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Des expositions à voir:

Crime et chatiment:

L'exposition Crime et châtiment envisage une période d'environ deux siècles : de 1791, lorsque Le Peletier de Saint-Fargeau réclame la suppression de la peine de mort, jusqu'au 30 septembre 1981, date du vote de son abolition en France. Durant toutes ces années, la littérature a créé d'innombrables personnages de criminels. Le titre de l'exposition est lui-même emprunté à Dostoïevski. Dans la presse, notamment dans les quotidiens illustrés, le crime de sang décuple par la fiction du romanesque sa puissance fantasmatique.

Dans le même temps, le thème criminel investit les arts visuels. Chez les plus grands peintres, Goya, Géricault, Picasso ou Magritte, les représentations du crime ou de la peine capitale sont à l'origine d'oeuvres saisissantes. Le cinéma également assimile sans tarder les charmes troubles d'une violence extrême, sa représentation la transformant même en plaisir, voire en volupté.

C'est encore à la fin du XIXe que naît et se développe une approche du tempérament délinquant qui se veut scientifique. On cherche à démontrer que les constantes du criminel s'inscriraient dans sa physiologie même. De telles théories ont une influence considérable sur la peinture, la sculpture ou la photographie. Enfin, à la violence du crime répond celle du châtiment : comment ne pas rappeler l'omniprésence des motifs du gibet, du garrot, de la guillotine ou de la chaise électrique ?

Au-delà du crime, il s'agit de poser encore et toujours le problème du Mal, et au-delà de la circonstance sociale, l'inquiétude métaphysique. A ces questions, l'art apporte un témoignage spectaculaire. Esthétique de la violence, violence de l'esthétique, cette exposition ne saurait que les réconcilier en rapprochant des images de toutes sortes, littérature et musique.

Le musée vous informe que certaines des oeuvres présentées dans l'exposition sont susceptibles de heurter la sensibilité des visiteurs (et tout particulièrement du jeune public).

 

Ouvert tous les jours sauf le Lundi nocturne le jeudi du 16 mars au 27 Juin. 

Musée d’Orsay 62 rue de Lille 75007
Tel: 01 40 49 48 14

 

les prisons se dévoilent au musée Carnavalet

 

Que sait-on de l’univers carcéral ? La photographie peut-elle rendre compte des réalités pénitentiaires ? Le musée Carnavalet présente "L'impossible photographie, prisons parisiennes (1851-2010)", une exposition de 340 photographies réalisées dans les prisons de la capitale, de 1851 à aujourd'hui. 

Pour la première fois, une exposition se penche et traite en profondeur l'ensemble des photographies réalisées dans l'univers carcéral parisien. Ce corpus inédit est issu d'un inventaire général de 3800 images, effectué par les commissaires de l’exposition auprès d’institutions (musées, bibliothèques, archives, agences de presse) mais aussi de collectionneurs privés.

Au final, l'exposition livre les multiples visages des prisons. Les photographies sont présentées au côté de textes littéraires et de films d'archives, mais aussi prolongées par des créations contemporaines réalisées à l’initiative du musée.

Effectués entre 2008 et 2009 à la prison de la Santé, avec l’accord de l’administration pénitentiaire, trois reportages photographiques, signés Jacqueline Salmon, Michel Séméniako et Mathieu Pernot, sont présentés en exclusivité dans l’exposition.

Ces témoignages exceptionnels et récents sur la dernière prison parisienne encore en activité sont complétés par deux commandes littéraires : une pièce sonore d’Olivia Rosenthal et un texte de Jane Sautière ainsi qu’une installation audiovisuelle réalisée par Anne Toussaint et Kamel Regaya (atelier audiovisuel de la prison de la Santé).

 

Offrant un regard unique sur le passé et le présent de ces lieux de détention, l’exposition est accompagnée d’un catalogue de référence. À travers l’inventaire de ce qui a été retrouvé, diverses personnalités (universitaires, historiens de la photographie, philosophes, écrivains, artistes…) analysent et décryptent ces images.

