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Pourquoi le besoin d'un bouc-émissaire?
Objectifs de l’exposé
La violence sévit à tous les niveaux : local (quartiers), national (communautés), international
Sur le plan philosophique, comprendre le phénomène de la violence
Sur le plan de la morale, œuvrer pour une société éthique sans violence : arrêter les massacres
Moyen possible d’atteindre l’objectif
Etude du phénomène de la violence et du  processus du bouc-émissaire.
Le plan de l’exposé
le bouc-émissaire dans la bible
violence et sociétés primitives
le bouc-émissaire dans les sociétés archaïques et critères de désignation
un éclairage d’Albert Camus : l’Etranger
théorie de René Girard
sociétés modernes
principes théoriques
la pratique
rôle des médias dans les conflits mondiaux et dérives médiatiques   
difficultés de solution au conflit du Moyen-Orient   
séparation des notions de Victime, Responsable et Coupable
et les moyens de prévenir et d’empêcher les conflits

Bouc-émissaire dans la bible
L’Eternel parla à Moïse. « De la part de la communauté des enfants d’Israël, Aaron prendra deux boucs pour l’expiation et un bélier comme holocauste. Il immolera le bouc expiatoire du peuple, et purifiera le sanctuaire des souillures des enfants d’Israël et de leurs transgressions. Il appuiera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, confessera offenses, péchés, iniquités en les faisant passer sur la tête du bouc qui emportera sur lui les iniquités et qu’on lâchera dans le désert. Au 7ème mois, le 10ème jour du mois, ça sera un sabbat, vous serez purs de tous vos péchés ».

Conclusions
Un bouc expiatoire pour l’Eternel et un bouc envoyé à Azazel dans le désert
Il y a transfert des péchés des enfants d’Israël vers le bouc,
L’animal représente les pulsions bestiales de l’homme (nefesh),
En se débarrassant de leurs péchés (confession et reconnaissance des leurs fautes), les hommes purifiés, élèvent leur spiritualité (nechame) et se rapproche ainsi de Dieu
Le bouc-émissaire est innocent, il ne meurt pas. Chargé des péchés, il est exilé ; il permet la purification du peuple

Violence et sociétés primitives

Peuples primitifs et nature.
Peuples sans écriture ; organisation sociale simple ; des moyens de vie rudimentaires.
L’homme est très proche de la nature et dépend entièrement d’elle. Il vit la plupart du temps de chasse, pêche, cueillette au sein d’une tribu. La nourriture est aléatoire.
Il craint les cataclysmes (inondations, incendies, maladies, …) qu’il ne peut maîtriser. Il ne dispose d’aucun moyen pour les comprendre (pluies, orages, foudre).
Croyances et forces surnaturelles
-Le primitif explique tous les phénomènes qui lui échappent par l’intervention de forces surnaturelles. Il pense que celles-ci interviennent quotidiennement dans sa vie. Ces forces sont soit maléfiques soit protectrices.
-Le mana est une force extraordinaire qui se manifeste dans ce qui est bizarre. Tout ce qui sort de l’ordinaire est de l’ordre de la révélation surnaturelle, dangereux, tabou ; il est redoutable, inquiétant, impur; tabou s’oppose à noa (ordinaire en Polynésien)
-Ambivalence du sacré chez le primitif : Le sacré est double, il unit le maudit et le béni ; les dieux sont cruels ou sont bons. Le tabou est fascinant et impur. Le primitif cherche à se préserver des tabous, ou à acquérir la puissance surnaturelle (numineux) par la magie.
-Une logique propre et des règles strictes de conduite. Des objets n’ayant a priori aucun lien, pour nous, peuvent être regroupés dans une même classe selon leurs propriétés mystiques. Exemples : En Polynésie, les hommes ne mangent pas avec les femmes. Aux îles Marquises, le feu des hommes est tabou pour les femmes. Les Eskimo ne découpent pas une baleine avec une hache de fer. Les Hausa ne mangent aucune nourriture qui a été en contact avec du fer. Enfin, le « tabou de la belle-mère » est fort répandu dans le monde primitif, qui l’oblige à éviter son gendre en tout occasion et lui fait même défense de lui adresser la parole.

