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Café philo de La Rotonde de la Muette, mercredi 8 juin 2011.

 

Enregistrement de la présentation par Raphaël Prudencio.

 

Rien de nouveau sous le soleil 1 Rien de nouveau sous le soleil 1

 

Débat suivant la présentation.

 

Rien de nouveau sous le soleil. debat 2 Rien de nouveau sous le soleil. debat 2

 

Soleil Blake

 

Blake William 1794The Ancient of Day: frontispice du poème Europe, Une Prophétie
Rien de nouveau sous le soleil.

 

Sous le soleil Traduction Mot à mot de l’hébreu.

 

מַה־

Cela

שֶּׁהָיָה

qui a été

הוּא

lui

שֶׁיִּהְיֶה

ce qui sera

וּמַה־

et cela

שֶּׁנַּעֲשָׂה

qui a été fait

הוּא

lui

שֶׁיֵּעָשֶׂה

ce qui sera fait

וְאֵין

et rien

כָּל־

du tout

חָדָשׁ

nouveau

תַּחַת

sous

הַשָּׁמֶשׁ

le soleil

 Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.


 


Εκκλησιαστής L’Ecclésiaste-traduction grecque de l'hébreu קהלת Qohèlèt.

Dans le dictionnaire historique d’Alain Rey la rubrique Ecclésiastique: relatif à l’assemblée du peuple se termine par un paragraphe Ecclésiaste: Ecclésiaste; terme didactique emprunter au grec ekklesiastés «prédicateur» est la dénomination de l’auteur d’un des livres sapientiaux et par métonymie du livre lui même.

 

Que dit a légende au tour de ce texte. nous éclaire t-elle sur le sens du mot hébreu קהלת Qohèlèt.

Voici un manuscrit composé de quatre petits cahiers de huit feuillets chacun et intitulé קהלת Qohèlèt. C’est un texte très cohérent, composé avec soin et d’une belle écriture. La trame en est logique et la démonstration y est menée avec précision et calme. On remet pour reliure, l’ouvrage à un ouvrier maladroit qui le laisse tomber à terre. Pour réparer sa négligence le relieur se dépêche de ramasser les feuillets épars, mais il mélange les feuillets et les cahiers, les glissants les uns dans les autres, juxtaposant des textes qui n’ont rien de commun, séparant des versets qui se tiennent. Comme il est quelque peu lettré, il lit l’ouvrage qui n’est qu’un ahurissant pêle-mêle et d’autorité il rétabli un ordre relatif à grand renfort de ciseaux et de colle, en déplaçant des versets, renouant des bribes de phrases, jusqu’à ce que la lecture puisse se faire d’une manière à peu près satisfaisante. Ce livre revu et corrigé par l’ouvrier relieur c’est  קהלת Qohèlèt.

L’écclésiaste que l’on traduit par  prédicateur prêcheur est celui qui par son discours relierait l’assemblée, l’église.

L’hébreu קהלת Qohèlèt est celui qui relie les feuillets épars d’un manuscrit. Il faut garder l’homophonie de «relie», (relie, relit) comme étant la possibilité d’entendre relier ou relire.

Qohèlèt est l’art de la combinatoire, rien n’est sûr.

 

Le texte dans l’histoire.

La rédaction de ce texte se situe au milieu du troisième siècle avant l’ère courante (ce qui correspond à la traduction des Septante), sa traduction en grec se ferait au début du II ème siècle de l’ère courante, après 70 date de la prise de Jérusalem par Titus et de la destruction du temple et juste avant la révolte de Bar Kokbha. Cinq siècle d’écart, mais des points communs à ses deux périodes. L’hellénisation du judaïsme qui commence avec l’arrivé des monarchies hellènes à la fin du IV ème siècle. Cette présence hellène conduit à la résistance maccabéenne, Antiochus IV voulant faire du temple, un lieu de culte à Zeus. Titus lui détruira le Temple. 