Le visiteur est ainsi amené à s’interroger sur le regard que portent la société et les photographes sur les lieux de rétention et prisons de la capitale, aux noms parfois oubliés ou méconnus : La Force, la Grande et Petite Roquette, Saint-Lazare, Sainte-Pélagie, Mazas, L’Abbaye, le Cherche-Midi, l’Hôtel des haricots, etc. Il pourra mesurer l’écart entre ce que l’on sait ou ce que l’on imagine et ce que la photographie restitue de l’univers carcéral.

Commissaires de l’exposition - Département des collections photographiques du musée Carnavalet : Catherine Tambrun, Christel Courtois.

 

Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf les lundis, jours fériés et dimanches de Pâques et de Pentecôte.

Du 10 février au 4 juillet 2010. Fermeture des caisses à 17h15.

 

Quelques livres à lire:

 

Crime et châtiment le catalogue de l’exposition sous la direction de Jena Clair

 

Crimes, prisons, décapitations, autant de thèmes qui parcourent en tous sens l'art depuis la Révolution française et ses premières tentatives d'abolir la peine de mort. Qu'il soit politique ou crapuleux, le crime de sang décuple par l'image sa puissance fantasmatique sur nous. Car la violence, même si elle n'est pas assortie de l'expression du plaisir, en apporte au spectateur, quelle que soit sa répulsion première. Des représentations littérales aux allégories de toutes sortes, la peinture confirme à foison cette ambiguïté fondamentale: des pendus de Victor Hugo à La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime de Pierre Paul Prud'hon. De nouveaux thèmes s'imposent à l'imaginaire, telle la femme criminelle. Stigmatisée par Jacques Louis David, réhabilitée par Paul Baudry puis noircie à nouveau par Edvard Munch, Charlotte Corday rejoint ainsi les figures du mythe. Se pose aussi la question des rapports entre folie, génie et crime, des prisonniers d'Eugène Delacroix à ceux d'Egon Schiele. Les plus grands artistes sont ceux chez qui la représentation exaspérée du crime ou de la peine capitale aboutit au saisissement maximum, de Francisco Goya et Théodore Géricault à Edgar Degas, Pablo Picasso, Otto Dix, George Grosz. Paria social, monstre conscient ou tueur irresponsable, le criminel a toujours fait débat. De même, son châtiment. Il n'est pas de meilleur miroir de l'homme et de l'art modernes.

 

Relié: 415 pages

Editeur : Editions Gallimard (25 mars 2010)

Collection : LIVRE D'ART

Langue : Français

 

Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski

Crime et châtiment

 

Seul l'être capable d'indépendance spirituelle est digne des grandes entreprises. Tel Napoléon qui n'hésita pas à ouvrir le feu sur une foule désarmée, Raskolnikov, qui admire le grand homme, se place au-dessus du commun des mortels. Les considérations théoriques qui le poussent à tuer une vieille usurière cohabitent en s'opposant dans l'esprit du héros et constituent l'essence même du roman. Pour Raskolnikov, le crime qu'il va commettre n'est que justice envers les hommes en général et les pauvres qui se sont fait abusés en particulier. "Nous acceptons d'être criminels pour que la terre se couvre enfin d'innocents", écrira Albert Camus. Mais cet idéal d'humanité s'accorde mal avec la conscience de supériorité qui anime le héros, en qualité de "surhomme", il se situe au-delà du bien et du mal. Fomenté avec un sang-froid mêlé de mysticisme, le meurtre tourne pourtant à l'échec. Le maigre butin ne peut satisfaire son idéal de justice, tandis que le crime loin de l'élever de la masse, l'abaisse parmi les hommes. Raskolnikov finira par se rendre et accepter la condamnation, par-là même, il accèdera à la purification. Crime et Châtiment est le roman de la déchéance humaine, l'oeuvre essentielle du maître de la littérature russe. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

 

Poche: 728 pages

Editeur : Gallimard (24 janvier 1995)

Collection : Folio classique

 

 

André Gide 

Les caves du vatican.

