré-critique et la critique de la raison pure, Paris, J. Vrin, 1993(5e éd.).
Alexis Philonenko, L'œuvre de Kant, tome 2, Morale et politique, Paris, Vrin, .
Gilles Deleuze, La philosophie critique de Kant, Paris, Presses universitaires de France, 1997(1ere éd. : 1963).
Michel Puech, Kant et la causalité, Paris, Vrin, 1990
Mai Lequan, La philosophie morale de Kant, Paris, Éd. du Seuil, 2001.
Monique Castillo, Kant, l'invention critique, Paris, Vrin, 1997.
Victor Delbos, La philosophie pratique de Kant, Paris, Impr. des Presses universitaires de France, libr. Félix Alcan, 1926(2eme éd.).
Heidegger, Kant et le problème de la métaphysique, Paris, Gallimard, 1953.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (27 août 1770 - 14 novembre 1831) est un philosophe allemand dont l'œuvre est considérée comme le sommet de l’idéalisme de cette époque.
Œuvres principales: Phénoménologie de l'esprit
Influencé par: Kant
A influencé: Feuerbarch, Marx
Hegel est né à Stuttgart, en 1770, fils d’un fonctionnaire à la Cour des comptes du duc de Wurtemberg. Il fit ses études au Gymnasium de sa ville natale. À 18 ans, il entre au séminaire de Tübingen et étudie la philosophie, l’histoire, la théologie, le latin, le grec. Il fait la connaissance de Hölderlin et de Schelling, avec qui il partage une passion pour la Grèce. À cette époque, l’essentiel de ses pensées semble s’orienter vers la religion, puis de plus en plus vers la politique.
Il obtient son magister de philosophie en 1790 ; en 1793, il passe les examens de théologie, mais devient ensuite précepteur à Berne. En 1797, il est précepteur à Francfort-sur-le-Main. Il traverse alors une crise philosophique en concevant l’impossibilité de retrouver l’harmonie politique grecque dans la civilisation européenne moderne.
Il devient privat docent à l’université de Iéna en 1801 et enseigne la pensée de Schelling : il écrit la Différence entre les systèmes de Fichte et de Schelling, qui est une prise de position pour le deuxième contre le premier. Avec Schelling, il fonde le Journal critique de philosophie. Mais l’époque de Iéna est avant tout celle d’un tournant : Hegel se sépare de la philosophie schellingienne, rupture consacrée par la préface de la Phénoménologie de l'esprit qui paraît en 1807.
L’arrivée de Napoléon à Iéna interrompt les activités universitaires ; Hegel part à Bamberg et devient le directeur d’un petit journal de cette ville. En 1808, il est recteur du lycée de Nuremberg ; il rédige et publie alors La Science de la logique. En 1816, il accepte la chaire de l’université d'Heidelberg. En 1818, il occupe la chaire de Fichte à Berlin et enseigne sa propre philosophie, en approfondissant plusieurs parties de son Encyclopédie des sciences philosophiques : la philosophie du droit, de l’histoire, de la religion, l’histoire de la philosophie, etc. En 1831, une épidémie de choléra décime l’Europe : Hegel meurt le 14 novembre.
Doctrine
La philosophie de Hegel est une philosophie de l’esprit absolu et de son déploiement dialectique qui constitue la réalité et son devenir. Cette dialectique a pu être considérée comme une théologie de l’histoire, mais elle a également donné lieu à de nombreuses interprétations contradictoires du fait de sa difficulté.
Cette philosophie est essentiellement déterminée par la notion de dialectique, qui est tout à la fois un concept, un principe d’intelligibilité, et, selon Hegel, le mouvement réel qui gouverne les choses du monde. La pensée hégélienne est donc la compréhension de l’histoire de ce qu’il appelle l’Idée, Idée qui, après s’être extériorisée dans la nature, revient en elle-même en niant cette altérité pour s’intérioriser, s’approfondir et se réaliser dans des formes culturelles (suivant une hiérarchie formelle d’un contenu identique : art, religion et philosophie). D’un point de vue très général, c’est donc une pensée qui veut concilier les opposés qui apparaissent, par la conciliation des philosophies de l’Être et des philosophies du devenir. En effet, avec la dialectique, ces oppositions cessent d’être figées puisque le mouvement d’une chose est d’être posée, puis de passer dans son contraire, et ensuite de réconcilier ces deux états. Ainsi, l’être n’est-il pas le contraire du Néant ; l’être passe dans le néant, le néant dans l’être, et le devenir en est le résultat : « Le néant, en tant que ce néant immédiat, égal à soi-même, est de même, inversement, la même chose que l’être. La vérité de l’être, ainsi que du néant, est par suite l’unité des deux ; cette unité est le devenir. » (La Science de la logique)
Cette histoire trouve alors son sommet dans l’État, où l’Idée s’accomplit dans une organisation juridique capable de réaliser la liberté qui est son essence, i.e. ce qu’elle était déjà en germe. L’État est ainsi l’Idée qui se concrétise dans une société humaine, dans un peuple dont l’Idée est l’esprit, et qui est menée à son terme par le grand homme. Mais cet achèvement étant atteint, c’est la philosophie qui réalise pleinement la liberté : parvenu au savoir absolu, à la liberté du concept, la philosophie reprend en effet la totalité du savoir, i.e. l’ensemble des moments du processus, et se constitue par ce moyen comme science, comme savoir absolu de l’être.
On voit donc que, pour Hegel, l’histoire s’achève avec son époque : tout ce développement dialectique, réalisé dans l’État, dans l’art, la religion, la philosophie, dans l’ensemble des institutions humaines qui expriment le travail du concept, trouve sa vérité et son accomplissement à l’époque de Hegel et dans ses livres… Cette volonté de clôture de l’histoire a engendré de violentes critiques (voir par exemple Nietzsche).
Étant donnée cette dialectique de la totalité, i.e. le fait que la philosophie comprend la totalité du réel, Hegel reprend en un système le savoir de son temps, système où tous les concepts sont liés dans un ensemble organique. L'œuvre capitale de Hegel est de ce point de vue l’Encyclopédie des sciences philosophiques, dont le plan est l’architecture du système de la philosophie. Il est composé de trois parties :
La Science de la logique, science de l’idée en soi et pour soi dans l’élément abstrait de la pensée ;
la philosophie de la nature, science de l’Idée dans ce qui constitue son devenir autre ;
la Philosophie de l’esprit, science de l’Idée retournant à soi.
Puisque tous les aspects de la réalité sont selon Hegel l’expression d’un mouvement dialectique, on ne doit pas séparer les domaines d’études : l’ensemble des chapitres de cet article n’est pas un découpage qui appartient à la pensée de Hegel, mais une présentation successive de quelques aspects que l’on doit comprendre ensemble : histoire, morale, droit, art, religion, philosophie.
La Positivité de la religion chrétienne (1796)
La Vie de Jésus (1796)
Fragment de système (1797)
L’Esprit du christianisme et son destin (1797)
Constitution de l’Empire allemand (1801)
Dissertatio philosophica de orbitis planetarum (1801)
Différence entre les systèmes de Fichte et Schelling (1801)
Foi et savoir
Sur les façons de traiter scientifiquement du droit naturel
Phénoménologie de l'esprit (1807)
Propédeutique philosophique (cours de Bamberg)
La Science de la logique (la logique objective), premier livre du premier tome : L’Être (1812)
La Doctrine de l’essence, second livre du premier tome de la Science de la logique (1813)
Science de la logique subjective, ou doctrine du concept, second tome de la logique (1816)
Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé (1817)
Principes de la philosophie du droit ou droit naturel et science de l’État en abrégé (1821)
La Raison dans l'histoire (1821)
Encyclopédie des sciences philosophiques, forme plus étendue de la précédente (1827), composée de :
Tome I : la Science de la logique
Tome II : Philosophie de la nature (Première traduction française disponible sur Gallica)
Tome III : Philosophie de l’esprit
Cours publiés à titre posthume :
Leçons sur la philosophie de l'histoire
Leçons sur l'histoire de la philosophie
Leçons sur l'esthétique
Leçons sur la philosophie de la religion
Études
Hegel, François Châtelet, Seuil, collection "Les Écrivains de toujours"
Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel, Jean Hyppolite
Genèse et Structure de la Phénomenologie de l'Esprit, Jean Hyppolite
Hegel secret. Recherches sur les sources cachées de la pensée de Hegel, Jacques D'Hondt
Hegel ou de la Raison intégrale, suivi de : « Aimer Penser Mourir : Hegel, Nietzsche, Freud en miroirs », Jean-Luc Gouin, Bellarmin
La pensée politique de Hegel, Bernard Bourgeois
Hegel, philosophe de l'histoire vivante, Jacques D'Hondt
Sujet-Objet. Eclaircissement sur Hegel, Ernst Bloch
Le jeune Hegel, Georg Lukács
Introduction à la lecture de Hegel, Alexandre Kojève
L'Esthétique de Hegel, Véronique Fabbri
Arthur Schopenhauer
Arthur Schopenhauer est un philosophe allemand, né le 22 février 1788 à Dantzig (ancienne Prusse et actuelle Pologne), mort le 21 septembre 1860 à Francfort-sur-le-Main.
Biographie
Destiné à une carrière commerciale par son père, il fait, avec lui, de nombreux voyages dans toute l'Europe. À la mort de ce dernier, en 1806, il étudie successivement la littérature, la médecine, la philosophie ; sa mère Johanna ouvre un salon littéraire à Weimar et écrit des romans. Il assiste en 1810 aux cours de Fichte à Berlin et se révèle assez critique vis-à-vis de celui-ci. Sur les bancs de l'université de Göttingen, il rencontre Heinrich Reiss, dont il devient l'ami. En 1813, il soutient sa thèse dont le titre est La Quadruple Racine du principe de raison suffisante à l'université d'Iéna. La même année, il rencontre Goethe à Weimar avec qui il discute de la théorie des couleurs. En 1814, il se brouille avec sa mère et emménage seul à Dresde. En 1819, il est chargé de cours à l'université de Berlin où enseignait Hegel qu'il critique vigoureusement et qui occupait toute l'attention philosophique dans l'Allemagne du XIXe siècle (il choisit d'ailleurs de faire cours à la même heure qu'Hegel). Il démissionnera au bout de six mois. C'est seulement vers la fin de sa vie que l'importance de son œuvre est reconnue, et que l'attention des philosophes se détourne presque entièrement de la philosophie de Hegel. Il publie pour la première fois en 1819 Le Monde comme volonté et comme représentation (puis 2e édition en 1844, et 3e en 1859) où le principe est que « La volonté singulière d'un individu n'a qu'une existence illusoire, elle est de toutes parts immergée dans le jeu infini et absurde d'une réalité qui la dépasse et finit par la détruire. ». Les deux premières éditions sont des échecs éditoriaux. En 1825, il arrive à vivre de ses rentes. Il retourne à Francfort en 1833.
Il a également publié Parerga et Paralipomena (1851).
Sources
La philosophie de Schopenhauer s'inspire de celles d'Emmanuel Kant, de Platon et des religions indiennes (le védanta et le bouddhisme, que l'Europe venait de découvrir).
Position [modifier]
La philosophie de Schopenhauer peut se rattacher à un idéalisme athée, mais tient une place à part. Schopenhauer se réfère à Platon et se place en héritier de Kant, mais aussi en opposition de tous les post-kantiens de son époque. Il ne rate jamais en effet, une occasion de ridiculiser les idées de Fichte, Hegel et Schelling, qu’il exclut de la filiation de la philosophie kantienne.
Influences [modifier]
Cette philosophie a eu une influence importante sur certains écrivains, philosophes ou artistes du XIXe siècle et du XXe siècle : Guy de Maupassant, Friedrich Nietzsche, Richard Wagner, Léon Tolstoï, Sigmund Freud, Joaquim Maria Machado de Assis, de manière générale le décadentisme, Marcel Proust, Thomas Mann, Fedor Dostoïevski, Henri Bergson, Ludwig Wittgenstein, André Gide, Émile Michel Cioran, ainsi que de nos jours Michel Houellebecq. Sa vision pessimiste et absurde du monde préfigure également l'existentialisme.