L’écriture de Qohèlèt et sa traduction en Ecclésiaste se produit durant deux périodes de crise, même si les situations historiques sont très différentes. Au III ème siècle première crise de la religion juive sous l’influence de la pensée et de la langue grecque, interrogations nées de la réflexion philosophiques des Grecs, elle même critique du polythéisme établi dans les citées. La sagesse hokmah de la tradition juive que l’on trouve dans les Psaumes et Proverbes, sagesse ancrée dans la fidélité à un dieu juste est confrontée aux raisonnements des hommes. Qohèlèt de demander pourquoi ai-je pratiqué la sagesse? (2-15). Le judaïsme est confrontée (par inversion) à la sagesse barbare, que faire lorsqu’un peuple est atteint dans son identité. Qohèlèt dénationalise le concept de Dieu.(Martin Hengel à propos de Qohèlèt);

En 70 le temple est détruit et la Judée devient province romaine, trouble immense d’où émergera le judaïsme rabbinique, dont le trait principal est de faire une place centrale à l’étude de la Thorah et des autres textes. Ainsi Qohèlèt se lit comme une nouvelle définition de la sagesse marquée par l’hellénisme. La traduction du texte apporte l’universalisation et la perte de limite entre deux cultures, hébraïque et grec. Dans ce nouvel écart culturel et religieux que signifie traduire et que signifie traduire un livre biblique?

La traduction grecque aurait été faite par Aquila, architecte grec reconstructeur de Aelia Capitolina (Jérusalem) désormais interdite aux juifs. Ainsi confronté à la culture juive il adopta la religion juive sous la conduite du rabbin Akiva et traduit la «bible» en grec version qui fut préférée à la Septante.

Dans Qohèlèt les expressions sortent de sa plume et s’accumulent. Pas de métaphore pas de rhétorique pas de littérature, la réalité.

Ainsi dans Qohèlèt il est question de sagesse, (philosophie, connaissance), mais aux yeux de Qohèlèt elle perd de son assurance, (confrontée à deux langues), il y a une douleur de la sagesse, une nostalgie, la sagesse fait souffrir.

1- 13 J'ai appliqué mon coeur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c'est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l'homme.

18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.

Le doute surgit, l’homme qui choisit la voie moyenne n’est plus en sécurité, le vertige de l’abîme apparait.

1-8 Toutes choses sont en travail au delà de ce qu'on peut dire; l'oeil ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre.

Maintenant la mort présente ce paradoxe de n’être que le seul élément certain de la vie.

9-4 Car, pour celui qui est (encore) associé à tous les vivants il y a espoir, parce qu’un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. 

9-5 Car les vivants savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien ; ils n’ont plus de récompense, puisque leur mémoire est oubliée.

La vie incarne le superflu; elle empêche la mort d’être néant suprême. Mieux vaut ce qui n’a jamais vécu, le non être immaculé. Qohèlèt trace la surprenante déconvenue de la vie, l’existence n’étant plus qu’un glissement vers la mort, elle est livrée tout entière au hasard. L’injustice est biologique et pas seulement sociale ou morale. L’homme et l’univers partage le triste privilège d’être livré à la gratuité de la vie.

Il y a dans Qohèlèt une méditation sur le temps qui traverse tout le texte;

3- 1 Tout a (son) temps et toute chose a sa destinée sous le ciel.

3- 2 Il est un temps de naître et un temps de mourir ; un temps de planter et un temps d’arracher ce qui est planté ;

3-3 Un temps de tuer et un temps de guérir ; un temps d’abattre et un temps de bâtir ;

3-4 Un temps de pleurer et un temps de rire ; un temps de se lamenter et un temps de danser ;

3-5 Un temps de disperser les pierres et un temps de les rassembler ; un temps d’embrasser et un temps d’éloigner les embrassements ;

3-6 Un temps de chercher et un temps de perdre ; un temps de garder et un temps de jeter ;

3-7 Un temps de déchirer et un temps de coudre ; un temps de se taire et un temps de parler ;

3-8 Un temps d’aimer et un temps de haïr ; un temps de guerre et un temps de paix.

 

L’homme est inséré entre deux temps, l’instant qui lui est propre qui lui appartient, son temps et l’éternité qu’il porte dans son cœur.