 

Qu'une vieille mule comme Amédée Fleurissoire rencontre des escrocs, et le voilà en route pour Rome, persuadé d'aller sauver le pape. À ce jeu de dupes, il n'a pas grand chose à perdre sinon quelques illusions et beaucoup d'argent.

Qu'un jeune arriviste comme Lafcadio décide de se faire passer pour le fils naturel d'un grand auteur et le voilà maître à chanter. À ce jeu de dupes, il a tout à gagner.

Mais que ces deux destins se croisent à bord d'un vieux train et tout bascule : que se passerait-il si Lafcadio poussait cet inconnu hors du train, comme ça, gratuitement, un crime pour rien ? Ça n'aurait aucun sens, mais c'est justement pour ça que ce serait grisant : la liberté dans l'acte gratuit...

Les mécanismes de la pensée, les rouages de la décision, la teneur de notre liberté : autant d'aspects de la nature humaine qui fascinent Gide, et qu'il traque dans toute son oeuvre, flirtant avec les frontières de l'absurde, non sans humour, mais toujours avec style et raffinement. --Karla Manuele

250 pages

Editeur : Gallimard (31 décembre 1995)

Collection : Folio

 

 

Jules Barbey d’Aurevilly.

Le Bonheur dans le crime suivi de La Vengeance d'une femme 

Hauteclaire Stassin, noire et souple comme une panthère, empoisonne la femme de son amant sans une once de remords. Ce crime commis de sang froid viendra-t-il corrompre leur idylle passionnée ? Le bonheur peut-il réellement s'épanouir dans le crime ? La comtesse de Sierra-Leone, beauté sublime mariée à un grand d'Espagne, vit sa passion jusqu'à la folie. Pour se venger de son mari qui a arraché le cœur de son amant et l'a fait dévorer par les chiens, elle se prostitue avec ostentation dans les bas quartiers de Paris. Jusqu'où peut aller une femme dans le désir de vengeance ? Dans ces deux nouvelles issues des Diaboliques, la passion est flamboyante, immorale et décadente. Un héroïsme noir, inversé, qui érige ces femmes en modèles de perversion morale aussi terribles que fascinants.

"Le bohneur dans le crime" est l'une des plus célèbres des six nouvelles du recueil "Les Diaboliques". Ecrites vers 1870, cette histoire d'une passion adultérine débute dans une salle d'armes et se poursuit l'épée à la main pour aboutir au crime. Romancier,poête et journaliste, Barbey d'Aurevilly déploie ici, plus que jamais,son art de conteur. .

 

92 pages

Editeur : J'ai lu (18 août 2004)

Collection : Librio

 

 

Bernard Oudin 

Le crime : Entre horreur et fascination 

 

Il se commet chaque jour dans le monde des centaines d'homicides, soit des dizaines de milliers par an. Mentionnée en quelques lignes dans la presse locale, la quasi-totalité de ces crimes passe inaperçue, sauf des proches ou de la police. D'autres attirent l'attention de l'opinion publique, l'émeuvent ou la fascinent. Comment demeurent-ils dans la mémoire collective? Pour leur mystère, de Jack l'Eventreur au " petit Grégory " ? Pour la monstruosité d'un Troppmann ou de serial killers contemporains? Pour la personnalité d'un Al Capone ou d'un Petiot ? Pour la dramaturgie des procès, tels ceux de Landru ou Marie Besnard? Au-delà des affaires réelles, les crimes littéraires marquent autant les esprits. Des Mystères de Paris d'Eugène Sue en 1842 aux romans policiers contemporains, ils constituent une exploration des passions humaines à leur paroxysme. Mais c'est le cinéma qui, oscillant entre idéalisation du criminel - du brigand Cartouche au gangster Dillinger - et esthétisation de la violence, révèle avec le plus d'acuité notre fascination pour le meurtre. Bernard Oudin, nous invitant à un discernement salutaire, raconte comment se décline cette passion pour le crime.