Tabous et violence des peuples primitifs

-Une violence se manifeste sur tout ce qui échappe aux règles édictées ou encore à tout ce qui échappe à l’ordre naturel des choses. Exemples : Les individus dont la naissance est marquée par un phénomène rare peuvent être mis à mort : dans certaines tribus (Nias), les albinos sont tués; dans d’autres, les jumeaux sont présage de malheur ; des enfants qui se présentent par les pieds à la naissance sont mis à mort. Une chienne qui n’a que des petits mâles ; un chasseur trop chanceux est tabou,…Les êtres marqués par une anomalie physique.
-Une violence se manifeste sur l’étranger. Au Mexique chez les Aztèques, pour calmer la colère des dieux, des sacrifices humains. Les sacrifiés sont des captifs prélevés lors de guerres extérieures. Le nombre de sacrifiés, 20000 victimes par an, à l’arrivée des européens, indique l’importance du phénomène et l’extraction à mains nues du cœur de la victime suggère l’intensité de sa violence.

Conclusion

-C’est dans un contexte de peur et d’angoisse qu’il faut imaginer le primitif. : incompréhension des phénomènes naturels, peur de manquer de nourriture, maladies,..
-Il imagine des dieux intervenant quotidiennement dans sa vie et dont il a peur. Le tabou représente l’interdit qui  a pour objet de protéger l’ordre naturel des choses
-Le  primitif projette ses peurs
sur des victimes marquées par l’extraordinaire personnifiant le mana
sur ceux qui ne se conforment pas à l’ordre établi, relié à l’ordre naturel
sur l’étranger, extérieur à l ‘ordre établi
-Les sacrifices : fête, offrande et forme de violence pour calmer la colère des dieux.

Bouc-émissaire dans les sociétés archaïques et critères de désignation


Société archaïque -                                       Violence dans la société archaïque
Problème crucial est posé -                            Désignation d’un bouc-émissaire comme solution
Critères de désignation du bouc-émissaire :   le juif bouc-émissaire

Société archaïque

Société où il existe un développement économique, des instances  organisées (gouvernement, justice, armée, institutions religieuses); ex : sociétés moyen-âgeuses.
Violence dans la société archaïque
conflits internes dus aux désirs humains d’accéder à la richesse ou au pouvoir. Violence intensifiée par  rivalité entre groupes d’individus et organisations puissants.
Problème crucial est posé
les conflits empêchent la société d’évoluer. La violence peut la ruiner à tout moment. La société se trouve paralysée, incapable de résoudre ses problèmes ou encore menacée d’implosion.
Désignation d’un bouc-émissaire comme solution
Solution : Le bouc-émissaire est choisi pour détourner la violence sur lui. S’il est faible et ne peut se défendre, la société pourra fonctionner à un moindre coût de violence.
Le bouc-émissaire focalise les haines: réceptacle de toutes frustrations  accumulées ; c’est sur lui que les individus projetteront leur propres défauts ; il est un exutoire
Critères de désignation du bouc-émissaire
permettent de détourner plus rapidement la violence collective sur lui. Sa faiblesse (groupe minoritaire) et son origine étrangère facilitent en effet, sa diabolisation et son externalisation par rapport au groupe.
Le Juif a joué toujours ce rôle. Le moyen-âge est une période particulièrement riche en exemples,  pendant laquelle on a pu voir le « succès » de la méthode.
Guillaume de Machaut, poète français écrivait au milieu du XIVème siècle : « Il y a des signes dans le ciel. Les pierres pleuvent et assomment les vivants. Des villes entières sont détruites par la foudre. Les hommes meurent en grand nombre. Certaines de ces morts sont dues à la méchanceté des juifs et de leurs complices parmi les chrétiens. Comment ces gens s’y prenaient-ils pour causer de vastes pertes dans la population locale? Ils empoisonnaient les rivières, les sources d’approvisionnement en eau potable. La justice céleste a mis bon ordre à ces méfaits en révélant leurs auteurs à la population qui les a tous massacrés. »

Conclusion
Incapacité de la société à résoudre les conflits internes ‡ désigner bouc-émissaire.
Le bouc-émissaire a pour rôle de détourner la violence interne du groupe sur lui, et diminuer ainsi son intensité. Il offre une solution pour que la société fonctionne
Il répond à un intense besoin de défoulement. Les individus ayant accumulé les  frustrations sont aptes à désigner facilement un « responsable » de leur malheur. Ils projetteront tous les défauts des humains sur lui
Critères de désignation du bouc-émissaire : le juif bouc-émissaire
Les institutions et le pouvoir profiteront de ce besoin de défoulement pour exciter la population afin de détourner les responsabilités en temps utiles :fête (inquisition)

