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Pourquoi s'encombrer de son Ego?
Je commencerai par quelques petites précisions, le dictionnaire de psychanalyse Laplanche précise que l’Ego psychololgy en Anglais (Hartmann H.) est l’un des grands courants dans l’histoire du freudisme américain  et principale composante de la société des psychanalyse de New York. En français l’Ego Psychology est traduit comme la psychologie du Moi et de ce fait ne prenant pas en compte le caractère freudien de ce courant est injuste et impropre. L’idée de ce courant  Ego psychologie est l’intégration de l’homme à une société, à une communauté, et après les années 70 à une identité sexuelle, à une différence (folie, marge), à une couleur de peau et à une ethnie.
Elle rend en effet compte, tout en visant l’adaptation pragmatique de tout sujet a la société, les déracinements et les différences liés a l’idéal adaptatif américain.
Je me pose la question : peut on alors ce permettre d’aborder ce sujet de la sorte, peut on encore parler d’encombrement d’un ego, de notre Ego, alors que le courant traitant ce sujet a la base même de son origine, nous parle d’une normalisation et adaptation, d’un équilibre entre l’extérieur et l’intérieur. Peut on réellement s’encombrer de son Ego, cet Ego qui est le juste milieu celui du Moi, juste milieu qui a pour seule et unique place celle-ci. ?
Je dirais OUI ; oui on peut on peut s’encombrer de son Ego, mais quelles sont les conséquences dans ce cas là ?
Voyons maintenant de plus prêt ce qui nous dit le courant de L’ego psychology pour pouvoir mieux comprendre cette difficulté qui se pose ; celle de s’encombrer de son Ego…
Le moi (traduction française), devient autonome, pouvant contrôler tout ce qui est pulsions primitives, ce qui lui permet une indépendance face a la réalité extérieure. Une autonomie relative pourtant. (Dans ce courant de pensées)
Du côté des pulsions le Moi cherche une garantie contre l’esclavage de l’environnement,  Du côté de l’environnement il réclame les mêmes garanties contre les exigences du « ça » (les pulsions). Alors pour pouvoir parler d’un juste équilibre et d’un épanouissement de la vie humaine il est nécessaire de passer par un juste milieu, ce juste milieu, c’est le Moi qui fait de son possible tout en se soumettant à cette double contrainte entre le « ça » (pulsions) et la « réalité » (monde qui l’entoure).

Mais d’où vient ce Moi, pourquoi parle t-on d’un Moi ?
Après Freud quelques auteurs se sont attardés sur la psychologie du tout jeune enfant. Très vite l’observation de couples mère/enfant leur a permis d’identifier un certain nombre de caractéristiques spécifiant une dépendance, une dépendance mutuelle du nourrisson vis-à-vis de la mère (ou parent privilégié) et de la mère vis-à-vis de l’enfant. Il s’est avéré que l’enfant ne peut être séparé, ne peut être compris, ne peut « exister » en dehors de cette relation privilégiée selon Winnicott cela se produit, les tout premiers mois de la vie de celui-ci.
En effet le moi au début n’existe pas, l’enfant étant en relation fusionnelle d’avec ce parent privilégié. L’enfant ne différenciant pas soi, d’autrui.
Winnicott nous développe la relation entre une mère juste bonne/suffisamment bonne et le nourrisson ayant recours à cette relation pour pouvoir établir un moi, un moi qui se constituera pas a pas a travers l’autre et l’image que celui-ci renvoie a l’enfant. Un moi stable et structuré si la relation a été suffisamment bonne.
Une notion intéressante que Mélanie Klein reprend, est celle des frustrations, elle souligne l’effet et la nécessité des frustrations dans la vie du nourrisson, les frustrations seraient là, pour équilibrer la réalité intérieure à la réalité extérieure. La satisfaction immédiate des besoins peut renvoyer l’image au nourrisson d’une toute puissance, d’une satisfaction sans limites, ne correspondant pas a la réalité externe qui, elle est une source de frustrations perpétuelles.
Ici encore une fois on parle d’un juste milieu celui des frustrations nécessaires pour le renforcement du moi en adoptant des limites, et la satisfaction nécessaire pour la création d’un bon objet celui d’une mère bonne et gratifiante et non persécutrice, permettant la création d’un moi. L’objet interne bon et gratifiant = un moi stable qui serait le juste milieu entre besoin, satisfaction et frustration (l’absence de satisfaction immédiate).