Il est comme l’homme de Pascal placé entre deux infini, c’est dans l’intervalle que se joue l’existence. on trouve le παντα ρει de Démocrite, le pessimisme de Schopenhauer le désir de possession de Faust, l’éternel retour de Nietzsche. Le texte est écrit en temps de crise.(voir verset 4 à 7 du premier chapitre)

Qohèlèt politique serait le porte parole des adversaires d’Hérode, le roi est vieux et impopulaire, déversons alors la bile que nous avons du trop longtemps retenir, Qohèlèt marque la première crise théologico-philosophique. Renan, traducteur du texte disait: «on a l’impression de feuilleter les pages d’un manuel de libertinage.» Qohèlèt est un dialogue entre le doute et la sagesse mais aussi l’écho des conflits opposant les hellénisants aux piétistes, les sadducéens aux pharisiens. Il s’agit d’un dialogue

forme grecque de l’écriture philosophique, encore l’écriture et le mal.entre abstraction et figuration symbolique, entre la vraie et la fausse sagesse, entre l’imagination qui doute et le raison divine qui conduit à l’infini.

Qohèlèt est le relativisme, les choses sont variables elles sont ici et maintenant, les retrouver ailleurs à un autre moment c’est les trouver changées, tel jugement porté est reformé le lendemain, au travers de Qohèlèt c’est le monde qui parle dans sa multiplicité. Paradoxe, l’incohérence du texte est la garantie de la cohérence de sa pensée.

voir la légende qui le fonde

Qohèlèt est un des livres bibliques qui ne parle jamais de Dieu par le nom de l’ineffable, ce que même la traduction grecque ne peut laisse entendre. Dieu c’est Elohim, un pluriel, non pas le Dieu révélé mais dieu tel qu’il s’exprime au hasard des langues en hébreux.

 

Adam-et-eve-Blake.jpg

William Blake 1825- Adam et Eve découvrant le corps d'AbeI 

 

Á propos de הבל vanité.

Vanité הבל (hebel) est le refrain de qohèlèt il n’y a pas de développement qui finissent par s’y accrocher. Si est étymologiquement הבל la buée, l’haleine insaisissable, הבל est tout ce qui est voué à disparaitre par son essence même. Ce qui est vain est considéré comme inutile et alors ne doit pas être tenté. Je ne puis pas amorcer un acte en vain. הבל est fondamentalement une notion du tragique. Un destin annoncé par הבל est fondamentalement une notion du tragique. est un échec. C’est un destin humain, ce n’est pas αναρχία (anarchie) ni μοιρα (sort) des grecs le destin n’est pas Dieu, l’homme le porte. הבל est l’image du souffle et de la déception, il ne désigne pas une chose mais un homme c’est le deuxième fils d’Eve celui que l’on traduit par Abel.

Il est intéressant de voir les liens entre l’individu deuxième fils d‘Eve, le nom qui traduit la vanité entendu par ce qui est vain, et la traduction d’Aquila par ματαιότης lui même traduit dans la version française par folie.

Lorsque l’on dit הבל il y a amphibologie, le texte désigne la buée, et l’homme incarnant cette notion. l’amphibologie de הבל rattache le destin au mythe d’un être qui fut investi d’un rôle dans l’histoire aux origines de l’humanité.

Abel est frère il est deuxième enfant, quelque chose était avant qu’il fut, il est à coté de Caïn son frère, il mourra de ce qui le précède et le côtoie. Tous ce qui les précède sera pour lui un piège, sera la source de sa chute, de sa mort. Rien n’est plus certainement la causse d’évanouissement הבל que la source dont elle émane.

Abel restera identique à lui même. Abel n’a pas de nom il est הבל dès sa naissance, le non ne qualifie personne, son nom est personne. L’apparence le confond avec la substance.