Théorie de René Girard

Désir mimétique et violence

Bouc-émissaire : solution dans les sociétés archaïques
Culpabilité du bouc-émissaire dans les mythes
La victime devient dieu car elle a permis de réconcilier la société
Judéo-christianisme
La religion juive est la première à se placer du côté de la Victime : « Aime ton prochain comme toi-même » ; « vous aimerez l’Etranger ».
Jésus-Christ s’est placé en Victime pour porter les péchés du monde. L’Autre que l’on sacrifie n’est pas différent de nous-mêmes. Il révèle pour la 1ère fois que la victime est innocente.
A ce titre le bouc-émissaire de la Bible est une première tentative d’éliminer la violence

Sociétés modernes : théorie
Acceptation des principes éthiques par tous : principes individuels moraux, code national, droit international
Les sociétés modernes se fondent sur des principes éthiques selon lesquels on doit défendre le faible et le protéger.
Prise de conscience du processus archaïque révélé par les religions mono-théïstes ou par l’évolution sociale)

Sociétés modernes : pratique
Un éclairage d'Albert Camus (L’Etranger)
Le bouc-émissaire dans les sociétés modernes un besoin toujours présent
Il s’agit d’un crime commis par un pied-noir sur un arabe ; l’accusé est jugé par la société et est condamné à mort. Quoi de plus normal. Cependant Albert Camus souligne :
1. le besoin qu’a la société de désigner un coupable : lors de l’accusation, la justice ne lui reproche jamais le crime commis! On ne recherche pas du tout sa responsabilité dans le crime
2. le procédé d’externalisation de la victime par la société est décrit minutieusement
3. l’effervescence de la société lors du procès et le rôle des médias accusateurs
4. le désir de vengeance de la société va jusqu’à demander sa mort
5. communion de la société lors du verdict final et la participation de la victime à cette fête.
Fête et mise en scène : Nazisme – Communisme Union Soviétique  et Chine (procès)

Conflits internationaux
Pratique et application de 3 principes amoraux
Bien que les principes éthiques soient acceptés en théorie ; on observe une dérive importante et en particulier l’application constante de 3 principes amoraux.
1. Dans une société mondialisée, où les alliances jouent un rôle important, un premier principe amoral est celui de considérer l’ennemi de mon ennemi, comme mon ami. Ceci sans se soucier de sa propre moralité. Exemples : la lutte des américains contre l’influence soviétique est passée par l’aide aux islamistes qu’ils ont contribués à promouvoir et renforcer. ; le Pacte Germano-Soviétique a de la même manière montré une alliance « contre nature ».
2. La victime étant considérée, dans la morale internationale, comme prioritaire pour recevoir une aide, le deuxième principe amoral répandu est celui de ne considérer comme victime qu’une personne ou un groupe qui est proche de son “camp”, sans qu’aucun principe de compassion ne joue. Seul le système d’alliance permettra de désigner la victime en fonction du camp où l’on se trouve. De cette manière, la victime n’est pas désignée par la compassion ou l’empathie qu’elle inspire, mais elle est choisie par rapport à son “camp”!
Durant la guerre froide entre les deux blocs, suivant un schéma archaïque, les pays ont été considérés comme victimes suivant le “bord” où l’on se plaçait. Il y avait les victimes du capitalisme ou (ou exclusif) les victimes du socialisme.
3. Le troisième principe amoral est celui de s’auto-proclamer victime. Victime devenant une place à acquérir pour bénéficier des avantages offerts par une société capable d’aider le plus faible. Les principes moraux sont ainsi dévoyés, la victime usurpant son “statut”.
Un retour aux principes archaïques
Les principes théoriques étant acquis, on observe dans les faits qu’il y a une lutte pour s’octroyer la place de victime (pour obtenir une place devenue enviable) et une diabolisation de l’Autre, le bourreau, nouveau bouc-émissaire. Dans les conflits modernes, on a pu observer, que dans un conflit, chacun cherche un avantage à  s’auto-proclamer Victime et désigner l’Autre comme bourreau. Ceci pour réaliser l’adhésion de tous à son propre camp. C’est la compétition pour avoir la bonne place ; puis la coalition contre l’Autre.

Confusion

Du 3ème principe découle une confusion  entre Victime et Oppresseur.
Exemple : conflit serbo-croate est une illustration de cette confusion
Conflit du Moyen-Orient : chaque nation prend position désigne le peuple Palestinien comme Victime et Israël comme bourreau ou le contraire.