 

127 pages

Editeur : Editions Gallimard (25 février 2010)

Collection : Découvertes Gallimard

 

 

Victor Hugo

Histoire d'un crime.

L’hypothèse d’une violence illégale de la part de M. Louis Bonaparte s’évanouissait devant un sérieux examen. […] Où était l’homme capable d’un tel rêve ? Pour une tragédie il faut un acteur, et ici, certes, l’acteur manquait. Violer le droit, supprimer l’Assemblée, abolir la Constitution, étrangler la République, terrasser la nation, salir le drapeau, déshonorer l’armée, prostituer le clergé et la magistrature, réussir, triompher, gouverner, administrer, exiler, bannir, déporter, ruiner, assassiner, régner, avec des complicités telles que la loi finit par ressembler au lit d’une fille publique, quoi ! toutes ces énormités seraient faites ! et par qui ? par un colosse ? non ! par un nain. On en venait à rire --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

A travers le récit de ces quatre journées de décembre 1851, Hugo se fait historien et dramaturge. Il met en scène un événement particulier de l'Histoire ayant eu un impact direct sur son histoire personnelle : le coup d'Etat de Louis Bonaparte, l'assassinat de la République.

Extrait: L’hypothèse d’une violence illégale de la part de M. Louis Bonaparte s’évanouissait devant un sérieux examen. […] Où était l’homme capable d’un tel rêve ? Pour une tragédie il faut un acteur, et ici, certes, l’acteur manquait. Violer le droit, supprimer l’Assemblée, abolir la Constitution, étrangler la République, terrasser la nation, salir le drapeau, déshonorer l’armée, prostituer le clergé et la magistrature, réussir, triompher, gouverner, administrer, exiler, bannir, déporter, ruiner, assassiner, régner, avec des complicités telles que la loi finit par ressembler au lit d’une fille publique, quoi ! toutes ces énormités seraient faites ! et par qui ? par un colosse ? non ! par un nain. On en venait à rire.

600 pages

Editeur : La Fabrique (30 octobre 2009)

 

Marquis de Sade

Les crimes de l’amour.

On parle des délices de l'amour. Sade choisit d'en évoquer les crimes. L'amour devenu passion brûle tout ce qui n'est pas lui. La passion de Sade, dans ces nouvelles, est une passion incestueuse. M. de Franval aime, à la folie, sa fille Eugénie. La malheureuse Florville, après avoir été séduite par son frère, sera aimée de son propre fils et épousée par son père. L'inceste, c'est l'amour absolu, l'amant se double d'un père. L'inceste est aussi la contestation absolue. Le marquis de Sade est un révolutionnaire qui renie l'ordre social et religieux du XVIIIe siècle. L'inceste, enfin, est le repli suprême sur sa propre famille et sur soi-même. Le style de ces nouvelles est admirable. L'action en est mouvementée, sanglante. Le clair-obscur de chaque être, Sade, l'a mis à nu avec génie.

 

271 pages

Editeur : LGF - Livre de Poche; Édition : Ed. établie sur les textes originaux (1 janvier 1994)

Collection : Classiques

 

 

Collectifs: Frédéric Chauvaud, Anne-Emmanuelle Demartini, Annie Duprat, Claude Gauvard, Pauline Schmitt Pantél, Bertrand Tillier et Myriam Tsikounas ainsi que Laurent Bihl, Loïc Cadiet, Frédérique Matonti, Emmanuel Jeuland, François Jost et Camille Picard