La disparition d’Abel est complète, il meurt sans enfant. Son passage n’a pas laissé de trace. Les générations qu’ils portait en lui sont vouées au néant à l’instant ou il meurt. Caïn קין qui signifie «acquisition» semble l’antithèse de son frère. «J’ai acquis un homme de dieu» il n’est pas l’enfant de ses parents, rien ne le relie à eux il est indépendant, il est une créature nouvelle, ayant les mêmes possibilité que le premier couple. Il est installé dans le monde il occupe une place. Il s’appelle «possession». Son ambition se scelle dans la matière du monde son fils a pour nom Hénoch חנוך, qui veut dire initié, en grec dans la Septante : Ενωχ. Caïn est la permanence là ou Abel est la chute et la buée. Et pourtant des deux il ne reste rien Caïn disparait avec ses œuvres. Toutes ces volontés, ces énergies cette volonté de créer et de conserver conduisent à l’immersion du déluge tous fini sous le eaux.

Aucune épave de la famille de Caïn ne traverse, ne surgit du déluge, l’œuvre de Caïn sombre. Ce désir faustien de jouissance que l’on retrouve en 2; 4-7 

2- 4- J’ai exécuté de grandes choses, j’ai bâti pour moi des maisons, j’ai planté pour moi des vignes. 

2- 5- Je me suis fait des jardins et des vergers, et j’y ai planté des arbres de toute espèce de fruits. 

2- 6 Je me suis fait des réservoirs pour en arroser la forêt où poussaient des arbres. 

2- 7 J’ai acquis(même racine que Caïn) des serviteurs et des servantes ; j’eus aussi des (serviteurs) nés dans la maison ; j’eus aussi des troupeaux plus nombreux de bœufs et de brebis que ceux qui étaient avant moi à Ierouschalaïme."

2- 8"J’ai entassé aussi pour moi de l’argent et de l’or, des choses préférées des rois et des provinces ; je me suis procuré des chanteurs et des chanteuses, et les délices des enfants des hommes et de nombreuses concubines." 

2- 9"Je fis des choses bien plus grandes que quiconque a été avant moi à Ierouschalaïme ; ma sagesse aussi m’a assisté." 

2- 10"Et tout ce que mes yeux ont désiré je ne les en ai pas privés, je n’ai refusé à mon cœur aucune joie ; mais mon cœur était joyeux de tous mes efforts, et c’était là le but de tous mes efforts." 

2- 11 "Et je me suis tourné contre tous les ouvrages exécutés par mes mains, vers le travail que je me suis fatigué à exécuter, et voilà que tout était vanité, et une vaine occupation ; il n’y a rien de stable sous le soleil."

cette cupidité lancinante de possession s’évanouissent fauchée par הבל . Fin spectaculaire et radicale. Caïn en arrive au même point que son frère Abel הבל .Caïn est aussi הבל .

On peut y voir le départ de la réflexion de Qohèlèt, tout est vanité, qu’en hébreux on écrit par le redoublement du mot nom  הבל. Tout est vanité, הבל הבל.

Il n’y a donc pas de reste sous le soleil. L’histoire humaine qui échoué en Abel, échoue également en Caïn. Celui qui porte dans sa condition la tendance à la dégradation comme celui qui est animé de la volonté de puissance sont condamnés tous deux à passer.

Adam et Eve auront un fils, Seth שֵׁת conçu après le meurtre. Seth naquit quand Adam avait 130 ans et vécut 912 ans.

Gen 4 25: Adam connut encore sa femme ; elle enfanta un fils, et l'appela du nom de Seth, car, dit-elle, Dieu m'a donné un autre fils à la place d'Abel, que Caïn a tué.

Gen 4 26: Seth eut aussi un fils, et il l'appela du nom d'Énosh. C'est alors que l'on commença à invoquer le nom de l'Éternel.

Gen 5, 3: Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth.

Gen 5, 6: Seth, âgé de cent cinq ans, engendra Énosh. 

Gen 5, 7: Seth vécut, après la naissance d'Énosh, huit-cent-sept ans ; et il engendra des fils et des filles.

Gen 5, 8: Tous les jours de Seth furent de neuf cent-douze ans ; puis il mourut.

Seth שֵׁת en hébreux dit fondation. Il est fondation du monde en tant que premier ancêtre de l’humanité né de parents humains, dont la mère n’est ni vierge ni immaculée. selon le livre des Jubilés, Seth eut un fils Énosh אנוש signifiant homme. Il est transcrit par Ενως, dans la Septante.