Oeuvres
De la quadruple racine du principe de raison suffisante (Über die vierfache Wurzel des Satzes vom zureichenden Grunde), 1813
Sur la vue et les couleurs (Über das Sehn und die Farben), 1816
Le Monde comme Volonté et comme Représentation (Die Welt als Wille und Vorstellung), 1818/1819, vol.2 1844
L'Art d'avoir toujours raison (1830-1831)
La Volonté dans la nature Über den Willen in der Natur, 1836
Parerga et Paralipomena (1851) (Parerga und Paralipomena)
Essai sur le libre arbitre (Über die Freiheit des menschlichen Willens), 1839
Le Fondement de la morale Über die Grundlage der Moral, 1840
Nachlassband von Julius Frauenstedt, 1864
Aphorismes sur la sagesse dans la vie (Aphorismen zur Lebensweisheit), 1886 ?
Friedrich Hölderlin
Friedrich Hölderlin est un poète romantique allemand né le 20 mars 1770 et décédé le 6 juin 1843. Il est considéré comme un des plus grands poètes lyriques de langue allemande. Ses œuvres mêlent classicisme et thèmes chrétiens. Son roman Hypérion (1797-99), l'essentiel de ses écrits, exprime sa fascination pour la Grèce antique.
Il est écrivain pendant à peu près dix ans. Durant sa vie, Hölderlin ne connaît ni stabilité ni bonheur, selon lui: il manque d'argent et de reconnaissance. Les suspicions de la société à son encontre dans une affaire amoureuse avec une femme mariée le conduisent finalement à la folie (Je suis mortel, né pour l'amour et pour souffrir). Il rejette l'habituelle acceptation idéaliste de la félicité, pour lui le plaisir existe, mais c'était de l'eau tiède sur la langue.
Né à Laufenn, Neckar, Württemberg, Hölderlin perd à l'âge de deux ans son père, administrateur au monastère local; quelques années après, sa mère, Johanna Christina Hölderlin, se marie avec le gouverneur de Nürtingen. A l'âge de quatorze ans Hölderlin commence à écrire des poèmes, lus par ses amis à l'école et par ses professeurs. A partir de 1788, à l'université de Tübingen, il étudie la théologie et obtient un titre de master. Pendant cette période il devient l'ami de Friedrich Wilhelm Hegel (1770-1831) et ensemble ils partagent leur grande admiration pour la Révolution Française.
En 1793 il est présenté à Friedrich von Schiller, qui publie certains de ses poèmes, et il travaille comme précepteur à Waltershausen. Un tournant décisif dans sa vie est l'obtention d'un poste dans une maison appartenant à un richissime banquier de Francfort, Jakob Gontard. Hölderlin vit une histoire d’amour, certes platonique, la plus grande déception de sa vie, avec la femme de son employeur, Susette Gontard, qu'il appelle Diotima dans ses poèmes. Leur bonheur est de courte durée, car brisé par le mari. Pourtant, ils continuent à correspondre et à se rencontrer secrètement. Ils se voient pour la dernière fois en 1800. Les lettres de Suzette adressées au poète, et conservées, renseignent assez précisément sur ce qu'a pu être cet amour, plus mystique que physique.
Les plus grands poètes lyriques, comme Hölderlin ou Keats, sont des hommes en qui le pouvoir mythique de perception se brise encore vers son intensité extrême et son pouvoir d'objection... (Ernst Cassirer dans Language and Myth, 1946)
Fatigué de ses déboires amoureux, il quitte Francfort en 1798. Survient alors une période d'intense créativité, avec ses grandes élégies et le second volume d'Hypérion. Il écrit également des textes philosophiques et une tragédie, "Der tod des Empedokles", restée inachevée. Dans la conclusion de son grand hymne 'Patmos', le poète nomme la "cultivation de la lettre bien établie et l'interprétation de ce qui est" comme la fonction majeure du poète. Peu avant son départ pour la France, Hölderlin déclare : "Maintenant je peux rejoindre une nouvelle vérité, une meilleure vision en grande partie sur nous-mêmes et de ce qui nous entoure, en pensant que j'ai peur de ces choses qui peuvent éventuellement s'associer à moi comme pour l'ancien Tantale, qui a reçu des dieux plus qu'il ne pouvait en digérer." Après avoir tenu un bref emploi de précepteur à Bordeaux, Hölderlin retourne en 1802 en Allemagne. Malheureusement, ce voyage effectué à pied accentue son état de schizophrénie. De retour à Nürtingen il apprend la mort de Suzette, et en 1805 sa santé mentale se dégrade totalement. Pendant ces périodes, quand il regagne assez de lucidité pour écrire, il traduit des tragédies de Sophocle.
Les 36 dernières années de la vie d'Hölderlin se déroulent sous l'ombre de la folie, dans une maison de repos, à Tübingen. Il meurt le 7 juin 1843. Les derniers poèmes d'Hölderlin dits acceptables sont Brod und Wein, une élégie célébrant à la fois Jésus et Dionysos, Der Archipelagus, une ode d'espoir que l'Allemagne moderne se dirigera vers le caractère de la Grèce antique, Heidelberg et Der Rhein, des odes sur la ville et le fleuve, et le patriotique Germanien. En 1831 Friedrich Nietzsche écrit un enthousiaste essai sur Hölderlin, son "poète favori", très largement oublié en ce temps. En 1874 paraît un recueil de ses œuvres, Ausgewählte Werke. Le début du vingtième siècle commence à reconnaître le plus grand poète allemand après Goethe.Heidegger a été profondément influençé par le poète, il publie en 1971 un essai intitulé Approche de Hölderlin ou il expose les rapports fondamentaux entre philosophie et poésie.
Hölderlin n'est pas directement affilié aux deux principaux mouvements littéraires de son époque, le Classicisme Weimar ou le Romantisme, mais sa pensée reflète des éléments communs avec les deux. Dans son utilisation classique des vers, de la forme et de la syntaxe, Hölderlin est le successeur de Friedrich Klopstock (1724-1803), qui tente de développer pour la langue allemande une perfection classique, qui la placerait à l'égalité du Grec et du Latin. Hölderlin partage l'amour des classicistes de "edlen Einfalt und stillen Grösse" (la noble simplicité et la magnificence du calme), formulé par Johann Winckelmann (1717-1768), et qui y ajoute son sens mystique de la nature et des éléments du Panthéon et des images christiques. Comme William Blake et W. B. Yeats, il explore la cosmologie et l'histoire pour trouver un sens en ce monde incertain. Hölderlin joue aussi un rôle important dans le développement de la philosophie à partir de Kant et de Hegel, et participe à la formation de l'Idéalisme Allemand.
La poésie de Hölderlin fascine également le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976) qui a écrit: "La Poésie est l'établissement de l'Etant par les moyens du monde". Les essais d'Heidegger sur Hölderlin (1936) sont traduits dans Existence et Etant par W. Brock (1949). Nietzsche se montra vivement intéressé par Hölderlin, mais cela fut sans prolongement, jusqu'aux décadences du monde d'après guerre en Allemagne, jusqu’à ce que le poète reçoive une plus grande attention, en partie due à l'enthousiasme de Norbert von Hellingrath. Dans ses lectures des années 1930, Heidegger considère Hölderlin, en tant que poète, comme le réveilleur national des consciences, un prophète du futur latent d'une nation. "Les poètes se sont élevés pour la plupart au commencement ou à la fin d'une ère", dit lui-même une fois Hölderlin. Il est énormément célébré durant le Troisième Reich en 1943, et ses œuvres regroupées sont publiées en quatre volumes. Ironiquement, le héros de Hölderlin dans Hypérion quitte sa maison et sa patrie, parce que la loi du despotisme s'y applique...
Œuvres
Hymnes et autres poèmes (1796-1804)
Hypérion ou l'Hermite en Grèce (1797-99)
Poèmes ((1806-1843)
Traductions de Pindare, Sophocle : Antigone, Œdipe.
Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling
Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, philosophe allemand, né le 27 janvier 1775 à Leonberg près de Stuttgart, décédé le 20 août 1854 à Bad Ragaz en Suisse.
Il fut un des représentants de l'idéalisme allemand à l’époque du romantisme.
Influencé par Kant et Fichte, il professa une philosophie de la nature dans son livre Système de l’idéalisme transcendantal publié en 1800. Cet idéalisme dit objectif accorde à la nature une réalité équivalente à celle du moi.
Il fut ensuite intéressé par Spinoza et G. Bruno et exposa une philosophie de l'identité avec son livre Bruno : Dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses publié en 1802. Il pensait, que de la nature ou de l’esprit, aucun n’était primitif et que l’une et l’autre dérivaient de l’absolu où se confondent l’objectif et le subjectif.
Il a écrit Weltalter, l'histoire métaphysique de l’absolu ou de dieu, mais qui resta inachevée.
Il a été professeur de philosophie à Iéna, Munich et Berlin.
Finalement Schelling remplaça l’absolu par un Dieu plus personnel dans ses livres Philosophie de la mythologie publié en 1842 et Philosophie de la Révélation publié en 1854.
Victor Cousin, un philosophe français était son ami : Schelling a écrit une préface pour un livre de Cousin.
Œuvres
Idées pour une philosophie de la nature, (1797)
Système de l'idéalisme transcendentale, (1800)
Philosophie et religion, (1804)
Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, (1809)
Les Âges du monde, (1811-1815)
Voir aussi
Le livre « Philosophie de la Révélation », et en particulier la thèse qu’il contient concernant la preuve de l’existence de Dieu, est analysé en détail par le philosophe contemporain Benny Lévy dans « Philosophie de la Révélation ? Schelling, Rosenzweig, Lévinas », in Cahiers d’Etudes Lévinassiennes n°2/2003.
Jean-Marc Rouvière (2006), Brèves méditations sur la création du monde L'Harmattan, Paris. Ce livre évoque la trinité créatrice selon Schelling.
Friedrich Nietzsche
Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philosophe allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken, Prusse, près de Leipzig, et mort le 25 août 1900 à Weimar (Allemagne).
Influencé par: Schopenhauer
A influencé: Ernst Jünger, Georges Bataille, Albert Camus, Cioran, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Hermann Hesse, Martin Heidegger, André Malraux, Thomas Mann, Max Scheler, Peter Sloterdijk, August Strindberg, Paul Valéry
Biographie
Nietzsche naît dans une famille luthérienne. Il perd son père, Karl-Ludwig, à cinq ans (1849) puis son frère, Ludwig Joseph, l'année suivante, ce qui l'affecte profondément. Sa mère le destine tout d'abord à des études de théologie en séminaire pour être pasteur comme son grand-père et son père. Mais il perd la foi et choisit des études classiques de philologie à Pforta, puis monte à Bonn et à Leipzig : « Un autre signe distinctif des théologiens est leur incapacité philologique. J'entends ici par philologie (…) l'art de bien lire, de savoir distinguer les faits, sans les fausser par des interprétations, sans perdre, dans le désir de comprendre, la précaution, la patience et la finesse. » (L'Antéchrist). Pendant ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémisses de sa vocation philosophique. Il lit également Emerson. C'est là aussi qu'il rencontre Wagner. Élève brillant, doué d'une solide éducation classique, Nietzsche est nommé à 25 ans professeur de philologie à l'université de Bâle. Il devient alors apatride (cf. Janz, Nietzsche I, p 230) ayant renoncé à la nationalité prussienne et n'ayant jamais pu faire la demande de la nationalité suisse. Il développe pendant dix ans son acuité philosophique au contact de la pensée de l'antiquité grecque — avec une prédilection pour les Présocratiques, en particulier pour Héraclite et Empédocle, mais il s'intéresse également aux débats philosophiques et scientifiques de son temps (citons par exemple Lange et von Hartmann). Pendant ses années d'enseignement, il se lie d'amitié avec Jacob Burckhardt et Richard Wagner (dont il serait un parent éloigné, selon Janz, in Nietzsche, tome I, I, §2). En 1870, il s'engage comme infirmier volontaire dans la guerre franco-allemande. L'expérience de la violence et de la souffrance le choque profondément.