Eternelles coupables : Les femmes criminelles de l'Antiquité à nos jours

Qu'y a-t-il de commun entre Ève, la première femme criminelle qui aurait été l'initiatrice du péché, Brunehaut condamnée, aux premiers temps du Moyen Âge, pour sa cruauté, à être traînée par des chevaux emballés, l'ogresse Jeanne Weber qui, au me siècle, asphyxia une dizaine de nourrissons et les sœurs assassines Christine et Léa Papin qui, en 1933, se déchaînèrent sur leurs patronnes?. L'infanticide, la sorcellerie, le poison, voire le vol sont-ils, comme on le dit communément, le propre des femmes?. Sans nier la réalité du crime, les regards, essentiellement masculins, que porte la société sur les femmes fautives tiennent lieu de réponse. Des vases antiques aux reportages télévisuels en passant par les miniatures médiévales, les tableaux de genre et les couvertures du Petit Journal, l'image est outrée, réductrice, stéréotypée, sans doute parce que la violence fait sortir les femmes du rôle attendu qui leur est conféré : celui de mère, d'épouse, de façon générale de porteuse de paix, de fécondité et de douceur. La représentation des femmes délinquantes n'illustre pas seulement l'histoire d'une transgression des normes, elle distille les rapports implicites entre le masculin et le féminin. Historiens, historiens de l'art, juristes et politistes se sont ici réunis pour penser le phénomène sur la longue durée. En commentant ici plus de cent reproductions d'œuvres d'arts de journaux, d'affiches, etc., ils décèlent le rapport entre les clichés et la société qui les façonne et les colporte en les réadaptant subrepticement pour leur permettre de survivre. Ces permanences commencent à se rompre aujourd'hui sous l'effet d'un espace public et d'une culture de masse dont les femmes sont de moins en moins exclues

 

205 pages

Editeur : Editions Autrement (28 février 2008)

Langue : Français

 

 

Eugène françois Vidocq

Les véritables mémoires de Vidocq

 

Tour à tour boulanger, colporteur, marin, contrebandier, bagnard, puis chef de la police de Sûreté et pour finir industriel, inventeur et écrivain, François Vidocq (né à Arras, 1775-1857) est un personnage hors du commun. Ses exploits inspirèrent nombre d'écrivains tels Balzac, Eugène Sue, Alexandre Dumas... Victor Hugo, dans Les Misérables, immortalisera Vidocq dans le personnage de Jean Valjean. François Vidocq écrit ces Vraies mémoires en 1827. Son éditeur apportera alors quelques modifications afin d'embellir la vie mouvementée de ce personnage hors du commun. Cet ouvrage est la réédition du texte d'origine, expurgé des améliorations ultérieures.

268 pages

Editeur : La Découvrance éditions (16 septembre 2006)

Collection : L'amateur averti

 

 

Eugène Sue 

Les mystères de Paris

" Il y a dans Les Mystères de Paris une énergie sauvage : celle d'une cohorte de personnages maléfiques, malfrats hideux comme la Chouette, Tortillard - un anti-Gavroche -, le Maître d'école ou Bras-Rouge, criminels du grand monde comme le comte de Saint-Remy, monstres hypocrites comme le notaire Jacques Ferrand. Eugène Sue n'est pas avare de noirceur. Mais il y a aussi une sauvagerie du Bien, celle de Rodolphe, prince mélancolique venu à Paris à la recherche de sa fille perdue, impitoyable avec les méchants qu'il punit au mépris des lois. On doit à sa cruauté quelques-unes des scènes les plus stupéfiantes du roman : le châtiment du Maître d'école, ou le supplice de luxure imposé à Jacques Ferrand. Cette cruauté contraste avec la pureté morale de Fleur-de-Marie, comme avec la face solaire de Rodolphe, providence de tous les malheureux honnêtes dont il croise le chemin. Le roman exprime dans son ensemble une quête assoiffée de régénération morale de la société, par l'amélioration des mécanismes préventifs et répressifs (c'est le sens de l'engagement de Sue en faveur dans l'encellulement des criminels) ainsi que par l'invention de mécanismes d'incitation au Bien, police ou tribunal de la Vertu, qui doivent récompenser publiquement les actions exemplaires." 