 

Rien de nouveau sous le soleil

Ecclésiaste:
1- 9: Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, et rien n’est nouveau sous le soleil.

1- 1:0 Il est telle chose dont on dit : Vois, ceci est nouveau. Et cela a déjà été dans les temps qui ont été avant nous.

Dans l’Ecclésiaste, le mot «nouveau» (חָדָשׁ, ‘Hadash) n’apparaît que dans ces deux versets. Dans la Thorah, ce mot est fréquent, mais avec le sens de « mois, lune », par allusion à la nouvelle lune. Avec le sens de « nouveau », on peut cependant citer Exode 1, 8 : Il s'éleva sur l'Egypte un nouveau roi, qui n'avait point connu Joseph. 

Ainsi nouveau à une relation avec le calendrier et la construction du temps. Chez les hébreux un jour commence le soir pour se finir le lendemain soir. 

Gen 1-5 :Dieu nomma la lumière jour et les ténèbres nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour.

 וַיִּקְרָא אֱלֹהִים לָאוֹר יוֹם וְלַחֹשֶׁךְ קָרָא לָיְלָה וַיְהִי־עֶרֶב וַיְהִי־בֹקֶר יוֹם אֶחָד

Il faut cinq versets pour la création du soleil et de la lune.

Gen 1-14-19 

14 Dieu dit qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel pour faire distinguer le jour de la nuit ; qu’ils servent de signes pour indiquer les époques, les jours et les années ; 1

15 Qu’ils servent de luminaires dans l’étendue du ciel pour éclairer sur la terre ; il en fut ainsi. 

Dans la septante la fonction des luminaires est indiquées par quatre termes reliés par et; signes, temps, jours , années, 

16 Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand pour dominer pendant le jour et le petit pour dominer pendant la nuit, et les étoiles. 

Deux rois ne peuvent pas servir la même couronne; ayant diminuée la lune dieu lui adjoint une armée d’étoiles pour apaiser son chagrin..

17 Dieu les plaça dans l’étendue du ciel pour éclairer sur la terre ;

18 Pour dominer le jour et la nuit et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres ; Dieu vit que c’était bien :

19 Il fut soir, il fut matin, quatrième jour. 

Il est à noté que les astres, dont le soleil apparaissent après la vie, la végétation apparait au verset 11. Ainsi les astres sont «cosmos», parures.

Dans Qohèlèt l’expression sous le soleil est la plus fréquente du livre, elle apparait 29 fois, elle apparait comme un refrain, elle est remplacée deux fois par sous le ciel, expression reprise de la Thorah. Sous le soleil a des liens avec l’hellénisme. L’expression peut se comprendre comme une ébauche de réflexion cosmologique, les versets nomment les éléments constitutifs du monde: terre, soleil, vent, (air) mer, (eau) un cosmos (un territoire) dont les rythmes peuvent s’observer sans que le lien ne soit fait avec un créateur, le mot de θεός est absent de cette série de verset.

 

Blake-2.jpg Livre-D-Urizen-Blake.jpg

Blake William (1757-1827) Livre d'Urizen 1794
 The British Museum, Londres.

Il y a un temps pour tout

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux ». Ainsi parle Qohélet au chapitre 3.

2 Un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté
3 Un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir
4 Un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser
5 Un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements
6 Un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter
7 Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler
8 Un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
(Traduction Louis Segond)

Olivier Thebault fait remarquer que ces 7 versets, 14 couples et 28 temps, qui se terminent par l’accomplissement du שָׁלוֹם, SLWM, Shalom, renvoient aux 7 mots et 28 lettres du premier verset de la Torah

Au Commencement Dieu créa les Cieux et la Terre


 Différente traduction des premiers verset de Ecclésiaste.