Vers 1875, Nietzsche commence à se détacher de Wagner, comme on le lit dans sa quatrième considération intempestive ; Wagner le prend de haut et déçoit de plus en plus Nietzsche qui préfère fuir Bayreuth et son milieu qui lui répugne. Quand Wagner reçoit Humain, trop humain, Cosima écrit dans son journal : "Je sais qu'ici le mal a vaincu." En 1878, Nietzsche obtient une pension car son état de santé l'oblige à quitter son poste de professeur. Commence alors une vie errante à la recherche d'un climat favorable aussi bien à sa santé qu'à sa pensée (Venise, Gênes, Turin, Nice - où il sera en même temps que Guyau sans le savoir vers 1888, Sils-Maria…) : « Nous ne sommes pas de ceux qui arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres — notre habitude à nous est de penser en plein air, marchant, sautant, grimpant, dansant (…). » En 1882, il rencontre Paul Rée et Lou Andreas-Salomé qu'il demande en mariage et qui se refuse à lui, après lui avoir fait espérer des sentiments réciproques. Ce refus le désespéra profondément, lui qui, malgré ses critiques contre les femmes, sentait le besoin d'une compagne qui le comprenne. Il comprend alors que sa vie est vouée à la solitude. La même année, il commence à écrire Ainsi parlait Zarathoustra lors d'un séjour à Nice. Nietzsche ne cesse d'écrire avec un rythme accru. Cette période prend brutalement fin le 3 janvier 1889 avec une « crise de folie » qui, perdurant jusqu'à sa mort, le place sous la tutelle de sa mère et de sa sœur. Au début de cette folie, Nietzsche semble s'identifier aux figures mythiques et mystiques de Dionysos et du Christ, symboles pour lui de la souffrance et de ses deux interprétations les plus opposées. Selon le témoignage d'un de ses amis venu le chercher à Turin, Nietzsche est alors encore capable d'improviser au piano de bouleversantes mélodies ; pendant quelque temps, il sera encore capable de tenir des conversations, mais celles-ci, selon son ami Overbeck, sont stéréotypées et Nietzsche ne semble capable que d'évoquer certains souvenirs. Il prononcera encore quelques phrases, comme ce jour où, sur une terrasse ensoleillée, il s'adresse à sa sœur : « N'ai-je pas écrit de beaux livres ? » ; il notera encore quelques phrases plus ou moins cohérentes comme celle-ci : « Maman, je n'ai pas tué Jésus, c'était déjà fait. » Sa mère était en effet très pieuse, et les différends de Nietzsche avec elle en matière de religion remontent à l'adolescence. Puis, au bout de quelques années, il sombre dans un silence presque complet jusqu'à sa mort. Quand Overbeck le revoit pour la dernière fois, en 1892, Nietzsche lui apparaît dans un état végétatif.
Bien des théories ont été répandues sur les causes de sa maladie. Une légende veut par exemple qu'il ait contracté la syphilis. Des études récentes penchent plutôt pour un cancer du cerveau. L'autopsie du père de Nietzsche avait déjà montré la présence d'une tumeur au cerveau, et les témoignages rassemblés par Janz montrent que plusieurs proches de Nietzsche étaient des "originaux", et quelques uns étaient malades des nerfs. On peut donc parler d'une maladie ou d'une disposition héréditaire. Nietzsche a également rapporté le témoignage de sa tante Rosalie, selon laquelle le père de Nietzsche fut soudain atteint de troubles mentaux, qu'il devint incapable de parler, avant de mourir quelques mois plus tard. Certains évoquent le fait que les proches de Nietzsche lui ont fourni des drogues dangereuses pour soigner ses maux de têtes ; il apparaîtrait que ces drogues, non seulement provoquent une dépendance très forte, mais présentent des risques de schizophrénie.
Sa sœur, Elisabeth, fervente admiratrice de Guillaume, puis ayant adhéré au parti nazi et rencontré Hitler, utilisera et manipulera certains extraits de ses textes après sa mort afin de soutenir une cause nationaliste et antisémite. Elle écrivit également un livre sur son frère ; au-delà de la volonté hagiographique de cette œuvre, la critique historique a établi qu'Elisabeth procéda à des falsifications des œuvres de jeunesse, des lettres et des fragments posthumes de son frère. Bien des textes demeurent aujourd'hui encore douteux. Ainsi, lorsque Nietzsche écrit dans un fragment que l'importance de Napoléon est restreinte par les nationalismes qu'il suscita, Elisabeth corrige le texte et lui fait dire que l'importance de Napoléon est justifiée par ces nationalismes. Selon Carol Diethe, biographe de Elizabeth Förster-Nietzsche, cette dernière s'est attaché à se venger de son frère, en le faisant passer pour un antisémite et un précurseur du nazisme, parce que Nietzsche ne lui pardonna jamais d'avoir détruit ses relations avec Lou Andreas-Salomé.
Œuvres
Les philosophes preplatoniciens [cours de Bâle], Éditions de l'éclat, 1994
Introduction à la lecture des dialogues de Platon [cours de Bâle], Éditions de l'éclat, 1991.
Vérité et mensonge au sens extra-moral (inachevé)
La philosophie à l'époque de la tragédie grecque
La Naissance de la tragédie (Die Geburt der Tragödie) (1871)
Considérations inactuelles (Unzeitgemässe Betrachtungen)
Humain, trop humain (Menschliches, Allzumenschliches) (1878)
Aurore (Morgenröte) (1881)
Le Gai Savoir (Die fröhliche Wissenschaft) (1887)
Ainsi parla (ou parlait) Zarathoustra (Also sprach Zarathustra), (1885) (Texte)
Par-delà bien et mal (Jenseits von Gut und Böse) (1886)
Généalogie de la morale (Zur Genealogie der Moral) (1887)
Crépuscule des idoles (Götzen-Dämmerung) (1888)
L'Antéchrist (Der Antichrist) (1888)
Les dithyrambes de Dionysos (1888)
Ecce homo (1888) (Texte)
Le cas Wagner (Der Fall Wagner)
Nietzsche contre Wagner (Nietzsche contra Wagner)
Fragments Posthumes
La Volonté de puissance (recueil par la sœur du philosophe - qui fut par la suite une nazie ; le caractère tendancieux de ce livre est aujourd'hui reconnu et scientifiquement établi) Texte
Études générales
Andler Charles, Nietzsche, sa vie et sa pensée, 3 volumes, Paris, N.R.F. Gallimard, 1958
Andreas-Salomé Lou, Nietzsche, 1932, traduction française Paris, Grasset
Deleuze Gilles, Nietzsche et la philosophie,1962, PUF
Deleuze Gilles, Nietzsche, sa vie, son œuvre, 1965, PUF (Résumé)
Michel Haar, Nietzsche et la métaphysique
Heidegger, Nietzsche
Heidegger, Qui est le Zarathoustra de Nietzsche ?
Angèle Kremer-Marietti, Thèmes et structures dans l'œuvre de Nietzsche, 1957, Lettres Modernes
Kremer-Marietti, Angèle, L'homme et ses labyrinthes. Essai sur Friedrich Nietzsche, 1972, coll.10/18, UGE
Kremer-Marietti, Angèle, Nietzsche et la rhétorique,1992, Presses Universitaires de France
Montebello, Nietzsche, La volonté de puissance
Morel Georges, "Nietzsche. Introduction à une première lecture", 1992, Aubier
Müller-Lauter, Physiologie de la volonté de puissance
Schlechta Karl, Le cas Nietzsche, 1960, Gallimard
Colli, Giorgio, Écrits sur Nietzsche (l'ensemble des préfaces de G. Colli aux œuvres de Nietzsche dont il fut l'éditeur avec Mazzino Montinari), Éditions de l'éclat, 1996.
Colli, Giorgio, Après Nietzsche, Éditions de l'éclat, 1987 (version en [1])
Montinari, Mazzino, "La volonté de puissance" n'existe pas (ensemble d'articles de l'éditeur de Nietzsche démontant les supercheries éditoriales concernant La volonté de puissance), 1994 ([version en ligne: [2])
Wotling, Patrick : Nietzsche et le problème de la civilisation, 1995, PUF, 384p.
Rudolf Steiner : Friedrich Nietzsche, Un homme en lutte contre son temps, Pour la traduction française, Ed. Anthroposophiques Romandes, 1982 (1895 pour l'original allemand)
Richard Wagner
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Richard Wagner
Richard Wagner (22 mai 1813 - 13 février 1883) est un compositeur allemand du XIXe siècle ainsi qu'un important théoricien de la musique. On le connaît surtout pour ses opéras dont les principaux sont en réalité des drames lyriques. L'influence de Wagner sur la musique occidentale, et en particulier dans l'univers de l'opéra qu'il a révolutionné, est immense.
La jeunesse
Richard Wagner naquit à Leipzig le 22 mai 1813. Son père, petit fonctionnaire municipal, mourut six mois après sa naissance. Au mois d'août de l'année 1814, sa mère épousa l'acteur Ludwig Geyer qui pourrait bien être le véritable père de Wagner. Geyer mourut quelques années plus tard, non sans avoir transmis au jeune Richard sa passion pour le théâtre.
Ce dernier nourrit d'abord l'ambition de devenir dramaturge, puis, vers l'âge de quinze ans, découvrit la musique qu'il décida d'étudier en s'inscrivant à l'Université de Leipzig (1831). Parmi les compositeurs qui ont exercé sur lui une influence notable, on peut citer Ludwig van Beethoven.
En 1833, Wagner avait achevé l'un de ses premiers opéras, Les Fées. Cette œuvre, qui imitait nettement le style de Weber, ne serait pas jouée pendant plus d'un demi-siècle. À la même époque, il réussit à décrocher successivement les postes de directeur musical aux opéras de Würzburg et de Magdebourg, ce qui le sortit de quelques ennuis pécuniaires. C'est à cette époque que Wagner écrivit Das Liebesverbot, opéra inspiré d'une pièce de William Shakespeare (Measure for measure). La création eut lieu en 1836, mais l'œuvre fut accueillie avec peu d'enthousiasme.
Un peu plus tard, en 1836, Wagner épousa l'actrice Minna Planer. Le couple emménagea alors à Königsberg puis à Riga, où Wagner occupa le poste de directeur musical. Après quelques semaines, Minna le quitta pour un autre qui la laissa sans le sou. Bien que Wagner acceptât son retour, ce fut le signe annonciateur de la progressive décadence de leur mariage qui se termina dans la souffrance, trente années plus tard.
Avant même 1839, le couple était criblé de dettes et dut fuir Riga pour échapper à ses créanciers (les ennuis d'argent devaient tourmenter Wagner le restant de ses jours). Pendant leur fuite à Londres, ils furent pris dans une tempête qui inspira à Wagner Le vaisseau fantôme. Le couple vécut également quelques années à Paris où Richard gagnait sa vie en réorchestrant les opéras d'autres compositeurs.
Dresde
En 1840, Wagner mit la dernière main à son opéra Rienzi. Il retourna en Allemagne deux ans plus tard pour le faire jouer à Dresde, où il rencontra un succès considérable. Wagner s'installa dans cette ville où il vécut six ans, exerçant avec brio la charge de chef d'orchestre du grand théâtre. Pendant cette période, il composa et mit en scène Le Vaisseau fantôme et Tannhäuser, ses premiers chefs d'œuvres.
Le séjour des Wagner à Dresde dut prendre fin en raison de l'engagement de Richard dans les milieux anarchistes. Dans les États allemands indépendants de l'époque, un mouvement nationaliste commençait à faire entendre sa voix, réclamant davantage de libertés ainsi que l'unification de la nation allemande. Wagner, qui mettait beaucoup d'enthousiasme dans son engagement, recevait fréquemment chez lui des anarchistes, tels que le Russe Bakounine.
