« La forêt, c’est encore un peu de Paradis perdu. Dieu n’a pas voulu que le premier jardin fut
effacé par le premier péché. » Marcel Aymé
Cette très belle citation de Marcel Aymé constitue le point de départ idéal pour ma randonnée intellectuelle de ce soir. A mon sens, se ressourcer dans la forêt c’est retrouver un peu de Paradis perdu en goûtant à l’innocence d’une nature encore vierge. Pour reprendre le titre du très beau livre de Hulin, la forêt demeure le dernier refuge de « la mystique sauvage ». Se ressourcer, c’est retrouver la source vive de son être originel recouverte par les sédiments de la civilisation, c’est faire revivre le moi naturel tué par le moi artificiel de la société. Or, la forêt est incontestablement le lieu privilégié d’un tel ressourcement comme nous allons essayer de le montrer. Pour ce faire, nous convoquerons l’œuvre du penseur écologiste Américain David Thoreau qui a inspiré le film de Sean Penn Into the wild avant d’évoquer mes propres expériences…
Henry David Thoreau (1812-1862) est incontestablement le chef de file de l’écologie américaine et probablement l’auteur de la réflexion philosophique la plus accomplie sur le rapport entre la forêt et la spiritualité. Le « Rousseau américain » a été plus conséquent que le promeneur solitaire de Genève, car sa réflexion s’est appuyée sur une expérience unique de vie solitaire dans les bois pendant deux ans. En mars 1845, Thoreau commence la construction d’une cabane près de Walden Pond, où Emerson a acquis un terrain prêté à son ami pour lui permettre de vivre au milieu de la nature, retranché de la société des hommes afin de se consacrer pleinement à l’écriture. Le 4 juillet, Thoreau accomplit son « acte philosophique » qui contribuera largement à sa légende et à sa postérité, en emménageant dans sa retraite boisée. Le choix du jour de la fête nationale américaine ne doit rien au hasard, Thoreau voulant ainsi marquer sa propre déclaration d’Indépendance vis à vis de la société…Pendant plus de deux ans, Thoreau vit dans une solitude entrecoupée de visites, se conformant à l’éthique de la « simplicité volontaire » qu’il s’est érigée en règle de vie, au contact d’une nature dont il veut découvrir les « lois supérieures ». En s’installant « hors du monde » à vingt minutes seulement de sa ville natale Concord, Thoreau démontre la nécessité d’être au monde ici et maintenant en aspirant à une vie transcendantale dans la forêt qui doit laisser l’esprit s’épanouir. Walden or Life in the Woods, le récit de son expérience anachorétique au cœur de la forêt, est avant tout le témoignage d’une aventure spirituelle. Thoreau a voulu ainsi prouver qu’il était possible pour l’individu de se libérer du carcan imposé par la société matérialiste. Pour Michel Granger, grand spécialiste de Thoreau, une telle retraite dans la forêt peut aussi constituer une manière de combler un douloureux vide affectif, la Mère-Nature jouant le rôle d’une sublimation compensatrice. Ecoutant ce qu’en dit Thoreau lui-même dans son journal : « Toute la nature est ma jeune épouse. Cette nature qui pour l’un est une solitude morne et épouvantable est pour l’autre une compagnie douce, tendre et chaleureuse ».
