A Gap, le Christ est mort sur une chaise électrique...
Une oeuvre exposée à la cathédrale de Gap suscite actuellement de vives réactions au sein de la communauté catholique des Hautes-Alpes.

A la veille du dimanche des rameaux, Monseigneur Jean-Michel di Falco Léandri a levé le rideau sur Le Christ et la chaise électrique de Peter Fryer, une œuvre exposée dans la cathédrale de
Gap, et qui suscite actuellement de vives réactions au sein de la communauté catholique du diocèse.
La pile de courrier qui s'entasse sur le bureau de Mgr di Falco ne cesse d’augmenter depuis que le diocèse de Gap a choisi de présenter dans la cathédrale, la sculpture de Peter Fryer, "Le Christ
et la chaise électrique". C'est dorénavant un Christ de cire - coiffé d'une couronne d'épines posée sur des cheveux humains, trônant sur une chaise électrique - qui a remplacé le Christ
sur sa croix dans l'antre de la cathédrale. Une manière plutôt moderne et originale de revisiter le calvaire de celui qui serait "mort pour nos péchés".
Mais pourquoi vouloir changer l'imagerie chrétienne séculaire ? "Il y a de nombreuses ra
isons, affirme Mgr di Falco, d'abord mon intérêt pour l'art moderne qui m'aide à mieux connaître ceux avec qui je vis". Mais la raison essentielle est surtout "d'ordre
spirituelle", et résulte d'une rencontre entre l'homme d'église et "une oeuvre forte" qui l'a "ému". Face à cette sculpture, Mgr di Falco s'est "demandé
pourquoi il n'avait pas la même émotion devant un crucifix ". "L'habitude" semblait être la principale responsable et c'est avec elle qu'il a voulu rompre en exposant "Le Christ et
la chaise électrique".
A ceux qui crient au scandale, Mgr di Falco répond que "s'il y a scandale pour certains, il n'est pas là où ils le pensent ! Le scandale, c'est notre indifférence devant la croix du
Christ ". Il a seulement voulu "partager son émotion avec les croyants de son diocèse".
La réaction de ceux qui voit l'œuvre "en direct est le plus souvent positive, alors que ceux qui ne la voit qu'en photo, sont le plus souvent choqués", affirme Mgr di Falco. Après
le vernissage de l'exposition, "une femme de plus de 80 ans est venue me voir pour me confier que, dorénavant, elle ne regarderait plus le Christ sur sa croix de la même manière",
raconte-il. Susciter l'émotion, mais aussi bousculer les spectateurs, "c'est le but, afin de nous déshabituer du scandale de la croix".
L'homme d'église s’est fait homme de lettres en rédigeant un poème pour l'occasion, qui s'articule autour du psaume 26 du Livre, "Je cherche ton visage, Seigneur !". Dans ces lignes, le Christ se
décline au masculin mais aussi au féminin, il est "séropositif", elle est "homosexuelle". "Le christ est présent dans tous les visages humains", affirme Mgr di
Falco.
Le Christ est "signe de contradiction", répète Mgr di Falco et "il est bon que cette exposition suscite une prise de conscience et un dialogue". Et peut-être donnera-t-elle corps à une
phrase oubliée de Serge Gainsbourg : "Si le Christ était mort sur le chaise électrique, tous les petits chrétiens porteraient une p
etite chaise autour du cou".
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"Pieta", la sculpture de Peter Fryer,
Photo Maurice Fortoul