Le mécontentement populaire contre le gouvernement saxon, largement répandu, parvint à ébullition en avril 1849, quand le roi Frederic II de Saxe décida de dissoudre le parlement et de rejeter la nouvelle constitution que le peuple lui présentait. En mai, une insurrection — vaguement soutenue par Wagner — éclata. La révolution naissante fut rapidement écrasée par les troupes saxonnes et prussiennes et des mandats d'arrêt furent délivrés contre les révolutionnaires. Wagner fut forcé de fuir, d'abord à Paris, puis à Zurich. Bakounine ne parvint pas à s'échapper et fut emprisonné pour de nombreuses années.
Exil et influences conjuguées de Schopenhauer et Mathilde Wesendonk.
C'est en exil que Wagner passa les douze années suivantes. Ayant achevé Lohengrin avant l'insurrection de Dresde, il sollicita son ami Franz Liszt, le priant de veiller à ce que cet opéra fût joué en son absence. Liszt, en bon ami, dirigea lui-même la première à Weimar, en août 1850.
Wagner se trouvait néanmoins dans une situation très précaire, à l'écart du monde musical allemand, sans revenu et avec fort peu d'espoir de pouvoir faire représenter les œuvres qu'il élaborait. Sa femme Minna, qui avait peu apprécié ses derniers opéras, s'enfonçait peu à peu dans une profonde dépression. Pour couronner le tout, Wagner fut lui-même atteint d'érysipèle, ce qui accrut encore la difficulté de son travail.
Pendant les premières années qu'il passa à Zurich, Wagner produisit un ensemble de remarquables essais (L'œuvre d'art de l'avenir, Opéra et drame) ainsi qu'un ouvrage antisémite, Le judaïsme dans la musique. Avec L' œuvre d'art de l'avenir (1849), il présente une nouvelle conception de l'opéra, la Gesamtkunstwerk ou œuvre d'art totale, dans laquelle la musique, le chant, la danse, la poésie, le théâtre et les arts plastiques sont mêlés de façon indissociable.
Au cours des années qui suivirent, Wagner tomba sur deux sources d'inspiration indépendantes qui allaient le mener à son opéra révéré entre tous, Tristan et Isolde.
La première fut la découverte de la philosophie d'Arthur Schopenhauer. Wagner prétendra plus tard que cette expérience fut le moment le plus important de sa vie. La philosophie de Schopenhauer, axée sur une vision pessimiste de la condition humaine, fut très vite adoptée par Richard Wagner, ses difficultés personnelles n'étant vraisemblablement pas étrangères à cette adhésion. Comme Schopenhauer, il adopta un régime végétarien. Il restera toute sa vie un fervent partisan de Schopenhauer, même quand sa situation personnelle sera moins critique.
Selon Schopenhauer, la musique joue un rôle central parmi les arts car elle est le seul d'entre eux qui n'ait pas trait au monde matériel. Cette opinion trouva un écho en Wagner qui l'adopta très vite, malgré l'incompatibilité apparente avec ses propres idées selon lesquelles c'est la musique qui est au service du drame. Quoi qu'il en soit, de nombreux aspects de la doctrine de Schopenhauer transparaîtront dans ses livrets ultérieurs : Hans Sachs, le poète cordonnier des Maîtres Chanteurs, est une création typiquement schopenhauerienne.
La seconde source d'inspiration de Wagner fut le poète et écrivain Mathilde Wesendonck, la femme du riche commerçant Otto von Wesendonck. Il rencontra le couple à Zurich en 1852. Otto, grand admirateur de Wagner, mit à sa disposition une petite maison de sa propriété. Au bout de quelques années, Wagner s'était épris de Mathilde. Bien que ces sentiments fussent réciproques, Mathilde n'avait nullement l'intention de compromettre son mariage. Aussi tenait-elle son mari informé de ses contacts avec Wagner. Néanmoins, l'on ne saura jamais si cette liaison restera platonique ou eut une ou deux fois un début de concrétisation. Quoi qu'il en soit, Wagner n'en laissa pas moins de côté, brusquement, la composition de la tétralogie - qu'il ne reprendrait que douze ans plus tard - pour commencer à travailler sur Tristan et Isolde, oeuvre issue d'une crise psychosomatique déclenchée par cet amour non réalisable, et correspondant à la perfection au modèle romantique de l'oeuvre inspirée par les sentiments contrariés. Du reste, deux des ravissants "Wesendonck Lieder", "Traüme" et "Im Treihaus", composés sur les poèmes de Mathilde, seront repris, étoffés, dans "Tristan": "Traüme" donnera "Descend sur nous nuit d'extase" et "Im Treibhaus" l'inquiétant prélude du troisième acte et ses sombres accords confiés aux violoncelles et contrebasse.
En 1858, Minna intercepta une lettre de Wagner à Mathilde. Wagner, après la confrontation qui s'ensuivit, quitta Zurich pour Venise. Il retourna à Paris l'année suivante afin de superviser la mise en scène d'une adaptation de Tannhäuser dont la création, en 1861, provoqua un scandale. Les représentations à venir furent alors annulées et Wagner quitta la ville précipitamment.
Quand il put enfin retourner en Allemagne, il s'installa à Biebrich, en Prusse, où il commença à travailler sur les Maîtres Chanteurs de Nuremberg. Cet opéra est de loin son œuvre la plus joyeuse. Sa seconde femme Cosima écrira plus tard : « Puissent les générations futures, en cherchant du rafraîchissement dans cette œuvre unique, avoir une petite pensée pour les larmes qui ont mené à ces sourires ! ». En 1862, Wagner se sépara finalement de Minna, mais il continuera de la soutenir financièrement jusqu'à sa mort en 1866 (ou du moins ses créanciers le feront-ils).
Sous le patronage du roi Louis II de Bavière
La carrière de Wagner prit un virage spectaculaire en 1864, lorsque le roi Louis II accéda au trône de Bavière à l'âge de 18 ans. Le jeune roi, qui admirait les opéras de Wagner depuis son enfance, fit venir le compositeur à Munich, régla ses considérables dettes et s'arrangea pour que son nouvel opéra puisse être représenté. Malgré les énormes difficultés rencontrées lors des répétitions, la création de Tristan et Isolde le 10 juin 1865 fut un succès retentissant.
Pendant ce temps, Wagner se trouvait mêlé à une nouvelle affaire qui concernait sa liaison avec Cosima von Bülow. Celle-ci était la femme d'un fervent partisan de Wagner : Hans von Bülow, le chef d'orchestre qui avait dirigé la création de Tristan. Fille de Franz Liszt et de la célèbre comtesse Marie d'Agoult, elle était de 24 ans la cadette de Wagner. En avril 1865, elle accoucha d'une fille illégitime qui fut prénommée Isolde. La nouvelle s'ébruita rapidement et scandalisa tout Munich. Pour ne rien arranger, Wagner était tombé en disgrâce parmi les membres de la cour qui le soupçonnaient d'influencer le jeune roi. En décembre 1865, Louis II fut contraint de demander au compositeur de quitter Munich. Il aurait caressé un instant l'idée d'abdiquer son pouvoir pour suivre son héros en exil, mais Wagner l'en aurait rapidement dissuadé.
Celui-ci s'installa alors à Triebschen, près de Lucerne, sur les bords du lac des Quatre-Cantons. Son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg fut terminé en 1867 et créé à Munich le 21 juin de l'année suivante. En octobre, Cosima réussit finalement à convaincre son mari d'accepter le divorce. Le 25 août 1870, elle épousa Wagner qui, quelques mois plus tard, lui offrit l' Idylle de Siegfried à l'occasion de son anniversaire.
Ce mariage dura jusqu'à la mort du compositeur. Ils eurent une autre fille, Eva, et un fils prénommé Siegfried.
Bayreuth
Une fois installé dans sa nouvelle vie de famille, Wagner mit toute son énergie à terminer la tétralogie. Devant l'insistance de Louis II, on donna à Munich des avant-premières de l'Or du Rhin et de La Walkyrie, mais Wagner tenait quant à lui à ce que le cycle complet fût représenté dans un opéra spécialement conçu à cet effet.
En 1871, il choisit la petite ville de Bayreuth pour accueillir sa nouvelle salle d'opéra. Les Wagner s'y rendirent l'année suivante : on posa la première pierre du Festspielhaus (Palais des festivals). Afin de rassembler les fonds pour la construction, le compositeur entreprit une tournée de concerts à travers l'Allemagne, et diverses associations de soutien furent créées dans plusieurs villes. Il fallut cependant attendre une donation du roi Louis II, en 1874, pour que l'argent nécessaire fût enfin rassemblé. Un peu plus tard dans l'année, les Wagner emménagèrent à Bayreuth dans une villa que Richard surnomma « Wahnfried ».
Le Festspielhaus ouvrit ses portes au mois d'août 1876 à l'occasion de la création de la tétralogie. D'illustres invités l'honorèrent de leur présence : citons notamment l'empereur Guillaume II, l'empereur Pierre II du Brésil, le roi Louis - qui resta incognito -, ainsi que des compositeurs aussi accomplis qu'Anton Bruckner, Edvard Grieg, Piotr Ilitch Tchaïkovski, ou Franz Liszt.
D'un point de vue artistique, ce festival fut un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y avait assisté en tant que correspondant russe, écrivit : « Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance ». Financièrement, ce fut cependant un désastre absolu. Wagner dut renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tenta de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres.
Les dernières années
En 1877, Wagner s'attela à son dernier opéra, Parsifal. La composition lui en prit quatre ans, durant lesquels il écrivit également une série d'essais réactionnaires sur la religion et l'art.
Il mit la dernière main à Parsifal en janvier 1882, et le fit représenter lors du second Festival de Bayreuth. Pendant l'acte III de la seizième et dernière représentation, le 29 août, le chef Hermann Levi fut victime d'une indisposition. Wagner entra discrètement dans la fosse d'orchestre, prit la baguette et dirigea l'œuvre jusqu'à son terme.
À cette époque, Wagner était gravement malade. Après le festival, la famille Wagner vo</

Emmanuel Kant (Immanuel en allemand) est un philosophe allemand. Il est né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse orientale (aujourd'hui Kaliningrad, enclave russe), et y est mort le 12 février 1804.
Idées remarquables: Criticisme, Limite/Borne, Impératif catégorique, Chose en soi
Influencé par: Descartes, Spinoza, Locke, Leibniz, Hume, Rousseau
A influencé: Fichte, Hegel, Schopenhauer, Husserl, Heidegger, Habermas
Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse orientale (actuellement Kaliningrad, en Russie) dans un milieu modeste et particulièrement pieux. Il fréquente tout d’abord un collège dirigé par un pasteur piétiste puis entame des études universitaires. Il étudie la physique, les sciences naturelles, les mathématiques et la philosophie. En 1747, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour s’engager comme précepteur. Dès 1755, il commence à enseigner à l’université de Königsberg, tout d’abord en tant que « Privatdozent » (enseignant payé par ses élèves), puis, à partir de 1770, en tant que professeur titulaire. Kant fut le premier grand philosophe à donner un enseignement universitaire régulier. Ses cours, tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques, logique, géographie, théologie, pédagogie, droit, anthropologie, métaphysique... Kant consacra sa vie entière à l’étude et à l’enseignement : « Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser (...).
En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition verra le jour en 1787. En 1788, est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres oeuvres majeures (Fondation de la métaphysique des moeurs, Vers la paix perpétuelle entre autres) sont écrites à cette période.
Professeur devenu célèbre, même s’il ne fut pas toujours compris, il meurt en 1804 à Königsberg.
Sa légendaire sédentarité (il ne quitta presque jamais Königsberg) ne l’empêcha toutefois pas d’être attentif aux mouvements du monde, comme en témoignent ses nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il recevait également chaque jour de nombreux amis à dîner.
On raconte que sa promenade quotidienne ne fut durant toute sa vie troublée que deux fois : la première lorsqu’il découvrit Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau ; la seconde, lorsqu’il alla au-devant du courrier portant des nouvelles de la Révolution française.
Bibliographie
Œuvres principales:
Essai sur les maladies de la tête (1764).
Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764).
De la forme et des principes du monde sensible et du monde intelligible (Dissertation de 1770) (1770).
Critique de la raison pure(1781) Trad. J. Barni - 1869
Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science (1783).
Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique (1784).
Réponse à la question : « Qu'est-ce que les Lumières ? » (1784).
Fondation de la métaphysique des mœurs (1785).
Compte rendu de l'ouvrage de Herder : Idées sur la philosophie de l'histoire de l'humanité (1785).
Définition du concept de race humaine (1785)..
Conjecture sur les débuts de l'histoire de l'humanité (1786).
Sur le : « Principe du droit naturel » de Hufeland (1786).
Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? (1786).
Seconde édition de la Critique de la raison pure (1787).
Critique de la raison pratique "Trad. J.Barni - 1848"(1788).
Sur l'usage des principes théologiques en philosophie (1788).
Première introduction à la Critique de la faculté de juger (1789).
Critique de la faculté de juger (1790)
Sur le mal radical (1792).
La religion dans les limites de la simple raison (1793) Trad. Tremesaygues A. - 1913.).
Vers la paix perpétuelle (1795).
traduction française[1]
traduction anglaise[2]
La Doctrine du droit, première partie de la Métaphysique des mœurs (1796).
Doctrine de la vertu, seconde partie de la Métaphysique des mœurs (1797).
Sur un prétendu droit de mentir par humanité (1797), dans Le droit de mentir, Kant/Constant, commentaires de Cyril Morana, Mille et une nuits, 2003
Conflit des facultés (1798).
Anthropologie d'un point de vue pragmatique (1798).
Logique (publiée en 1800).
Géographie physique (publiée par Rink en 1802).
Pédagogie (publiée par Rink en 1803) Trad. J.Barni 1886 - Préface Thamin R..
Etudes sur Kant
Eric Weil, Problèmes kantiens, Paris, J. Vrin, 1990(2eme éd.).
Alexis Philonenko, L'œuvre de Kant, Tome 1, La philosophie pré-critique et la critique de la raison pure, Paris, J. Vrin, 1993(5e éd.).
Alexis Philonenko, L'œuvre de Kant, tome 2, Morale et politique, Paris, Vrin, .
Gilles Deleuze, La philosophie critique de Kant, Paris, Presses universitaires de France, 1997(1ere éd. : 1963).
Michel Puech, Kant et la causalité, Paris, Vrin, 1990
Mai Lequan, La philosophie morale de Kant, Paris, Éd. du Seuil, 2001.
Monique Castillo, Kant, l'invention critique, Paris, Vrin, 1997.
Victor Delbos, La philosophie pratique de Kant, Paris, Impr. des Presses universitaires de France, libr. Félix Alcan, 1926(2eme éd.).
Heidegger, Kant et le problème de la métaphysique, Paris, Gallimard, 1953.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (27 août 1770 - 14 novembre 1831) est un philosophe allemand dont l'œuvre est considérée comme le sommet de l’idéalisme de cette époque.
Œuvres principales: Phénoménologie de l'esprit
Influencé par: Kant
A influencé: Feuerbarch, Marx
Hegel est né à Stuttgart, en 1770, fils d’un fonctionnaire à la Cour des comptes du duc de Wurtemberg. Il fit ses études au Gymnasium de sa ville natale. À 18 ans, il entre au séminaire de Tübingen et étudie la philosophie, l’histoire, la théologie, le latin, le grec. Il fait la connaissance de Hölderlin et de Schelling, avec qui il partage une passion pour la Grèce. À cette époque, l’essentiel de ses pensées semble s’orienter vers la religion, puis de plus en plus vers la politique.
Il obtient son magister de philosophie en 1790 ; en 1793, il passe les examens de théologie, mais devient ensuite précepteur à Berne. En 1797, il est précepteur à Francfort-sur-le-Main. Il traverse alors une crise philosophique en concevant l’impossibilité de retrouver l’harmonie politique grecque dans la civilisation européenne moderne.
Il devient privat docent à l’université de Iéna en 1801 et enseigne la pensée de Schelling : il écrit la Différence entre les systèmes de Fichte et de Schelling, qui est une prise de position pour le deuxième contre le premier. Avec Schelling, il fonde le Journal critique de philosophie. Mais l’époque de Iéna est avant tout celle d’un tournant : Hegel se sépare de la philosophie schellingienne, rupture consacrée par la préface de la Phénoménologie de l'esprit qui paraît en 1807.
L’arrivée de Napoléon à Iéna interrompt les activités universitaires ; Hegel part à Bamberg et devient le directeur d’un petit journal de cette ville. En 1808, il est recteur du lycée de Nuremberg ; il rédige et publie alors La Science de la logique. En 1816, il accepte la chaire de l’université d'Heidelberg. En 1818, il occupe la chaire de Fichte à Berlin et enseigne sa propre philosophie, en approfondissant plusieurs parties de son Encyclopédie des sciences philosophiques : la philosophie du droit, de l’histoire, de la religion, l’histoire de la philosophie, etc. En 1831, une épidémie de choléra décime l’Europe : Hegel meurt le 14 novembre.
Doctrine
La philosophie de Hegel est une philosophie de l’esprit absolu et de son déploiement dialectique qui constitue la réalité et son devenir. Cette dialectique a pu être considérée comme une théologie de l’histoire, mais elle a également donné lieu à de nombreuses interprétations contradictoires du fait de sa difficulté.
Cette philosophie est essentiellement déterminée par la notion de dialectique, qui est tout à la fois un concept, un principe d’intelligibilité, et, selon Hegel, le mouvement réel qui gouverne les choses du monde. La pensée hégélienne est donc la compréhension de l’histoire de ce qu’il appelle l’Idée, Idée qui, après s’être extériorisée dans la nature, revient en elle-même en niant cette altérité pour s’intérioriser, s’approfondir et se réaliser dans des formes culturelles (suivant une hiérarchie formelle d’un contenu identique : art, religion et philosophie). D’un point de vue très général, c’est donc une pensée qui veut concilier les opposés qui apparaissent, par la conciliation des philosophies de l’Être et des philosophies du devenir. En effet, avec la dialectique, ces oppositions cessent d’être figées puisque le mouvement d’une chose est d’être posée, puis de passer dans son contraire, et ensuite de réconcilier ces deux états. Ainsi, l’être n’est-il pas le contraire du Néant ; l’être passe dans le néant, le néant dans l’être, et le devenir en est le résultat : « Le néant, en tant que ce néant immédiat, égal à soi-même, est de même, inversement, la même chose que l’être. La vérité de l’être, ainsi que du néant, est par suite l’unité des deux ; cette unité est le devenir. » (La Science de la logique)
Cette histoire trouve alors son sommet dans l’État, où l’Idée s’accomplit dans une organisation juridique capable de réaliser la liberté qui est son essence, i.e. ce qu’elle était déjà en germe. L’État est ainsi l’Idée qui se concrétise dans une société humaine, dans un peuple dont l’Idée est l’esprit, et qui est menée à son terme par le grand homme. Mais cet achèvement étant atteint, c’est la philosophie qui réalise pleinement la liberté : parvenu au savoir absolu, à la liberté du concept, la philosophie reprend en effet la totalité du savoir, i.e. l’ensemble des moments du processus, et se constitue par ce moyen comme science, comme savoir absolu de l’être.
On voit donc que, pour Hegel, l’histoire s’achève avec son époque : tout ce développement dialectique, réalisé dans l’État, dans l’art, la religion, la philosophie, dans l’ensemble des institutions humaines qui expriment le travail du concept, trouve sa vérité et son accomplissement à l’époque de Hegel et dans ses livres… Cette volonté de clôture de l’histoire a engendré de violentes critiques (voir par exemple Nietzsche).
Étant donnée cette dialectique de la totalité, i.e. le fait que la philosophie comprend la totalité du réel, Hegel reprend en un système le savoir de son temps, système où tous les concepts sont liés dans un ensemble organique. L'œuvre capitale de Hegel est de ce point de vue l’Encyclopédie des sciences philosophiques, dont le plan est l’architecture du système de la philosophie. Il est composé de trois parties :
La Science de la logique, science de l’idée en soi et pour soi dans l’élément abstrait de la pensée ;
la philosophie de la nature, science de l’Idée dans ce qui constitue son devenir autre ;
la Philosophie de l’esprit, science de l’Idée retournant à soi.
Puisque tous les aspects de la réalité sont selon Hegel l’expression d’un mouvement dialectique, on ne doit pas séparer les domaines d’études : l’ensemble des chapitres de cet article n’est pas un découpage qui appartient à la pensée de Hegel, mais une présentation successive de quelques aspects que l’on doit comprendre ensemble : histoire, morale, droit, art, religion, philosophie.
Oeuvres
La Positivité de la religion chrétienne (1796)
La Vie de Jésus (1796)
Fragment de système (1797)
L’Esprit du christianisme et son destin (1797)
Constitution de l’Empire allemand (1801)
Dissertatio philosophica de orbitis planetarum (1801)
Différence entre les systèmes de Fichte et Schelling (1801)
Foi et savoir
Sur les façons de traiter scientifiquement du droit naturel
Phénoménologie de l'esprit (1807)
Propédeutique philosophique (cours de Bamberg)
La Science de la logique (la logique objective), premier livre du premier tome : L’Être (1812)
La Doctrine de l’essence, second livre du premier tome de la Science de la logique (1813)
Science de la logique subjective, ou doctrine du concept, second tome de la logique (1816)
Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé (1817)
Principes de la philosophie du droit ou droit naturel et science de l’État en abrégé (1821)
La Raison dans l'histoire (1821)
Encyclopédie des sciences philosophiques, forme plus étendue de la précédente (1827), composée de :
Tome I : la Science de la logique
Tome II : Philosophie de la nature (Première traduction française disponible sur Gallica)
Tome III : Philosophie de l’esprit
Cours publiés à titre posthume :
Leçons sur la philosophie de l'histoire
Leçons sur l'histoire de la philosophie
Leçons sur l'esthétique
Leçons sur la philosophie de la religion
Études
Hegel, François Châtelet, Seuil, collection "Les Écrivains de toujours"
Introduction à la philosophie de l’histoire de Hegel, Jean Hyppolite
Genèse et Structure de la Phénomenologie de l'Esprit, Jean Hyppolite
Hegel secret. Recherches sur les sources cachées de la pensée de Hegel, Jacques D'Hondt
Hegel ou de la Raison intégrale, suivi de : « Aimer Penser Mourir : Hegel, Nietzsche, Freud en miroirs », Jean-Luc Gouin, Bellarmin
La pensée politique de Hegel, Bernard Bourgeois
Hegel, philosophe de l'histoire vivante, Jacques D'Hondt
Sujet-Objet. Eclaircissement sur Hegel, Ernst Bloch
Le jeune Hegel, Georg Lukács
Introduction à la lecture de Hegel, Alexandre Kojève
L'Esthétique de Hegel, Véronique Fabbri

Arthur Schopenhauer est un philosophe allemand, né le 22 février 1788 à Dantzig (ancienne Prusse et actuelle Pologne), mort le 21 septembre 1860 à Francfort-sur-le-Main.
Biographie
Destiné à une carrière commerciale par son père, il fait, avec lui, de nombreux voyages dans toute l'Europe. À la mort de ce dernier, en 1806, il étudie successivement la littérature, la médecine, la philosophie ; sa mère Johanna ouvre un salon littéraire à Weimar et écrit des romans. Il assiste en 1810 aux cours de Fichte à Berlin et se révèle assez critique vis-à-vis de celui-ci. Sur les bancs de l'université de Göttingen, il rencontre Heinrich Reiss, dont il devient l'ami. En 1813, il soutient sa thèse dont le titre est La Quadruple Racine du principe de raison suffisante à l'université d'Iéna. La même année, il rencontre Goethe à Weimar avec qui il discute de la théorie des couleurs. En 1814, il se brouille avec sa mère et emménage seul à Dresde. En 1819, il est chargé de cours à l'université de Berlin où enseignait Hegel qu'il critique vigoureusement et qui occupait toute l'attention philosophique dans l'Allemagne du XIXe siècle (il choisit d'ailleurs de faire cours à la même heure qu'Hegel). Il démissionnera au bout de six mois. C'est seulement vers la fin de sa vie que l'importance de son œuvre est reconnue, et que l'attention des philosophes se détourne presque entièrement de la philosophie de Hegel. Il publie pour la première fois en 1819 Le Monde comme volonté et comme représentation (puis 2e édition en 1844, et 3e en 1859) où le principe est que « La volonté singulière d'un individu n'a qu'une existence illusoire, elle est de toutes parts immergée dans le jeu infini et absurde d'une réalité qui la dépasse et finit par la détruire. ». Les deux premières éditions sont des échecs éditoriaux. En 1825, il arrive à vivre de ses rentes. Il retourne à Francfort en 1833.