L’expérience de ressourcement à travers la forêt faite par Thoreau a fait de nombreux émules aux Etats-Unis. L’un d’entre eux, le jeune Christopher Mac Canddless, optera pour une expérience encore plus radicale que celle de Thoreau. C’est le journal de bord retrouvé en Alaska près du corps inerte du jeune homme qui inspirera le célèbre film de Sean Penn Into the wild. Christopher Mac Candless souffrait profondément du mensonge de ses parents sur leur vie conjugale et son exil dans la nature loin d’une société factice était pour lui une manière de trouver une compensation affective pour se reconstruire. Le jour où il a décidé de tout plaquer pour le grand voyage, il a évoqué sa Révolution spirituelle. Mais Mac Canddless a été bien plus radical que Thoreau en choisissant la solitude de l’Alaska comme destination finale et fatale…
Cette très belle citation de Marcel Aymé constitue le point de départ idéal pour ma randonnée intellectuelle de ce soir. A mon sens, se ressourcer dans la forêt c’est retrouver un peu de Paradis perdu en goûtant à l’innocence d’une nature encore vierge. Pour reprendre le titre du très beau livre de Hulin, la forêt demeure le dernier refuge de « la mystique sauvage ». Se ressourcer, c’est retrouver la source vive de son être originel recouverte par les sédiments de la civilisation, c’est faire revivre le moi naturel tué par le moi artificiel de la société. Or, la forêt est incontestablement le lieu privilégié d’un tel ressourcement comme nous allons essayer de le montrer. Pour ce faire, nous convoquerons l’œuvre du penseur écologiste Américain David Thoreau qui a inspiré le film de Sean Penn Into the wild avant d’évoquer mes propres expériences…
Henry David Thoreau (1812-1862) est incontestablement le chef de file de l’écologie américaine et probablement l’auteur de la réflexion philosophique la plus accomplie sur le rapport entre la forêt et la spiritualité. Le « Rousseau américain » a été plus conséquent que le promeneur solitaire de Genève, car sa réflexion s’est appuyée sur une expérience unique de vie solitaire dans les bois pendant deux ans. En mars 1845, Thoreau commence la construction d’une cabane près de Walden Pond, où Emerson a acquis un terrain prêté à son ami pour lui permettre de vivre au milieu de la nature, retranché de la société des hommes afin de se consacrer pleinement à l’écriture. Le 4 juillet, Thoreau accomplit son « acte philosophique » qui contribuera largement à sa légende et à sa postérité, en emménageant dans sa retraite boisée. Le choix du jour de la fête nationale américaine ne doit rien au hasard, Thoreau voulant ainsi marquer sa propre déclaration d’Indépendance vis à vis de la société…Pendant plus de deux ans, Thoreau vit dans une solitude entrecoupée de visites, se conformant à l’éthique de la « simplicité volontaire » qu’il s’est érigée en règle de vie, au contact d’une nature dont il veut découvrir les « lois supérieures ». En s’installant « hors du monde » à vingt minutes seulement de sa ville natale Concord, Thoreau démontre la nécessité d’être au monde ici et maintenant en aspirant à une vie transcendantale dans la forêt qui doit laisser l’esprit s’épanouir. Walden or Life in the Woods, le récit de son expérience anachorétique au cœur de la forêt, est avant tout le témoignage d’une aventure spirituelle. Thoreau a voulu ainsi prouver qu’il était possible pour l’individu de se libérer du carcan imposé par la société matérialiste. Pour Michel Granger, grand spécialiste de Thoreau, une telle retraite dans la forêt peut aussi constituer une manière de combler un douloureux vide affectif, la Mère-Nature jouant le rôle d’une sublimation compensatrice. Ecoutant ce qu’en dit Thoreau lui-même dans son journal : « Toute la nature est ma jeune épouse. Cette nature qui pour l’un est une solitude morne et épouvantable est pour l’autre une compagnie douce, tendre et chaleureuse ».
L’expérience de ressourcement à travers la forêt faite par Thoreau a fait de nombreux émules aux Etats-Unis. L’un d’entre eux, le jeune Christopher Mac Canddless, optera pour une expérience encore plus radicale que celle de Thoreau. C’est le journal de bord retrouvé en Alaska près du corps inerte du jeune homme qui inspirera le célèbre film de Sean Penn Into the wild. Christopher Mac Candless souffrait profondément du mensonge de ses parents sur leur vie conjugale et son exil dans la nature loin d’une société factice était pour lui une manière de trouver une compensation affective pour se reconstruire. Le jour où il a décidé de tout plaquer pour le grand voyage, il a évoqué sa Révolution spirituelle. Mais Mac Canddless a été bien plus radical que Thoreau en choisissant la solitude de l’Alaska comme destination finale et fatale…
Jean Luc Berlet
Conférence du mardi 16 septembre 08 au centre Maurice Ravel
Conférence du mardi 16 septembre 08 au centre Maurice Ravel