 

Ecclésiaste, 1 (Septante, Grec)

1 ῥήματα ἐκκλησιαστοῦ υἱοῦ δαυιδ βασιλέως ισραηλ ἐν ιερουσαλημ 

2 ματαιότης ματαιοτήτων εἶπεν ὁ ἐκκλησιαστής ματαιότης ματαιοτήτων τὰ πάντα ματαιότης 

On peut se poser le question sur l’usage de ματαιότης (folie) (traduction française de la septante sous la direction de Marguerite Harl et Françoise Vinel)  en grec en place הבל hbl vanité ou buée. Ainsi hbl est traduit par ματαιότης 39 fois dans la totalité du texte.

3 τίς περισσεία τῷ  νθρώπῳ ἐν παντὶ μόχθῳ αὐτοῦ ᾧ μοχθεῖ ὑπὸ τὸν ἥλιον 

4 γενεὰ πορεύεται καὶ γενεὰ ἔρχεται καὶ ἡ γῆ εἰς τὸν αἰῶνα ἕστηκεν 

5 καὶ  νατέλλει ὁ ἥλιος καὶ δύνει ὁ ἥλιος καὶ εἰς τὸν τόπον αὐτοῦ ἕλκει 

6  νατέλλων αὐτὸς ἐκεῖ πορεύεται πρὸς νότον καὶ κυκλοῖ πρὸς βορρᾶν κυκλοῖ κυκλῶν πορεύεται τὸ πνεῦμα καὶ ἐπὶ κύκλους αὐτοῦ ἐπιστρέφει τὸ πνεῦμα

7 πάντες οἱ χείμαρροι πορεύονται εἰς τὴν θάλασσαν καὶ ἡ θάλασσα οὐκ ἔσται ἐμπιμπλαμένη εἰς τόπον οὗ οἱ χείμαρροι πορεύονται ἐκεῖ αὐτοὶ ἐπιστρέφουσιν τοῦ πορευθῆναι 

8 πάντες οἱ λόγοι ἔγκοποι οὐ δυνήσεται ανὴρ τοῦ λαλεῖν καὶ οὐκ ἐμπλησθήσεται ὀφθαλμὸς τοῦ ὁρᾶν καὶ οὐ πληρωθήσεται οὖς  πὸ  κροάσεως

τί τὸ γεγονός αὐτὸ τὸ γενησόμενον καὶ τί τὸ πεποιημένον αὐτὸ τὸ ποιηθησόμενον καὶ οὐκ ἔστιν πᾶν πρόσφατον ὑπὸ τὸν ἥλιον 

10 ὃς λαλήσει καὶ ἐρεῖ ἰδὲ τοῦτο καινόν ἐστιν ἤδη γέγονεν ἐν τοῖς αἰῶσιν τοῖς γενομένοις  πὸ ἔμπροσθεν ἡμῶν 

11 οὐκ ἔστιν μνήμη τοῖς πρώτοις καί γε τοῖς ἐσχάτοις γενομένοις οὐκ ἔσται αὐτοῖς μνήμη μετὰ τῶν γενησομένων εἰς τὴν ἐσχάτην 

12 ἐγὼ ἐκκλησιαστὴς ἐγενόμην βασιλεὺς ἐπὶ ισραηλ ἐν ιερουσαλημ 

13 καὶ ἔδωκα τὴν καρδίαν μου τοῦ ἐκζητῆσαι καὶ τοῦ κατασκέψασθαι ἐν τῇ σοφίᾳ περὶ πάντων τῶν γινομένων ὑπὸ τὸν οὐρανόν ὅτι περισπασμὸν πονηρὸν ἔδωκεν ὁ θεὸς τοῖς υἱοῖς τοῦ  νθρώπου τοῦ περισπᾶσθαι ἐν αὐτῷ

14 εἶδον σὺν πάντα τὰ ποιήματα τὰ πεποιημένα ὑπὸ τὸν ἥλιον καὶ ἰδοὺ τὰ πάντα ματαιότης καὶ

προαίρεσις πνεύματος.