Il a également publié Parerga et Paralipomena (1851).
Sources
La philosophie de Schopenhauer s'inspire de celles d'Emmanuel Kant, de Platon et des religions indiennes (le védanta et le bouddhisme, que l'Europe venait de découvrir).
Position [modifier]
La philosophie de Schopenhauer peut se rattacher à un idéalisme athée, mais tient une place à part. Schopenhauer se réfère à Platon et se place en héritier de Kant, mais aussi en opposition de tous les post-kantiens de son époque. Il ne rate jamais en effet, une occasion de ridiculiser les idées de Fichte, Hegel et Schelling, qu’il exclut de la filiation de la philosophie kantienne.
Influences [modifier]
Cette philosophie a eu une influence importante sur certains écrivains, philosophes ou artistes du XIXe siècle et du XXe siècle : Guy de Maupassant, Friedrich Nietzsche, Richard Wagner, Léon Tolstoï, Sigmund Freud, Joaquim Maria Machado de Assis, de manière générale le décadentisme, Marcel Proust, Thomas Mann, Fedor Dostoïevski, Henri Bergson, Ludwig Wittgenstein, André Gide, Émile Michel Cioran, ainsi que de nos jours Michel Houellebecq. Sa vision pessimiste et absurde du monde préfigure également l'existentialisme.
Oeuvres
De la quadruple racine du principe de raison suffisante (Über die vierfache Wurzel des Satzes vom zureichenden Grunde), 1813
Sur la vue et les couleurs (Über das Sehn und die Farben), 1816
Le Monde comme Volonté et comme Représentation (Die Welt als Wille und Vorstellung), 1818/1819, vol.2 1844
L'Art d'avoir toujours raison (1830-1831)
La Volonté dans la nature Über den Willen in der Natur, 1836
Parerga et Paralipomena (1851) (Parerga und Paralipomena)
Essai sur le libre arbitre (Über die Freiheit des menschlichen Willens), 1839
Le Fondement de la morale Über die Grundlage der Moral, 1840
Nachlassband von Julius Frauenstedt, 1864
Aphorismes sur la sagesse dans la vie (Aphorismen zur Lebensweisheit), 1886 ?

Friedrich Hölderlin est un poète romantique allemand né le 20 mars 1770 et décédé le 6 juin 1843. Il est considéré comme un des plus grands poètes lyriques de langue allemande. Ses œuvres mêlent classicisme et thèmes chrétiens. Son roman Hypérion (1797-99), l'essentiel de ses écrits, exprime sa fascination pour la Grèce antique.
Il est écrivain pendant à peu près dix ans. Durant sa vie, Hölderlin ne connaît ni stabilité ni bonheur, selon lui: il manque d'argent et de reconnaissance. Les suspicions de la société à son encontre dans une affaire amoureuse avec une femme mariée le conduisent finalement à la folie (Je suis mortel, né pour l'amour et pour souffrir). Il rejette l'habituelle acceptation idéaliste de la félicité, pour lui le plaisir existe, mais c'était de l'eau tiède sur la langue.
Né à Laufenn, Neckar, Württemberg, Hölderlin perd à l'âge de deux ans son père, administrateur au monastère local; quelques années après, sa mère, Johanna Christina Hölderlin, se marie avec le gouverneur de Nürtingen. A l'âge de quatorze ans Hölderlin commence à écrire des poèmes, lus par ses amis à l'école et par ses professeurs. A partir de 1788, à l'université de Tübingen, il étudie la théologie et obtient un titre de master. Pendant cette période il devient l'ami de Friedrich Wilhelm Hegel (1770-1831) et ensemble ils partagent leur grande admiration pour la Révolution Française.
En 1793 il est présenté à Friedrich von Schiller, qui publie certains de ses poèmes, et il travaille comme précepteur à Waltershausen. Un tournant décisif dans sa vie est l'obtention d'un poste dans une maison appartenant à un richissime banquier de Francfort, Jakob Gontard. Hölderlin vit une histoire d’amour, certes platonique, la plus grande déception de sa vie, avec la femme de son employeur, Susette Gontard, qu'il appelle Diotima dans ses poèmes. Leur bonheur est de courte durée, car brisé par le mari. Pourtant, ils continuent à correspondre et à se rencontrer secrètement. Ils se voient pour la dernière fois en 1800. Les lettres de Suzette adressées au poète, et conservées, renseignent assez précisément sur ce qu'a pu être cet amour, plus mystique que physique.
Les plus grands poètes lyriques, comme Hölderlin ou Keats, sont des hommes en qui le pouvoir mythique de perception se brise encore vers son intensité extrême et son pouvoir d'objection... (Ernst Cassirer dans Language and Myth, 1946)
Fatigué de ses déboires amoureux, il quitte Francfort en 1798. Survient alors une période d'intense créativité, avec ses grandes élégies et le second volume d'Hypérion. Il écrit également des textes philosophiques et une tragédie, "Der tod des Empedokles", restée inachevée. Dans la conclusion de son grand hymne 'Patmos', le poète nomme la "cultivation de la lettre bien établie et l'interprétation de ce qui est" comme la fonction majeure du poète. Peu avant son départ pour la France, Hölderlin déclare : "Maintenant je peux rejoindre une nouvelle vérité, une meilleure vision en grande partie sur nous-mêmes et de ce qui nous entoure, en pensant que j'ai peur de ces choses qui peuvent éventuellement s'associer à moi comme pour l'ancien Tantale, qui a reçu des dieux plus qu'il ne pouvait en digérer." Après avoir tenu un bref emploi de précepteur à Bordeaux, Hölderlin retourne en 1802 en Allemagne. Malheureusement, ce voyage effectué à pied accentue son état de schizophrénie. De retour à Nürtingen il apprend la mort de Suzette, et en 1805 sa santé mentale se dégrade totalement. Pendant ces périodes, quand il regagne assez de lucidité pour écrire, il traduit des tragédies de Sophocle.
Les 36 dernières années de la vie d'Hölderlin se déroulent sous l'ombre de la folie, dans une maison de repos, à Tübingen. Il meurt le 7 juin 1843. Les derniers poèmes d'Hölderlin dits acceptables sont Brod und Wein, une élégie célébrant à la fois Jésus et Dionysos, Der Archipelagus, une ode d'espoir que l'Allemagne moderne se dirigera vers le caractère de la Grèce antique, Heidelberg et Der Rhein, des odes sur la ville et le fleuve, et le patriotique Germanien. En 1831 Friedrich Nietzsche écrit un enthousiaste essai sur Hölderlin, son "poète favori", très largement oublié en ce temps. En 1874 paraît un recueil de ses œuvres, Ausgewählte Werke. Le début du vingtième siècle commence à reconnaître le plus grand poète allemand après Goethe.Heidegger a été profondément influençé par le poète, il publie en 1971 un essai intitulé Approche de Hölderlin ou il expose les rapports fondamentaux entre philosophie et poésie.
Hölderlin n'est pas directement affilié aux deux principaux mouvements littéraires de son époque, le Classicisme Weimar ou le Romantisme, mais sa pensée reflète des éléments communs avec les deux. Dans son utilisation classique des vers, de la forme et de la syntaxe, Hölderlin est le successeur de Friedrich Klopstock (1724-1803), qui tente de développer pour la langue allemande une perfection classique, qui la placerait à l'égalité du Grec et du Latin. Hölderlin partage l'amour des classicistes de "edlen Einfalt und stillen Grösse" (la noble simplicité et la magnificence du calme), formulé par Johann Winckelmann (1717-1768), et qui y ajoute son sens mystique de la nature et des éléments du Panthéon et des images christiques. Comme William Blake et W. B. Yeats, il explore la cosmologie et l'histoire pour trouver un sens en ce monde incertain. Hölderlin joue aussi un rôle important dans le développement de la philosophie à partir de Kant et de Hegel, et participe à la formation de l'Idéalisme Allemand.
La poésie de Hölderlin fascine également le philosophe allemand Martin Heidegger (1889-1976) qui a écrit: "La Poésie est l'établissement de l'Etant par les moyens du monde". Les essais d'Heidegger sur Hölderlin (1936) sont traduits dans Existence et Etant par W. Brock (1949). Nietzsche se montra vivement intéressé par Hölderlin, mais cela fut sans prolongement, jusqu'aux décadences du monde d'après guerre en Allemagne, jusqu’à ce que le poète reçoive une plus grande attention, en partie due à l'enthousiasme de Norbert von Hellingrath. Dans ses lectures des années 1930, Heidegger considère Hölderlin, en tant que poète, comme le réveilleur national des consciences, un prophète du futur latent d'une nation. "Les poètes se sont élevés pour la plupart au commencement ou à la fin d'une ère", dit lui-même une fois Hölderlin. Il est énormément célébré durant le Troisième Reich en 1943, et ses œuvres regroupées sont publiées en quatre volumes. Ironiquement, le héros de Hölderlin dans Hypérion quitte sa maison et sa patrie, parce que la loi du despotisme s'y applique...
Œuvres
Hymnes et autres poèmes (1796-1804)
Hypérion ou l'Hermite en Grèce (1797-99)
Poèmes ((1806-1843)
Traductions de Pindare, Sophocle : Antigone, Œdipe.

Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, philosophe allemand, né le 27 janvier 1775 à Leonberg près de Stuttgart, décédé le 20 août 1854 à Bad Ragaz en Suisse.
Il fut un des représentants de l'idéalisme allemand à l’époque du romantisme.
Influencé par Kant et Fichte, il professa une philosophie de la nature dans son livre Système de l’idéalisme transcendantal publié en 1800. Cet idéalisme dit objectif accorde à la nature une réalité équivalente à celle du moi.
Il fut ensuite intéressé par Spinoza et G. Bruno et exposa une philosophie de l'identité avec son livre Bruno : Dialogue sur le principe divin et le principe naturel des choses publié en 1802. Il pensait, que de la nature ou de l’esprit, aucun n’était primitif et que l’une et l’autre dérivaient de l’absolu où se confondent l’objectif et le subjectif.
Il a écrit Weltalter, l'histoire métaphysique de l’absolu ou de dieu, mais qui resta inachevée.
Il a été professeur de philosophie à Iéna, Munich et Berlin.
Finalement Schelling remplaça l’absolu par un Dieu plus personnel dans ses livres Philosophie de la mythologie publié en 1842 et Philosophie de la Révélation publié en 1854.
Victor Cousin, un philosophe français était son ami : Schelling a écrit une préface pour un livre de Cousin.
Œuvres
Idées pour une philosophie de la nature, (1797)
Système de l'idéalisme transcendentale, (1800)
Philosophie et religion, (1804)
Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, (1809)
Les Âges du monde, (1811-1815)
Voir aussi
Le livre « Philosophie de la Révélation », et en particulier la thèse qu’il contient concernant la preuve de l’existence de Dieu, est analysé en détail par le philosophe contemporain Benny Lévy dans « Philosophie de la Révélation ? Schelling, Rosenzweig, Lévinas », in Cahiers d’Etudes Lévinassiennes n°2/2003.
Jean-Marc Rouvière (2006), Brèves méditations sur la création du monde L'Harmattan, Paris. Ce livre évoque la trinité créatrice selon Schelling.

Friedrich Wilhelm Nietzsche est un philosophe allemand né le 15 octobre 1844 à Röcken, Prusse, près de Leipzig, et mort le 25 août 1900 à Weimar (Allemagne).