 

Dominique Kalifa

L'encre et le sang

351 pages

Editeur : Fayard (11 octobre 1995)

 

 

Roland Marx

1888 Jack L’Eventreur et les fantasmes victoriens.

 

" Jack l'Eventreur " : un des plus célèbres criminels de l'histoire, d'autant plus connu peut-être que le mystère de son identité n'a jamais été percé et que les hypothèses les plus folles, y compris la mise en cause de proches parents de la reine Victoria, ont été avancées à ce sujet et continuent de se nourrir de " révélations " successives. Cette " affaire " sert de point de départ à une enquête sur les mentalités victoriennes qui, seules, peuvent expliquer l'étrange écho provoqué par cette série de meurtres sordides. On s'aperçoit bien vite que les Victoriens vivaient en proie à quelques grandes peurs : la maladie et la mort, le sexe, l'espace urbain qui, dans la " moderne Babylone " londonienne, recelait des bas-fonds terrifiants et des menaces aussi diffuses que redoutées. En 1888, les grandes barrières contre le mal, la famille, la propriété, la religion, apparaissent branlantes dans un royaume gouverné par une souveraine exemplaire, mais vieillissante. Les grandes valeurs morales, l'ordre social et politique fléchissent, la " peur du rouge " se développe, on vit sur une croûte de civilisation qu'un grand cataclysme menace d'engloutir dans les laves révolutionnaires. Les crimes de Jack réveillent ou révèlent des fantasmes inavoués ou inavouables. Dans les brumes épaisses de novembre 1888, d'aucuns ne savent plus trop s'ils vivent l'avènement de la grande perversion sexuelle ou si les ombres fantomatiques de la Révolution sociale ne revêtent pas l'apparence du meurtre sordide comme signe annonciateur de la subversion finale.

 

189 pages

Editeur : Editions Complexe (22 février 2007)

Collection : HISTORIQUES

 

Collectif

Figure des femmes criminelles

 

Alors que la part des femmes dans la délinquance est restée moindre que celle des hommes et que le droit traite, en principe, les deux sexes à égalité, pourquoi le récit de leurs crimes les transforme-t-il si facilement en monstres? Pour répondre à cette question, paradoxale, cet ouvrage croise les analyses d'historiens, juristes, criminologues, historiens de l'art et plasticiens. Ces chercheurs mobilisent des sources abondantes et multiples, fragments bibliques, vases antiques, miniatures médiévales, chroniques judiciaires, dessins de presse, grands procès reconstruits par la télévision... qui nous donnent à voir la complexité des représentations des femmes criminelles, construites et sédimentées depuis trois millénaires. Des figures de femmes criminelles contemporaines - Jeanne Weber, l'ogresse de la Goutte d'or, Violette Nozière, l'empoisonneuse, les soeurs Papin - aux figures archétypales " intemporelles " - Eve, Pandora, la sorcière, la prostituée, la femme adultère, qui ne sont pas coupables de crimes mais pensées comme coupables du désordre de l'humanité -, on retrouve les mêmes stéréotypes dépréciatifs des femmes dans l'imaginaire occidental. Cette image peut connaître des nuances, des changements concernant les infractions féminines sont intervenus dans le champ juridique, mais sur le long terme la société n'accepte guère que la femme soit criminelle. Si la femme est réellement criminelle, elle donne une image repoussante, celle du monstre, ou au contraire aguichante, celle de la tentatrice dont les prostituées sont les filles. Cela revient, dans les deux cas, à renier le crime au féminin. Est-ce la raison pour laquelle, aujourd'hui encore, les historiens n'arrivent pas à expliquer le phénomène, sauf à dire que les femmes sont portées à la paix et les hommes à la violence?