La TOB traduit par: «tout est vanité et poursuite de vent» Henri Meschonic dans sa traduction des Cinq rouleaux par: «tout est buée et pâture de vent»

15 διεστραμμένον οὐ δυνήσεται τοῦ ἐπικοσμηθῆναι καὶ ὑστέρημα οὐ

δυνήσεται τοῦ  ριθμηθῆναι

16 ἐλάλησα ἐγὼ ἐν καρδίᾳ μου τῷ λέγειν ἐγὼ ἰδοὺ ἐμεγαλύνθην καὶ προσέθηκα σοφίαν ἐπὶ πᾶσιν οἳ ἐγένοντο ἔμπροσθέν μου ἐν ιερουσαλημ καὶ καρδία μου εἶδεν πολλά σοφίαν καὶ γνῶσιν

17 καὶ ἔδωκα καρδίαν μου τοῦ γνῶναι σοφίαν καὶ γνῶσιν παραβολὰς καὶ ἐπιστήμην ἔγνων ὅτι καί γε τοῦτ' ἔστιν προαίρεσις πνεύματος

18 ὅτι ἐν πλήθει σοφίας πλῆθος γνώσεως καὶ ὁ προστιθεὶς γνῶσιν προσθήσει ἄλγημα

 

Ecclésiaste, 1 (Vulgate, Latin)

1 verba Ecclesiastes filii David regis Hierusalem 

2 vanitas vanitatum dixit Ecclesiastes vanitas vanitatum omnia vanitas 

3 quid habet amplius homo de universo labore suo quod laborat sub sole 

4 generatio praeterit et generatio advenit terra vero in aeternum stat 

5 oritur sol et occidit et ad locum suum revertitur ibique renascens 

6 gyrat per meridiem et flectitur ad aquilonem lustrans universa circuitu pergit spiritus et in circulos suos regreditur 

7 omnia flumina intrant mare et mare non redundat ad locum unde exeunt flumina revertuntur ut iterum fluant 

8 cunctae res difficiles non potest eas homo explicare sermone non saturatur oculus visu nec auris impletur auditu 

9 quid est quod fuit ipsum quod futurum est quid est quod factum est ipsum quod fiendum est 

10 nihil sub sole novum nec valet quisquam dicere ecce hoc recens est iam enim praecessit in saeculis quae fuerunt ante nos 

Rien sous le soleil qui est nouveau, ni à un homme capable de dire: Voici ce qui est nouveau car elle a déjà fait auparavant dans les siècles qui nous ont précédés

10 nihil sub sole novum nec valet quisquam dicere ecce hoc recens est iam enim praecessit in saeculis quae fuerunt ante nos

11 non est priorum memoria sed nec eorum quidem quae postea futura sunt erit recordatio apud eos qui futuri sunt in novissimo 

12 ego Ecclesiastes fui rex Israhel in Hierusalem 

13 et proposui in animo meo quaerere et investigare sapienter de omnibus quae fiunt sub sole hanc occupationem pessimam dedit Deus filiis hominum ut occuparentur in ea 

14 vidi quae fiunt cuncta sub sole et ecce universa vanitas et adflictio spiritus 15 perversi difficile corriguntur et stultorum infinitus est numerus 

16 locutus sum in corde meo dicens ecce magnus effectus sum et praecessi sapientia omnes qui fuerunt ante me in Hierusalem et mens mea contemplata est multa sapienter et didicit 

17 dedique cor meum ut scirem prudentiam atque doctrinam erroresque et stultitiam et agnovi quod in his quoque esset labor et adflictio spiritus 

18 eo quod in multa sapientia multa sit indignatio et qui addit scientiam addat et laborem

 

Ecclésiaste, 1 (Louis Segond, Français)

1 Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem. 

2 Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité. 

3 Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil? 

4 Une génération s'en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours. 

5 Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d'où il se lève de nouveau. 

6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits. 

7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n'est point remplie; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.

8 Toutes choses sont en travail au delà de ce qu'on peut dire; l'oeil ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre.

9 Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

10 S'il est une chose dont on dise: Vois ceci, c'est nouveau! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. 

11 On ne se souvient pas de ce qui est ancien; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. 

12 Moi, l'Ecclésiaste, j'ai été roi d'Israël à Jérusalem.

13 J'ai appliqué mon coeur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c'est là une occupation pénible, à laquelle Dieu soumet les fils de l'homme. 