Influencé par: Schopenhauer
A influencé: Ernst Jünger, Georges Bataille, Albert Camus, Cioran, Jacques Derrida, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Hermann Hesse, Martin Heidegger, André Malraux, Thomas Mann, Max Scheler, Peter Sloterdijk, August Strindberg, Paul Valéry
Biographie
Nietzsche naît dans une famille luthérienne. Il perd son père, Karl-Ludwig, à cinq ans (1849) puis son frère, Ludwig Joseph, l'année suivante, ce qui l'affecte profondément. Sa mère le destine tout d'abord à des études de théologie en séminaire pour être pasteur comme son grand-père et son père. Mais il perd la foi et choisit des études classiques de philologie à Pforta, puis monte à Bonn et à Leipzig : « Un autre signe distinctif des théologiens est leur incapacité philologique. J'entends ici par philologie (…) l'art de bien lire, de savoir distinguer les faits, sans les fausser par des interprétations, sans perdre, dans le désir de comprendre, la précaution, la patience et la finesse. » (L'Antéchrist). Pendant ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémisses de sa vocation philosophique. Il lit également Emerson. C'est là aussi qu'il rencontre Wagner. Élève brillant, doué d'une solide éducation classique, Nietzsche est nommé à 25 ans professeur de philologie à l'université de Bâle. Il devient alors apatride (cf. Janz, Nietzsche I, p 230) ayant renoncé à la nationalité prussienne et n'ayant jamais pu faire la demande de la nationalité suisse. Il développe pendant dix ans son acuité philosophique au contact de la pensée de l'antiquité grecque — avec une prédilection pour les Présocratiques, en particulier pour Héraclite et Empédocle, mais il s'intéresse également aux débats philosophiques et scientifiques de son temps (citons par exemple Lange et von Hartmann). Pendant ses années d'enseignement, il se lie d'amitié avec Jacob Burckhardt et Richard Wagner (dont il serait un parent éloigné, selon Janz, in Nietzsche, tome I, I, §2). En 1870, il s'engage comme infirmier volontaire dans la guerre franco-allemande. L'expérience de la violence et de la souffrance le choque profondément.
Vers 1875, Nietzsche commence à se détacher de Wagner, comme on le lit dans sa quatrième considération intempestive ; Wagner le prend de haut et déçoit de plus en plus Nietzsche qui préfère fuir Bayreuth et son milieu qui lui répugne. Quand Wagner reçoit Humain, trop humain, Cosima écrit dans son journal : "Je sais qu'ici le mal a vaincu." En 1878, Nietzsche obtient une pension car son état de santé l'oblige à quitter son poste de professeur. Commence alors une vie errante à la recherche d'un climat favorable aussi bien à sa santé qu'à sa pensée (Venise, Gênes, Turin, Nice - où il sera en même temps que Guyau sans le savoir vers 1888, Sils-Maria…) : « Nous ne sommes pas de ceux qui arrivent à former des pensées qu'au milieu des livres — notre habitude à nous est de penser en plein air, marchant, sautant, grimpant, dansant (…). » En 1882, il rencontre Paul Rée et Lou Andreas-Salomé qu'il demande en mariage et qui se refuse à lui, après lui avoir fait espérer des sentiments réciproques. Ce refus le désespéra profondément, lui qui, malgré ses critiques contre les femmes, sentait le besoin d'une compagne qui le comprenne. Il comprend alors que sa vie est vouée à la solitude. La même année, il commence à écrire Ainsi parlait Zarathoustra lors d'un séjour à Nice. Nietzsche ne cesse d'écrire avec un rythme accru. Cette période prend brutalement fin le 3 janvier 1889 avec une « crise de folie » qui, perdurant jusqu'à sa mort, le place sous la tutelle de sa mère et de sa sœur. Au début de cette folie, Nietzsche semble s'identifier aux figures mythiques et mystiques de Dionysos et du Christ, symboles pour lui de la souffrance et de ses deux interprétations les plus opposées. Selon le témoignage d'un de ses amis venu le chercher à Turin, Nietzsche est alors encore capable d'improviser au piano de bouleversantes mélodies ; pendant quelque temps, il sera encore capable de tenir des conversations, mais celles-ci, selon son ami Overbeck, sont stéréotypées et Nietzsche ne semble capable que d'évoquer certains souvenirs. Il prononcera encore quelques phrases, comme ce jour où, sur une terrasse ensoleillée, il s'adresse à sa sœur : « N'ai-je pas écrit de beaux livres ? » ; il notera encore quelques phrases plus ou moins cohérentes comme celle-ci : « Maman, je n'ai pas tué Jésus, c'était déjà fait. » Sa mère était en effet très pieuse, et les différends de Nietzsche avec elle en matière de religion remontent à l'adolescence. Puis, au bout de quelques années, il sombre dans un silence presque complet jusqu'à sa mort. Quand Overbeck le revoit pour la dernière fois, en 1892, Nietzsche lui apparaît dans un état végétatif.
Bien des théories ont été répandues sur les causes de sa maladie. Une légende veut par exemple qu'il ait contracté la syphilis. Des études récentes penchent plutôt pour un cancer du cerveau. L'autopsie du père de Nietzsche avait déjà montré la présence d'une tumeur au cerveau, et les témoignages rassemblés par Janz montrent que plusieurs proches de Nietzsche étaient des "originaux", et quelques uns étaient malades des nerfs. On peut donc parler d'une maladie ou d'une disposition héréditaire. Nietzsche a également rapporté le témoignage de sa tante Rosalie, selon laquelle le père de Nietzsche fut soudain atteint de troubles mentaux, qu'il devint incapable de parler, avant de mourir quelques mois plus tard. Certains évoquent le fait que les proches de Nietzsche lui ont fourni des drogues dangereuses pour soigner ses maux de têtes ; il apparaîtrait que ces drogues, non seulement provoquent une dépendance très forte, mais présentent des risques de schizophrénie.
Sa sœur, Elisabeth, fervente admiratrice de Guillaume, puis ayant adhéré au parti nazi et rencontré Hitler, utilisera et manipulera certains extraits de ses textes après sa mort afin de soutenir une cause nationaliste et antisémite. Elle écrivit également un livre sur son frère ; au-delà de la volonté hagiographique de cette œuvre, la critique historique a établi qu'Elisabeth procéda à des falsifications des œuvres de jeunesse, des lettres et des fragments posthumes de son frère. Bien des textes demeurent aujourd'hui encore douteux. Ainsi, lorsque Nietzsche écrit dans un fragment que l'importance de Napoléon est restreinte par les nationalismes qu'il suscita, Elisabeth corrige le texte et lui fait dire que l'importance de Napoléon est justifiée par ces nationalismes. Selon Carol Diethe, biographe de Elizabeth Förster-Nietzsche, cette dernière s'est attaché à se venger de son frère, en le faisant passer pour un antisémite et un précurseur du nazisme, parce que Nietzsche ne lui pardonna jamais d'avoir détruit ses relations avec Lou Andreas-Salomé.
Œuvres
Les philosophes preplatoniciens [cours de Bâle], Éditions de l'éclat, 1994
Introduction à la lecture des dialogues de Platon [cours de Bâle], Éditions de l'éclat, 1991.
Vérité et mensonge au sens extra-moral (inachevé)
La philosophie à l'époque de la tragédie grecque
La Naissance de la tragédie (Die Geburt der Tragödie) (1871)
Considérations inactuelles (Unzeitgemässe Betrachtungen)
Humain, trop humain (Menschliches, Allzumenschliches) (1878)
Aurore (Morgenröte) (1881)
Le Gai Savoir (Die fröhliche Wissenschaft) (1887)
Ainsi parla (ou parlait) Zarathoustra (Also sprach Zarathustra), (1885) (Texte)
Par-delà bien et mal (Jenseits von Gut und Böse) (1886)
Généalogie de la morale (Zur Genealogie der Moral) (1887)
Crépuscule des idoles (Götzen-Dämmerung) (1888)
L'Antéchrist (Der Antichrist) (1888)
Les dithyrambes de Dionysos (1888)
Ecce homo (1888) (Texte)
Le cas Wagner (Der Fall Wagner)
Nietzsche contre Wagner (Nietzsche contra Wagner)
Fragments Posthumes
La Volonté de puissance (recueil par la sœur du philosophe - qui fut par la suite une nazie ; le caractère tendancieux de ce livre est aujourd'hui reconnu et scientifiquement établi) Texte
Études générales
Andler Charles, Nietzsche, sa vie et sa pensée, 3 volumes, Paris, N.R.F. Gallimard, 1958
Andreas-Salomé Lou, Nietzsche, 1932, traduction française Paris, Grasset
Deleuze Gilles, Nietzsche et la philosophie,1962, PUF
Deleuze Gilles, Nietzsche, sa vie, son œuvre, 1965, PUF (Résumé)
Michel Haar, Nietzsche et la métaphysique
Heidegger, Nietzsche
Heidegger, Qui est le Zarathoustra de Nietzsche ?
Angèle Kremer-Marietti, Thèmes et structures dans l'œuvre de Nietzsche, 1957, Lettres Modernes
Kremer-Marietti, Angèle, L'homme et ses labyrinthes. Essai sur Friedrich Nietzsche, 1972, coll.10/18, UGE
Kremer-Marietti, Angèle, Nietzsche et la rhétorique,1992, Presses Universitaires de France
Montebello, Nietzsche, La volonté de puissance
Morel Georges, "Nietzsche. Introduction à une première lecture", 1992, Aubier
Müller-Lauter, Physiologie de la volonté de puissance
Schlechta Karl, Le cas Nietzsche, 1960, Gallimard
Colli, Giorgio, Écrits sur Nietzsche (l'ensemble des préfaces de G. Colli aux œuvres de Nietzsche dont il fut l'éditeur avec Mazzino Montinari), Éditions de l'éclat, 1996.
Colli, Giorgio, Après Nietzsche, Éditions de l'éclat, 1987 (version en [1])
Montinari, Mazzino, "La volonté de puissance" n'existe pas (ensemble d'articles de l'éditeur de Nietzsche démontant les supercheries éditoriales concernant La volonté de puissance), 1994 ([version en ligne: [2])
Wotling, Patrick : Nietzsche et le problème de la civilisation, 1995, PUF, 384p.
Rudolf Steiner : Friedrich Nietzsche, Un homme en lutte contre son temps, Pour la traduction française, Ed. Anthroposophiques Romandes, 1982 (1895 pour l'original allemand)
Richard Wagner
(Redirigé depuis Wagner)
Pour les articles homonymes, voir Wagner (homonymie).

Richard Wagner (22 mai 1813 - 13 février 1883) est un compositeur allemand du XIXe siècle ainsi qu'un important théoricien de la musique. On le connaît surtout pour ses opéras dont les principaux sont en réalité des drames lyriques. L'influence de Wagner sur la musique occidentale, et en particulier dans l'univers de l'opéra qu'il a révolutionné, est immense.
La jeunesse
Richard Wagner naquit à Leipzig le 22 mai 1813. Son père, petit fonctionnaire municipal, mourut six mois après sa naissance. Au mois d'août de l'année 1814, sa mère épousa l'acteur Ludwig Geyer qui pourrait bien être le véritable père de Wagner. Geyer mourut quelques années plus tard, non sans avoir transmis au jeune Richard sa passion pour le théâtre.
Ce dernier nourrit d'abord l'ambition de devenir dramaturge, puis, vers l'âge de quinze ans, découvrit la musique qu'il décida d'étudier en s'inscrivant à l'Université de Leipzig (1831). Parmi les compositeurs qui ont exercé sur lui une influence notable, on peut citer Ludwig van Beethoven.
En 1833, Wagner avait achevé l'un de ses premiers opéras, Les Fées. Cette œuvre, qui imitait nettement le style de Weber, ne serait pas jouée pendant plus d'un demi-siècle. À la même époque, il réussit à décrocher successivement les postes de directeur musical aux opéras de Würzburg et de Magdebourg, ce qui le sortit de quelques ennuis pécuniaires. C'est à cette époque que Wagner écrivit Das Liebesverbot, opéra inspiré d'une pièce de William Shakespeare (Measure for measure). La création eut lieu en 1836, mais l'œuvre fut accueillie avec peu d'enthousiasme.