Rôle des médias dans les conflits mondiaux et dérives médiatiques
Le rôle des médias dans ce contexte est alors très important pour éclairer les conflits (situations économiques et géopolitiques) en montrant leur complexité et  les responsabilités des différentes parties. Or ce qu’on observe depuis longtemps dans les médias, ce sont des prises de positions non argumentées. On choisit son “camp” que l’on trouve « juste » a priori sans explication. Ce qui a pour effet d’attiser les haines. L’objectif d’éclairer les situations et chercher à  comprendre les conflits est alors loin d’être atteint. Les raisons ?
La recherche de l’audience est une première explication à cette attitude. Car la désignation d’un coupable suscite dans la population une excitation qui s’alimente des frustrations et insatisfactions. Les désirs enfouis et réprimés se transforment aisément en un déchaînement de haines envers le bouc-émissaire désigné.
Une autre explication est que les médias sont souvent inféodés au pouvoir, et jouent un rôle de relais dans une propagande orchestrée. Ils peuvent acquérir ainsi une responsabilité écrasante dans les génocides liés aux conflits. Exemples :
Rwanda : Leur rôle a été catastrophique. En 1994, la Radio-Télévision Libre des Mille Collines contrôlée par les extrémistes hutus diffuse des messages de haine et des listes d’ennemis à abattre. Elle exhorte ses auditeurs : « Prenez vos lances, matraques, pistolets, épées, pierres , n’importe quoi, aiguisez-les et écrabouillez ces cafards ennemis ». Le résultat fut plus de 500000 Tutsis désarmés et hutus modérés massacrés. (Los Angeles Times, 3 décembre 1997)
Yougoslavie : médias ont joué le même rôle dans le conflit yougoslave.
Dans les deux conflits, la notion d’étranger a pu resurgir soudainement après des décennies de vie imbriquée entre communautés.
Si le rôle des médias dénoncé ici est évident dans les pays totalitaires ou socialement peu développés, il est beaucoup plus sournois dans les pays démocratiques.

Les 3 aspects du cocktail : Psychologie individuelle + pouvoir + médias
Nous avons l’habitude pour expliquer la violence  de fournir une explication psychologique ; (frustrations, projections) une autre politique, de pouvoir ; une autre mettant l’accent sur le manque d’éducation ; une autre sur les médias

Prévenir et empêcher les conflits : l’espoir
Le monde d’aujourd’hui dans son ensemble accepte les principes éthiques
La mondialisation a pour conséquence à terme d’affaiblir la notion d’Etranger
Une compassion pour l’Autre peut émerger et émerge déjà de temps à autre
Cependant un réveil de la violence et en particulier l’antisémitisme peut surgir tous les jours

Solutions pour prévenir et empêcher les conflits
Trois leviers importants pour la prévention de la violence et la résolution des conflits
Education
Ne pas former des individus dans la haine de l’Autre
Former les individus aptes à comprendre le monde
Principes déontologiques  concernant les médias
Chercher à éclairer un conflit en replaçant le contexte, en explicitant les problèmes posés pour chacun des groupes en conflit
Ne pas adopter une position “d’évidence” sans la justifier
Ne pas attiser la haine
Désigner toutes les victimes du conflit : elles ne sont pas toutes dans un même camp systématiquement
Règles individuelles
Les règles éthiques saines que tout individu doit s’imposer sont :
En « son âme et conscience », il faut être proche de la Victime indépendamment du camp où l’on se trouve soi-même. La compassion s’effectue sans sélection !
Chercher à comprendre les conflits en s’impliquant, sans a priori
Ne pas succomber à la haine ou se laisser emporter par ses propres frustrations
Dénoncer le processus de haine et de violence autour de soi
Savoir que la frontière entre le « Bien » et le « Mal » ne sépare pas nécessairement les communautés

Mobilisation :Vigilance élargie à tous et droit d’ingérence
Veiller à l’application de principes éthiques
Etre vigilance vis à vis du pouvoir et des médias : dénoncer les dérives médiatiques et celles du pouvoir
Union de tous en fonction de principes éthiques, quelque soit la croyance
Droit d’ingérence
Danger colossal : des moyens de destruction puissants aux mains du premier venu
Dans les sociétés éthiques on peut mimer le conflit : exemple matchs de foot : 2 équipes se « bagarrent » pour avoir le ballon (les hooligan ne le comprennent pas nécessairement ainsi)

Gilbert Milhem

Tag(s) : #accordphilo

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