14 J'ai vu tout ce qui se fait sous le soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. 

15 Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté. 

16 J'ai dit en mon coeur: Voici, j'ai grandi et surpassé en sagesse tous ceux qui ont dominé avant moi sur Jérusalem, et mon coeur a vu beaucoup de sagesse et de science.

17 J'ai appliqué mon coeur à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie; j'ai compris que cela aussi c'est la poursuite du vent. 

18 Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.

 

Traduction français courant.

1 Voici les paroles du sage, fils de David et roi à Jérusalem.

2 De la fumée, dit le sage, tout n’est que fumée, tout part en fumée.

3 les humains travaillent durement ici-bas mais quel profit en tirent-ils?

4 Une génération passe, une nouvelle génération lui succède, mais le monde demeure indéfiniment.

5 Le soleil se lève, le soleil se couche, puis il se hâte de retourner à son point de départ.

6 Le vent souffle tantôt vers le sud, tantôt vers le nord, le vent souffle, le vent tourne, puis il reprend sa première direction.

7 Tous les fleuves se jettent dans la mer, mais la mer n’est jamais remplie. Sans arrêt pourtant, es fleuves se déversent à ce même endroit.

8 On ne pourra jamais assez dire combien tout cela est lassant: l’œil n’a jamais fini de voir ni l’oreille d’entendre.

9 Ce qui est arrivé arrivera encore. Ce qui a été fait se fera encore. Rien de nouveau ne se produit ici-bas.

 

Traduction Chouraqui.Chapitre 1.Fumée de fumées

1. Paroles de Qohèlèt, le fils de David, roi de Ieroushalaîm.

2. Fumée de fumées, dit Qohèlèt; fumée de fumées, tout est fumée.

3. Quel avantage pour l’humain en tout son labeur,

dont il a labeur sous le soleil ?

4. Un cycle va, un cycle vient; en pérennité la terre se dresse.

5. Le soleil brille, le soleil décline; à son lieu il aspire et brille là.

6. Il va au midi, il tourne au septentrion, il tourne,

tourne et va, le souffle, et retourne sur ses tours, le souffle.

7. Tous les torrents vont à la mer et la mer n’est pas pleine.

Au lieu où les torrents vont, là, ils retournent pour aller.

8. Toutes les paroles lassent, l’homme ne peut pas en parler.

L’oeil ne se rassasie pas de voir, l’oreille ne se remplit pas d’entendre.

9. Ce qui a été sera, ce qui s’est fait se fera:il n’est rien de tout neuf sous le soleil.

10. Il est une parole qui dit: « Vois cela, c’est neuf ! »

C’était déjà dans les pérennités, c’était avant nous.

11. Pas de souvenirs des premiers, ni même des derniers qui seront, pas de souvenir d’eux, ni de ceux qui seront en dernier.


Un point précis sous le tropique

Du Capricorne ou du Cancer

Depuis j'ai oublié lequel

Sous le soleil exactement

Pas à côté, pas n'importe où

Sous le soleil, sous le soleil

Exactement juste en dessous.

 

Dans quel pays, dans quel district

C'était tout au bord de la mer

Depuis j'ai oublié laquelle

Sous le soleil exactement

Pas à côté, pas n'importe où

Sous le soleil, sous le soleil

Exactement juste en dessous.

 

Etait-ce le Nouveau-Mexique

Vers le Cap Horn, vers le Cap Vert

Etait-ce sur un archipel

Sous le soleil exactement

Pas à côté, pas n'importe où

Sous le soleil, sous le soleil

Exactement juste en dessous.

 

C'est sûrement un rêve érotique

Que je me fais les yeux ouverts

Et pourtant si c'était réel ?

Sous le soleil exactement

Pas à côté, pas n'importe où

Sous le soleil, sous le soleil

Exactement juste en dessous.

 

Serge Gainsbourg, né Lucien Ginzbur 

18/12/1966 Sous le soleil exactement, chantée par Anna Karina,

Comédie musicale donnée le 13 janvier 1967.

MF

Tag(s) : #Textes des cafés-philo

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