Pourquoi avoir évoqué la constitution du moi dans la théorie psychanalytique ?
Partir des bases de la constitution de celui-ci me permettra de construire étage par étage, les difficultés que pose aujourd’hui L’ego (le moi, l’individu, ou peut être la personnalité) ?
Le point de vue sociologique est une continuité dans la vie d’un individu…
       En effet l’individu n’est rien d’autre qu’un production sociétaire, ne pouvant exister en dehors de celle-ci seulement s’il a trouvé ses sources dans cette dernière. Citation « La société est une production humaine, réalité objective, l’homme est une production sociale » (Berger).
Mais là ou cela devient intéressant est dans le fait d’oublier les sources, d’oublier que le processus d’individualisation est un processus social, l’individu qui devient de plus en plus autonome, oubli aujourd’hui, que cette autonomie est possible grâce et uniquement grâce a ce processus sociétaire qui est le processus d’individualisation. Ce qui posent des problèmes énormes. Des problèmes identitaires produisant des mouvements sociétaires et vice-versa.
Jean-Claude Kaufmann développe dans son livre « Ego », l’idée que la source primaire de ce processus qui est l’individualisation, prendrait ses racines dans la différenciation sociale, je cite : « toute multiplication des univers nomiques provoque nécessairement une individualisation de faite ».  Plus les fonctions d’un individu à un autre se différencient plus les structures et formes psychiques des individus grandissent et sont différenciées.
Ici on parle d’un produit social spécifique de son époque.
D’autres phénomènes ont contribués à ce processus : le côté financier, mais aussi la fluidité des échanges entre personnes. Une grande place est laissée à la propriété privée comme une différenciation sociale a travers une appropriation. Je cite « ce n’est l’individu qui invente la propriété, mais la propriété qui constitue l’individu propriétaire ».

Jusqu’ici on a pu voir l’idée, que le Moi ne vient pas de nulle part mais est un produit d’une relation précoce avec un individu représentant une personne privilégiée pour le nourrisson, cette relation privilégiée peut être suffisamment bonne ou « mauvaise », en fonction de cet environnement précoce se constitue un Moi ; le Moi de l’enfant, qui peut être stable ou défaillant. On a vu par la suite que l’individu qui est constitué à la base, de ce moi, pouvant être prononcé ou pas en fonction de la société dans laquelle celui-ci s’élabore, se développe. L’individu est un produit sociétaire, la société étant une création humaine.

Je reviens a la question initiale doit on s’encombrer de son Ego…
Et la je me confronte a la difficulté que ce questionnement pose.
Répondre oui est une possibilité, mais très vite on se rend compte que cela présente un piège le mot encombrer est un piège, un piège qui se transforme en handicap. Cette phrase est auto handicapante. En effet dans les synonymes du verbe encombrer en trouve : embarrasser, meubler, surcharger, gêner et embouteiller. L’intégrité de ces verbes sont en opposition avec les fonctions du Moi ; tel qu’il été décrit. Maintenant je me trouve dans l’impossibilité de comprendre cette phrase, sauf si je fais recours, à un problème de société, clairement visible aujourd’hui, même en France.
Dans son livre « La folie privée » André Green nous démontre que si à l’époque de Freud, le problème prédominant était lié a un sexualité tabou, ayant des conséquences sur un certain nombre de personnes, qui pour se protéger, on peut supposer, développent une personnalité névrotique, a l’époque on parlait d’hystérie. (Un terme qui n’est plus utilisé aujourd’hui dans les milieux médicaux, pour pouvoir  décharger ce trouble du contenu lourd que ce mot a pu porter dans le langage courant).
Aujourd’hui ce qui prédomine, dans la société occidentale c’est ce qu’on appelle « borderline » ou Etats limites en Français. Ce changement  peut être dû à un développement de la société et une disparition ou plutôt dévoilement des Tabous sexuels liés a l’hystérie.
On peut supposer que ce phénomène peut être dû a une défaillance dans la constitution du Moi, et notamment l’absence des limites précédemment évoquées et donc de frustrations, dans son développement, mais aussi peut être dû a une adaptation intense a « l’objet »  privilégié dans les premiers mois de le vie de l’enfant. Ce qui a pu construire un faux self, selon Winnicott. Un self (un « soi » adapté a un environnement, un « soi » ne correspondant pas au « soi » de l’individu lui même, pouvant induire une grande souffrance, si très prononcé).
    Pour revenir à la phrase initiale et à la question qu’elle nous pose, je dirais que dans les cas dans lesquels l’individu est encombré par son ego, on ne peux parles de normalité, dans le sens ou cet encombrement persiste plusieurs mois voir des années. C’est un problème qui est observé dans notre société aujourd’hui, dans certains milieux, ou suite a des erreurs politiques, se sont développés des enfants et maintenant des adolescent souffrant, inadapté aux exigences de la société dans laquelle ils vivent, ne désirant pas s’adapter.
    On peut supposer que le problème a la base n’est plus politique mais social, on peut introduire des suppositions et des hypothèses, mais le problème sera toujours là, quel que soit le mot et les origines qui le définissent.
    Ces jeunes n’ont pas des repères, n’ont pas eu la possibilité de s’identifier, en commencent par le parent privilégié souvent absent suite a une vie difficile, mais aussi plus tard, absence de repères, une société qui n’est pas la leur, n’est pas celle de leur parent, mais la difficulté se trouve dans le fait, que celle de leur parent n’est plus la leur, ils sont étranger, non pas seulement dans le pays de leur naissance, mais aussi, dans celui de leur parent. Problème d’identification/absence de repères.
Dans ces cas seulement pour moi est possible d’assister a un encombrement d’un ego, un ego(moi) défaillant, un moi absent, remplacé par un moi défensif, un moi sans limites, un faux moi si je peux dire, qui ne sait d’où il vient, ou il est, ou il va.
Maria lalova