352 pages

Editeur : Publications de la Sorbonne (25 mars 2010)

Collection : Homme et société

 

Weegee

Weegee par Weegee

Pionnier du photojournalisme, précurseur de la photographie à sensation des tabloïds et artiste reconnu, Arthur Fellig, surnommé Weegee, est né en Autriche en 1899. Il émigre aux Etats-Unis à l'âge de dix ans. Fils de rabbin, il grandit dans les vieux immeubles du Lower East Sicle de New York. Il est tout jeune lorsqu'il achète son premier appareil. Sa carrière commence alors qu'il squatte la chambre noire d'un studio de photos d'identité, où il est employé le jour : il s'en échappe la nuit pour couvrir les faits divers. Sans argent ni formation, il hante le QG de la police de Manhattan et devient ainsi le photographe du crime. En 1945, il publie Naked City, qui lui ouvre les portes d'Hollywood. Les plus grands journaux, dont Life et Vogue, font appel à lui. Dans les années 1960, Weegee voyage à travers l'Europe et expérimente différents formats, dont les panoramiques et ses fameuses distorsions. Mort le 26 décembre 1968 des suites d'une tumeur au cerveau, ce personnage ambigu, à la fois mégalomane et plein de compassion pour les déshérités, a inspiré à Howard Franklin le film L'Oeil public, avec Joe Pesci.

 

 

Yves Bonnefoi

Goya, les peintures noires

Goya, qui ne se réclamait que de Vélasquez et de Rembrandt, n'est certainement pas explicable par la peinture de son époque en Espagne. Les documents écrits ou même ses lettres ne donnent guère d'information sur ce que fut au secret de soi cet esprit si évidemment hors de toutes normes. Des événements les plus importants de sa vie, comme sa grande maladie de l'hiver 1792-1793, on ne sait pas davantage. Historiens et même critiques sont donc bien peu équipés pour aborder cette œuvre et accéder à ce qui en est tout de même bien clairement l'essentiel, une pensée de ce qui est vrai et de ce qui vaut. Pour comprendre Goya ne doit-on pas dès lors prêter attention à ce qu'on éprouve soi-même ? S'il y avait parenté véritable entre l'observateur et le peintre, ce serait certes la voie: le semblable seul connaît le semblable. Mais même si la proximité n'est que relative, soucis fondamentaux divergents autant que communs, et l'artiste loin en avant sur la voie où ces hantises entraînent, il est permis d'espérer que l'approche directe d'une pensée qui va dans l'image à la façon dont le rêve cherche a chance d'éclairer, tant soit peu, ce que s'interdit d'envisager l'historien, qui n'a pas droit d'être " subjectif ". Cet essai considère que les " peintures noires ", préparées par les coups de sonde des Caprices dans les soubassements du désir humain - désir de possession, mais aussi désir d'être, de donner sens - et décidées au moment de l'Autoportrait avec le Docteur Arrieta, sont un des moments absolus de l'art d'Occident: soit par la violence de leur mise en question de la représentation, de la prétention des images; soit, plus encore, par la hardiesse démesurée de leur réflexion morale et de leur proposition à ce plan.

 

177 pages

Editeur : William Blake And Co (15 mai 2006)

 

 

Michel Foucault

Surveiller et punir

Depuis le Siècle des lumières, les progrès de la raison et de la science auraient contribué à l'émancipation de l'humanité. Michel Foucault récuse ce lieu commun : il conçoit la modernité comme l'âge des sociétés disciplinaires, l'âge des prisons où, à l'instar de l'école et de l'armée, on enferme pour redresser.

Les sciences de l'Homme (sociologie, psychologie, psychiatrie) elles-mêmes constituent l'instrument privilégié de ce nouveau pouvoir disciplinaire. L'homme devient objet de science pour être mieux assujetti. Derrière le désir désintéressé de savoir, Foucault décèle une volonté de pouvoir. Si le projet d'un Descartes à l'âge classique était de "nous rendre comme maître et possesseur de la nature" grâce aux progrès de la physique, l'ambition implicite des sciences humaines serait de nous rendre maître de l'homme.

L'analyse des techniques modernes d'assujettissement - notamment en prison, institution type où se révèle cette articulation savoir/pouvoir - est ici étayée par de nombreux documents d'archives qui confèrent à cet ouvrage un intérêt historique aussi bien que philosophique.

360 pages

Editeur : Gallimard (4 mai 1993)

Collection : Tel

Tag(s) : #Philosophie

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