Un peu plus tard, en 1836, Wagner épousa l'actrice Minna Planer. Le couple emménagea alors à Königsberg puis à Riga, où Wagner occupa le poste de directeur musical. Après quelques semaines, Minna le quitta pour un autre qui la laissa sans le sou. Bien que Wagner acceptât son retour, ce fut le signe annonciateur de la progressive décadence de leur mariage qui se termina dans la souffrance, trente années plus tard.
Avant même 1839, le couple était criblé de dettes et dut fuir Riga pour échapper à ses créanciers (les ennuis d'argent devaient tourmenter Wagner le restant de ses jours). Pendant leur fuite à Londres, ils furent pris dans une tempête qui inspira à Wagner Le vaisseau fantôme. Le couple vécut également quelques années à Paris où Richard gagnait sa vie en réorchestrant les opéras d'autres compositeurs.
Dresde
En 1840, Wagner mit la dernière main à son opéra Rienzi. Il retourna en Allemagne deux ans plus tard pour le faire jouer à Dresde, où il rencontra un succès considérable. Wagner s'installa dans cette ville où il vécut six ans, exerçant avec brio la charge de chef d'orchestre du grand théâtre. Pendant cette période, il composa et mit en scène Le Vaisseau fantôme et Tannhäuser, ses premiers chefs d'œuvres.
Le séjour des Wagner à Dresde dut prendre fin en raison de l'engagement de Richard dans les milieux anarchistes. Dans les États allemands indépendants de l'époque, un mouvement nationaliste commençait à faire entendre sa voix, réclamant davantage de libertés ainsi que l'unification de la nation allemande. Wagner, qui mettait beaucoup d'enthousiasme dans son engagement, recevait fréquemment chez lui des anarchistes, tels que le Russe Bakounine.
Le mécontentement populaire contre le gouvernement saxon, largement répandu, parvint à ébullition en avril 1849, quand le roi Frederic II de Saxe décida de dissoudre le parlement et de rejeter la nouvelle constitution que le peuple lui présentait. En mai, une insurrection — vaguement soutenue par Wagner — éclata. La révolution naissante fut rapidement écrasée par les troupes saxonnes et prussiennes et des mandats d'arrêt furent délivrés contre les révolutionnaires. Wagner fut forcé de fuir, d'abord à Paris, puis à Zurich. Bakounine ne parvint pas à s'échapper et fut emprisonné pour de nombreuses années.
Exil et influences conjuguées de Schopenhauer et Mathilde Wesendonk.
C'est en exil que Wagner passa les douze années suivantes. Ayant achevé Lohengrin avant l'insurrection de Dresde, il sollicita son ami Franz Liszt, le priant de veiller à ce que cet opéra fût joué en son absence. Liszt, en bon ami, dirigea lui-même la première à Weimar, en août 1850.
Wagner se trouvait néanmoins dans une situation très précaire, à l'écart du monde musical allemand, sans revenu et avec fort peu d'espoir de pouvoir faire représenter les œuvres qu'il élaborait. Sa femme Minna, qui avait peu apprécié ses derniers opéras, s'enfonçait peu à peu dans une profonde dépression. Pour couronner le tout, Wagner fut lui-même atteint d'érysipèle, ce qui accrut encore la difficulté de son travail.
Pendant les premières années qu'il passa à Zurich, Wagner produisit un ensemble de remarquables essais (L'œuvre d'art de l'avenir, Opéra et drame) ainsi qu'un ouvrage antisémite, Le judaïsme dans la musique. Avec L' œuvre d'art de l'avenir (1849), il présente une nouvelle conception de l'opéra, la Gesamtkunstwerk ou œuvre d'art totale, dans laquelle la musique, le chant, la danse, la poésie, le théâtre et les arts plastiques sont mêlés de façon indissociable.
Au cours des années qui suivirent, Wagner tomba sur deux sources d'inspiration indépendantes qui allaient le mener à son opéra révéré entre tous, Tristan et Isolde.
La première fut la découverte de la philosophie d'Arthur Schopenhauer. Wagner prétendra plus tard que cette expérience fut le moment le plus important de sa vie. La philosophie de Schopenhauer, axée sur une vision pessimiste de la condition humaine, fut très vite adoptée par Richard Wagner, ses difficultés personnelles n'étant vraisemblablement pas étrangères à cette adhésion. Comme Schopenhauer, il adopta un régime végétarien. Il restera toute sa vie un fervent partisan de Schopenhauer, même quand sa situation personnelle sera moins critique.
Selon Schopenhauer, la musique joue un rôle central parmi les arts car elle est le seul d'entre eux qui n'ait pas trait au monde matériel. Cette opinion trouva un écho en Wagner qui l'adopta très vite, malgré l'incompatibilité apparente avec ses propres idées selon lesquelles c'est la musique qui est au service du drame. Quoi qu'il en soit, de nombreux aspects de la doctrine de Schopenhauer transparaîtront dans ses livrets ultérieurs : Hans Sachs, le poète cordonnier des Maîtres Chanteurs, est une création typiquement schopenhauerienne.
La seconde source d'inspiration de Wagner fut le poète et écrivain Mathilde Wesendonck, la femme du riche commerçant Otto von Wesendonck. Il rencontra le couple à Zurich en 1852. Otto, grand admirateur de Wagner, mit à sa disposition une petite maison de sa propriété. Au bout de quelques années, Wagner s'était épris de Mathilde. Bien que ces sentiments fussent réciproques, Mathilde n'avait nullement l'intention de compromettre son mariage. Aussi tenait-elle son mari informé de ses contacts avec Wagner. Néanmoins, l'on ne saura jamais si cette liaison restera platonique ou eut une ou deux fois un début de concrétisation. Quoi qu'il en soit, Wagner n'en laissa pas moins de côté, brusquement, la composition de la tétralogie - qu'il ne reprendrait que douze ans plus tard - pour commencer à travailler sur Tristan et Isolde, oeuvre issue d'une crise psychosomatique déclenchée par cet amour non réalisable, et correspondant à la perfection au modèle romantique de l'oeuvre inspirée par les sentiments contrariés. Du reste, deux des ravissants "Wesendonck Lieder", "Traüme" et "Im Treihaus", composés sur les poèmes de Mathilde, seront repris, étoffés, dans "Tristan": "Traüme" donnera "Descend sur nous nuit d'extase" et "Im Treibhaus" l'inquiétant prélude du troisième acte et ses sombres accords confiés aux violoncelles et contrebasse.
En 1858, Minna intercepta une lettre de Wagner à Mathilde. Wagner, après la confrontation qui s'ensuivit, quitta Zurich pour Venise. Il retourna à Paris l'année suivante afin de superviser la mise en scène d'une adaptation de Tannhäuser dont la création, en 1861, provoqua un scandale. Les représentations à venir furent alors annulées et Wagner quitta la ville précipitamment.
Quand il put enfin retourner en Allemagne, il s'installa à Biebrich, en Prusse, où il commença à travailler sur les Maîtres Chanteurs de Nuremberg. Cet opéra est de loin son œuvre la plus joyeuse. Sa seconde femme Cosima écrira plus tard : « Puissent les générations futures, en cherchant du rafraîchissement dans cette œuvre unique, avoir une petite pensée pour les larmes qui ont mené à ces sourires ! ». En 1862, Wagner se sépara finalement de Minna, mais il continuera de la soutenir financièrement jusqu'à sa mort en 1866 (ou du moins ses créanciers le feront-ils).
Sous le patronage du roi Louis II de Bavière
La carrière de Wagner prit un virage spectaculaire en 1864, lorsque le roi Louis II accéda au trône de Bavière à l'âge de 18 ans. Le jeune roi, qui admirait les opéras de Wagner depuis son enfance, fit venir le compositeur à Munich, régla ses considérables dettes et s'arrangea pour que son nouvel opéra puisse être représenté. Malgré les énormes difficultés rencontrées lors des répétitions, la création de Tristan et Isolde le 10 juin 1865 fut un succès retentissant.
Pendant ce temps, Wagner se trouvait mêlé à une nouvelle affaire qui concernait sa liaison avec Cosima von Bülow. Celle-ci était la femme d'un fervent partisan de Wagner : Hans von Bülow, le chef d'orchestre qui avait dirigé la création de Tristan. Fille de Franz Liszt et de la célèbre comtesse Marie d'Agoult, elle était de 24 ans la cadette de Wagner. En avril 1865, elle accoucha d'une fille illégitime qui fut prénommée Isolde. La nouvelle s'ébruita rapidement et scandalisa tout Munich. Pour ne rien arranger, Wagner était tombé en disgrâce parmi les membres de la cour qui le soupçonnaient d'influencer le jeune roi. En décembre 1865, Louis II fut contraint de demander au compositeur de quitter Munich. Il aurait caressé un instant l'idée d'abdiquer son pouvoir pour suivre son héros en exil, mais Wagner l'en aurait rapidement dissuadé.
Celui-ci s'installa alors à Triebschen, près de Lucerne, sur les bords du lac des Quatre-Cantons. Son opéra Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg fut terminé en 1867 et créé à Munich le 21 juin de l'année suivante. En octobre, Cosima réussit finalement à convaincre son mari d'accepter le divorce. Le 25 août 1870, elle épousa Wagner qui, quelques mois plus tard, lui offrit l' Idylle de Siegfried à l'occasion de son anniversaire.
Ce mariage dura jusqu'à la mort du compositeur. Ils eurent une autre fille, Eva, et un fils prénommé Siegfried.
Bayreuth
Une fois installé dans sa nouvelle vie de famille, Wagner mit toute son énergie à terminer la tétralogie. Devant l'insistance de Louis II, on donna à Munich des avant-premières de l'Or du Rhin et de La Walkyrie, mais Wagner tenait quant à lui à ce que le cycle complet fût représenté dans un opéra spécialement conçu à cet effet.
En 1871, il choisit la petite ville de Bayreuth pour accueillir sa nouvelle salle d'opéra. Les Wagner s'y rendirent l'année suivante : on posa la première pierre du Festspielhaus (Palais des festivals). Afin de rassembler les fonds pour la construction, le compositeur entreprit une tournée de concerts à travers l'Allemagne, et diverses associations de soutien furent créées dans plusieurs villes. Il fallut cependant attendre une donation du roi Louis II, en 1874, pour que l'argent nécessaire fût enfin rassemblé. Un peu plus tard dans l'année, les Wagner emménagèrent à Bayreuth dans une villa que Richard surnomma « Wahnfried ».
Le Festspielhaus ouvrit ses portes au mois d'août 1876 à l'occasion de la création de la tétralogie. D'illustres invités l'honorèrent de leur présence : citons notamment l'empereur Guillaume II, l'empereur Pierre II du Brésil, le roi Louis - qui resta incognito -, ainsi que des compositeurs aussi accomplis qu'Anton Bruckner, Edvard Grieg, Piotr Ilitch Tchaïkovski, ou Franz Liszt.
D'un point de vue artistique, ce festival fut un succès remarquable. Tchaïkovski, qui y avait assisté en tant que correspondant russe, écrivit : « Ce qui s'est passé à Bayreuth restera dans la mémoire de nos petits-enfants et de leur descendance ». Financièrement, ce fut cependant un désastre absolu. Wagner dut renoncer à organiser un second festival l'année suivante et tenta de réduire le déficit en donnant une série de concerts à Londres.
Les dernières années
En 1877, Wagner s'attela à son dernier opéra, Parsifal. La composition lui en prit quatre ans, durant lesquels il écrivit également une série d'essais réactionnaires sur la religion et l'art.
Il mit la dernière main à Parsifal en janvier 1882, et le fit représenter lors du second Festival de Bayreuth. Pendant l'acte III de la seizième et dernière représentation, le 29 août, le chef Hermann Levi fut victime d'une indisposition. Wagner entra discrètement dans la fosse d'orchestre, prit la baguette et dirigea l'œuvre jusqu'à son terme.
À cette époque, Wagner était gravement malade. Après le festival, la famille Wagner vo</