Bibliographie :
Processus de maturation chez l'enfant, Paris, Payot, 1988. Winnicott
Jeu et réalité, Ed: Gallimard folio, 2004 Winnicott
Les influences mutuelles dans le développement du moi et du ça. Le transfert et autres écrits. Paris, P.U.F., 1995. Klein M.
Envie et gratitude. Envie et gratitude et autres essais. Paris, Gallimard, 1968, pp.9 a 93. Klein M.


*le moi (ego)/le self/l’individu
*ça/inconscient/sujet
*Hartmann : distinction entre le moi (ego)-instance psychique/le soi (self)-personnalité, personne propre.
* le « moi » repris par Kohut ; devenu la seule instance psychique capable de rendre compte des troubles narcissiques.
*Pour Lacan la distinction se faire non plus entre moi et soi, mais entre je et moi, donc entre ego et self une autre lecture de la seconde topique, en parlant de « sujet représenté » par un signifiant.


« Moi égale moi »  Fichte

      L’être humain est profondément attaché à son ego sans même  savoir en général ce qu’est cet ego. Dire que l’ego c’est moi, c’est encore ne rien dire, car qu’est-ce le moi ? Est-ce la somme de mes pensées, émotions et aspirations ? Ou bien celle de mes conditionnements psychologiques et sociaux ? Dans un cas comme dans l’autre, il y tout lieu de penser que l’ego est quelque chose d’encombrant, car tant d’éléments hétéroclites semblent le composer. Et tout se passe comme si l’homme moderne occidental faisait de cet encombrement égotique le sens même de toute son existence. N’est-ce pas son culte de l’ego qui lui fait poursuivre l’accumulation de biens matériels innombrables qui l’encombrent à la fois matériellement et mentalement ? La course à l’avoir n’est-elle pas une des expressions les plus répandues aujourd’hui de ce que j’appelle métaphoriquement « le complexe de Dieu », à savoir une tendance de chaque individu à s’ériger en petit dieu ?
   À cette question du pourquoi s’encombrer de son ego, j’apporterai deux réponses : celle du bouddhisme et la mienne. Que répondrait un philosophe bouddhiste à une telle question qu’il jugerait d’ailleurs typiquement occidentale ? D’abord, il dirait certainement que la question du pourquoi traduit déjà une maladie proprement occidentale et que c’est la question du comment qui lui importe. Car le bouddhisme peut à bien des égards être comparé à une entreprise de désencombrement de l’ego. Pour le bouddhisme, l’ego est une illusion qui fait souffrir l’homme parce qu’elle le fait désirer persévérer dans son être, ce que la loi de l’impermanence rend tout à fait vain. Un bouddhiste ne parlerait donc pas d’encombrement par l’ego, mais plutôt d’intoxication, ce dernier agissant comme un hallucinogène. Mais alors, pourquoi le bouddhisme s’acharne t-il tant à vouloir faire le vide à travers la méditation alors qu’il n’y a rien à vider si l’ego n’est qu’une illusion ? Nous touchons peut-être là à la limite de la compréhension occidentale de la pensée bouddhique dans son apparente contradiction.
    Ma réponse à la question présuppose l’existence de quelque chose qu’on peut appeler l’ego. À mon sens, l’ego correspond à la persona, terme signifiant le masque en latin. Or, Jung oppose la persona, c’est-à-dire le moi social et artificiel au soi qui correspondrait à notre moi authentique résultant du processus d’individuation. Cette distinction essentielle opérée par Jung me fournit la base de ma réponse à la question posée. L’individu s’encombre de son ego pour éviter de regarder en face le vide de son être intérieur. Il court après les possessions matérielles, les conquêtes sentimentales et les positions sociales pour se donner l’illusion d’une existence pleine et intense. Bref, l’individu moderne s’encombre de son ego pour compenser son complexe d’infériorité fondamental, celui d’un être qui n’est pas à lui-même son propre fondement. Or, cette inflation de l’ego est ce que j’appelle métaphoriquement le complexe de Dieu. C’est parce que fondamentalement il ne supporterait pas de ne pas être Dieu que l’homme –et surtout le mâle – chercherait ainsi à s’encombrer de son ego. Notons bien que ce complexe de Dieu est tout à fait valide dans le cadre de l’athéisme dont le ressort psychologique inconscient me semble être précisément la substitution de l’humain au divin.
                           Jean-Luc Berlet
Tag(s) : #Textes des cafés-philo

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